Dans le (quasi) silence de la hiérarchie de l’Eglise, jusqu’à Rome (mais où est le Pape??) le gouvernement de Pedro Sànchez (PSOE) à travers une loi de la mémoire historique prétend adapter l’histoire à l’idéologie anti-franquiste. En attendant, les jours des Bénédictins de la Valle de los Caïdos sont comptés. La colère d’un prêtre de terrain en la personne de notre (vieille) connaissance, le Père Guadalix, alias le « don Camillo de la Sierra ». Et en Annexe, les précisions d’Andrea Zambrano (NBQ)

La république qui n’a jamais existé

Comme on pouvait s’y attendre le gouvernement socialo-communiste qui se cherche une raison d’être quelque chose (il n’est pas le seul en ce bas monde) dans une Espagne épuisée, n’a rien trouvé d’autres que de poursuivre sa persécution de la communauté bénédictine de la Vallée de « Los Caídos » et compte bien faire disparaître la croix qui domine le sanctuaire. Une annonce du gouvernement est tombée hier (approbation gouvernementale d’un avant-projet de loi de « mémoire démocratique »). Le père Jorge González Guadalix réagit…mais sans illusion.
(Carlota)

(VO , traduction de Carlota)
Les prévisions sont mauvaises. Ce que nous savons de la dernière sortie du non-gouvernement que nous endurons est un projet de loi de mémoire démocratique qui a comme objet « la reconnaissance de ceux qui ont subi la persécution ou la violence pour des raisons politiques, idéologiques, de conscience ou de croyance religieuse, d’orientation et identité sexuelle, durant la période comprise entre le coup d’État de 1936, la Guerre Civile et la Dictature franquiste jusqu’à la promulgation de la Constitution Espagnole de 1978 ». Je parie des douceurs de Sainte Thérèse (1) et une Bénédictine, que parmi ceux qui ont souffert de persécution religieuse, on ne trouvera pas les catholiques.

Nos jeunes et nos pas si jeunes que cela reçoivent constamment une version plus que manipulée de l’histoire contemporaine de l’Espagne selon laquelle ce pays était quelque chose comme un mélange de « Imagine » de Lennon (2)  avec « Viva la gente » (3) et qu’un jour, un général qui s’ennuyait, est arrivé et a fait un coup d’état pour se distraire. Et comme cela n’avait pas suffi à le distraire, il a passé quarante ans à fusiller de pauvres  innocents plein de bonne volonté.

Il est difficile de comprendre ce qui est arrivé si l’on omet avec toute la mauvaise foi du monde, ce que fut l’horreur de la Seconde République [espagnole]. Si nous avons eu un 18 juillet [1936; date du début du soulèvement militaire], c’est parce que nous avons eu un 14 avril [1931; proclamation de la IIe Rép] avec plus de coups montés que dans un film au scénario des plus tortueux, et les cinq ans qui suivirent de barbaries continues.

La gauche de ce pays appelé Espagne a beaucoup à cacher et à dissimuler. Elle est experte en mauvaise actions, assassinats, vols et tout ce qu’il faut. Elle est experte en sectarisme. Mauvaises actions par exemple pour mener la république alors que la droite avait gagné les élections municipales. Assassinats comme celui de Calvo Sotelo  [universitaire et juriste de tendance monarchiste assassiné le 13 juillet 1936] et celui de tant de prêtres et religieux, comme de catholiques pour le simple fait de l’être ;  vols comme celui de tout l’or de la Banque d’Espagne. Un sectarisme dissimulant systématiquement toutes ses exactions et entreprenant une claire persécution contre tout ce qui était catholique.

Jamais dans une guerre, un vainqueur n’a érigé un monument à toutes les victimes. Mais qu’importe. Aujourd’hui, il convient de désacraliser la Vallée de « Los Caídos », jeter les Bénédictins dehors et de démolir la croix et ils le feront [le texte gouvernement parle de faire un cimetière « civil »].

