Il faut à tout prix justifier les mesures prises par le gouvernement, surtout au moment où le premier ministre s’apprête à annoncer aux Français un nouveau tour de vis, justifié, nous dit-on, par le seuil symbolique des 30 000 nouveaux cas/jour franchi pour la première fois il y a une semaine (attention, je ne suis pas « négationniste » comme on m’en a fait le reproche, je m’interroge). Sur l’insoupçonnable LCI, le docteur Martin Blachier en personne, épidémiologiste très médiatique qui écume les plateaux télé pour répandre la bonne parole disait sa surprise le 16 octobre dernier. Curieux (au minimum!), surtout venant d’une telle source.

Plus de 30.000 nouveaux cas en 24 heures : « On se demande s’il n’y a pas un bug avec les données »

Pour la première fois en Europe, le seuil symbolique des 30.000 nouveaux cas en 24 heures a été franchi jeudi soir en France. Sur LCI, l’épidémiologiste Martin Blachier a reconnu être « très surpris » par l’explosion soudaine des contaminations quotidiennes observée depuis le début du mois d’octobre.

Le 9 octobre dernier, le cap des 20.000 contaminations quotidiennes avait été dépassé. Moins d’une semaine plus tard, plus de 30.000 nouveaux cas en 24 heures, chiffre record en Europe, ont été recensés dans l’Hexagone, selon les données publiées jeudi 15 octobre par Santé publique France. Au premier coup d’œil, cette explosion soudaine des nouvelles infections, plus ou moins graves selon les formes, témoigne d’une accélération de l’épidémie alors que le gouvernement a instauré un couvre-feu, qui doit entrer en vigueur ce vendredi à minuit en Île-de-France et dans huit métropoles afin d’endiguer la propagation du virus.
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Mais, chez les experts, ces données interrogent. « Cela fait trois jours qu’on fait travailler nos équipes sur ces chiffres parce qu’on est très très très surpris », a reconnu sur LCI le Dr Martin Blachier ce vendredi 16 octobre. « Depuis début octobre, on a un phénomène très particulier qui concerne l’intégralité des régions et des départements de France. On a un espèce d’explosion du nombre de cas, et c’est très difficile à expliquer. Ce n’est pas mis en corrélation avec le nombre de nouvelles visites aux urgences. On a écrit à Santé publique France de manière indirecte pour leur demander des précisions. On commence à se demander, je vous le dis en toute franchise, on a regardé sous toutes les coutures, si ces chiffres sont réels. C’est très étrange ce qu’il se passe. »
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Pour l’épidémiologiste, les chiffres sont « totalement décorrélés de toutes les autres courbes » avec une explosion dans des territoires différents. « On retrouve le même phénomène sur tous les départements, ça concerne toutes les classes d’âge. Il y a un phénomène systémique dans ces données qui est très particulier. (…) On se demande s’il n’y a pas tout simplement un problème, un bug, avec ces données », a-t-il avoué. « On se pose des questions depuis une à deux semaines sur ces chiffres là. Je ne dis pas qu’ils sont à remettre en question. On observe quelque chose de bizarre, on est en train de les étudier. Il faut les regarder à deux fois. Ce sont ces chiffres qui ont un peu affolé tout le monde. »
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« On entend partout les gens à hôpital dire qu’ils s’attendent à une avalanche de patients sur la base de ces chiffres-là. On verra si ça se vérifie », a poursuivi le spécialiste en Santé publique, qui envisage deux explications. « Soit on a une explosion de la circulation virale depuis quinze jours sur tout le territoire, alors qu’il semblait qu’elle était hétérogène, soit il y a vraiment un bug dans les données depuis début octobre. Ça arrive parfois, et là il est particulièrement important de vérifier ces