Peu à peu. Là avec la fable du COVID-19 on en a profité pour fermer les églises ou presque, suspendre toute expression externe de la foi et nous soumettre nous les catholiques, qui, en plus endurons tout ce que l’on jette sur nous, convaincus que nous sommes les coupables de tous les maux de ce monde et des autres planètes qui restent.

Ils vont supprimer la Fondation Francisco Franco. Ils ont bien tardé à le faire.  Ce n’est pas le cas de la fondation Pablo Iglesias (4), dont certains penserons que c’est en honneur du monsieur à la queue de cheval (5). Les statues de Franco ne peuvent pas exister. Celle de la Pasionaria (6), si. Aucune rue non plus pour Franco, bien qu’il y en ait pour Santiago Carrillo (7)

Nous nous sommes un petit peu plaints. Mais il ne s’est rien passé et il ne se passera rien. Quelques-uns disent quelle horreur que l’affaire de la Vallée et d’autres, bien peu, d’applaudir le P. Santiago Cantera [le prieur de la communauté bénédictine de la Sainte Croix de la Vallée]. Je considère comme déjà acquis que les bénédictins vont s’en aller et que la Vallée va devenir un musée des horreurs du franquisme, je me donne encore le bénéfice du doute en ce qui concerne la démolition de la croix, même si je suis plutôt enclin à penser qu’elle finira par disparaître.

Nous les catholiques, on va bien, merci.

Notes de traduction

(1)          Les fameuses « Yemas de Santa Teresa » (petites friandises qui sont évidemment originaires d’Avila)

(2)          Imagine  (1971) de John Lennon (1940-1980), un ex- des Beatles, chanson écrite après leur séparation. Je n’avais jamais essayé d’écouter les paroles et de les traduire, mais elles sont significatives … des « idiots utiles » au service d’un monde que l’on veut nous imposer aujourd’hui sous prétexte de… (traduction en français ici)

(3)          Nom espagnol d’un groupe de jeunes chanteurs et musiciens étatsuniens qui dans les années 1969-73, ont donné des représentations avec des chansons à la musique dynamique et aux paroles mièvres du genre, tout va bien, on s’aime tous. …

(4)          La Fondation Pablo Iglesias du nom de Pablo Iglesias Posse (1850-1925) est une institution culturelle espagnole destinée à divulguer la pensée socialiste. Elle a été créée en 1926 par différents membres de l’Union Générale des Travailleurs.

(5)          A ne pas confondre avec Pablo Iglesias Turrión né en 1978, qui arbore effectivement une queue de cheval, secrétaire général du parti « Podemos » (à rapprocher du parti « La France Insoumise ») et actuel deuxième vice-président du gouvernement le socialiste Pedro Sánchez.

(6)          Dolores Ibárruri Gómez, dite la « Pasionaría » (1895- Madrid 1989), passa à l’action militante dès les grandes grèves de 1915, en Espagne, figure de la gauche espagnole sous la République, réfugiée en URSS entre 1939 et 1977, Secrétaire générale du PC esp. entre 1942 et 1960.

(7)          Santiago Carrillo (1915-2012), secrétaire général du PC esp. De 1960 à 1982. Il est considéré (enfin pas par certains) comme responsable en novembre 1936 de milliers d’assassinés politiques (dont 123 déclarés depuis, bienheureux par l’Eglise Catholique) à Paracuellos de Jarama (à 25 km au nord est de Madrid).


Annexe

L’Espagne totalitaire efface le franquisme et chasse les moines

Andrea Zambrano
La NBQ
23 septembre 2020
Ma traduction

Le gouvernement donne le feu vert à la loi de la mémoire historique qui – avec des tons orwelliens -, institue une « pédagogie démocratique » en adaptant l’histoire à l’idéologie anti-franquiste. Une attaque contre le christianisme, avec l’expulsion des moines du sanctuaire-mausolée et la réduction du temple à un cimetière civil. « C’est de la barbarie, les évêques doivent intervenir », dénonce l’Observatoire de la liberté religieuse.

Les dés sont jetés et désormais pour le sanctuaire-mausolée de la Valle de los caidos à Madrid, le sort est vraiment entre les mains d’une partie d’échecsà laquelle l l’Eglise ne peut se soustraire. L’adversaire est déterminé à aller de l’avant: un gouvernement laïque et anticlérical qui déteste la foi catholique au point d’en effacer tous les symboles.

Sur le projet de loi du gouvernement espagnol, une promesse électorale partagée à 100% par le Premier ministre Sanchez avec son partenaire gouvernemental Pablo Iglesias, c’est aux évêques d’intervenir et avec eux le Vatican et ce, non seulement parce que la Basilique est pontificale, mais aussi en raison de la très haute valeur symbolique du lieu.
Qui, avant tout, n’est pas la célébration du franquisme, mais un lieu de réconciliation où toutes les victimes de la guerre civile sont réunies et « nivelées » dans un unique mémorial.

Et pourtant, le destin du sanctuaire fait partie intégrante de la nouvelle loi sur la mémoire historique qui révise la précédente de Zapatero et – si possible – durcit encore plus les comptes avec l’histoire. En la réécrivant littéralement, exactement ce que dans « 1984 » le Ministère de la Vérité, faisait faire par le Département des archives, pour modifier, amender ou supprimer des nouvelles qui avaient déjà été publiées mais qui n’étaient pas les bienvenues pour Big Brother afin de pouvoir raconter une autre histoire.

Il y a beaucoup plus ici que le fantasme prophétique d’Orwell. Il y a une haine systématique, avant tout de l’Espagne envers son passé. « Celui qui contrôle le présent contrôle le passé et celui qui contrôle le passé contrôle l’avenir », fait écho aux avertissements du Socing [« Socialisme anglais« ), tout simplement « Le Parti », dans le chef-d’œuvre d’Orwell.

Et à Madrid, la même chose se produit : la nouvelle loi sur la mémoire historique proscrit de fait le franquisme et toutes ses dérivations culturelles. Après le feu vert de l’exécutif, la loi devra passer par le Conseil d’État. En attendant, la loi et ses 66 articles pourraient entrer en vigueur dans les six premiers mois de 2021.

La nouvelle réforme introduit des mesures dignes des meilleurs systèmes totalitaires : tout d’abord, une véritable pédagogie anti-franquiste qui devra changer les livres d’histoire comme l’ont réclamé avec insistance les délégués de l’ONU. La Fondation qui porte aujourd’hui le nom de Franco, lequel, avant d’être un dictateur fut le véritable pacificateur d’une Espagne ensanglantée où les gens mouraient pour leur foi, subira de nombreux redimensionnements après la perte des contributions publiques. Faire des excuses publiques pour le franquisme pourrait coûter jusqu’à 10 000 euros d’amendes, tandis qu’un bureau spécial du procureur sera chargé de rechercher les combattants républicains déclarés desaparecidos.

Prévues, également, des mesures visant à annuler les peines prononcées par les tribunaux franquistes, tandis que les entreprises qui – 70 ans plus tard – ont utilisé des détenus pour le travail forcé seront mises à l’index. Et précisément à propos du travail forcé des détenus pour la construction de la Valle, on ne dit jamais que le programme de travail a permis une réduction des peines que les détenus ayant commis des crimes très graves pendant la guerre civile acceptaient volontiers afin d’obtenir des conditions de détention plus douces et la fin de la détention. Et beaucoup d’entre eux, même après avoir purgé leur peine, sont restés volontairement au mausolée pour finir de le construire.

Mais le point le plus critique sera précisément le sort des moines bénédictins et l’avenir du sanctuaire-mausolée. Le monument va subir un imposant travail de « resignification » : il devra perdre les deux caractéristiques qu’il possède actuellement, celle d’un lieu sacré et d’un sanctuaire funéraire pour toutes les victimes. 33 800 victimes, mais la Valle devra devenir un lieu de « mémoire et de pédagogie démocratique ». Telle est la formulation terrifiante, digne du pire maoïsme de la novlangue dominante.

Les bénédictins seront chassés parce que leur présence – a déclaré la vice-premier ministre Carmen Calvo – « est incompatible avec notre objectif. Sans les Bénédictins (qui dépendent de l’abbaye française de Solesmes) et sans la caractéristique d’un lieu de culte, il ne restera que la grande croix surplombant le mausolée, et peut-être même pas cela, même si pour le moment le gouvernement a précisé que le sujet n’est pas sur la table.

Après l’annonce du gouvernement en Espagne, les protestations ne manquent pas. Du côté catholique aussi, où l’on commence à reconnaître que la loi de la mémoire historique est un énorme problème de christianophobie. Maria Garcia, présidente de l’Observatoire sur la liberté religieuse en Espagne déclare à la NBQ: « Avec cette loi, le gouvernement oublie que pendant la guerre civile, il y avait deux factions opposées et que de nombreuses personnes sont mortes martyres pour leur foi », explique-t-il, « elles aussi doivent être reconnues et rappelées. Nous devons avoir le courage d’affirmer que de 1936 à 1929, l’une des persécutions religieuses les plus sanglantes du XXe siècle a eu lieu en Espagne ».

Maria Garcia a également lancé un appel à l’Église : « L’idée de transformer la vallée en cimetière civil est une authentique barbarie. C’est aussi une attaque contre les moines bénédictins qui ont la basilique sous leur garde. La Conférence épiscopale espagnole doit défendre cette Église catholique ».

Pour l’instant, les évêques espagnols se sont limités à un profil bas. Certains évêques sont intervenus de manière isolée, mais sans faire trop d’histoires.

C’est le cas de Carlos Osoro, archevêque de Madrid, qui a demandé que la vallée continue à être un « lieu où la fraternité, la réconciliation et la paix peuvent être restaurées ». Même le président de la CEE, la Conférence épiscopale espagnole, Juan José Omella, a déclaré lors d’une émission de radio que ce « sujet n’est plus un sujet de préoccupation pour les Espagnols, qui s’inquiètent de devoir sortir de la pandémie et continuer leur travail » et que « les bénédictins – même s’ils ont pu faire des serreurs – , sont là pour prier et faire le bien », a-t-il répété, ce qui soulève également des doutes quant au succès de l’opération du point de vue juridique.

En fait, selon plusieurs juristes, le gouvernement n’aurait pas le pouvoir de désacraliser la Valle de los Caìdos car il devrait d’abord faire cesser la Fondation de la Sainte-Croix de la Vallée et ensuite, s’il réussissait à faire partir les bénédictins, il ne réussirait pas à en faire un lieu profane. Le complexe en effet – selon Luis Felipe Utrera-Molina, avocat de la famille Franco – resterait une Église et passerait sous le contrôle de l’archevêché de Madrid. C’est pourquoi, en dernier recours, la décision revient au Vatican et le bras de fer est destiné à se déplacer vers Rome

Céder, c’est remettre au second plan le droit de l’Eglise d’exercer son action évangélisatrice qui s’exerce encore sous la grande croix. Seul le prieur du couvent, le combatif Père Santiago Cantera, pas plus tard que le 14 septembre dernier, lors de la messe pour l’exaltation de la Sainte Croix, a regardé la grande croix et a invité les frères à souffrir : « Si nous devons subir l’humiliation et le mépris, réjouissons-nous d’imiter le Christ humilié et méprisé : nous affronterons l’adversité et l’incertitude avec un regard surnaturel, en regardant justement la croix du Christ ».

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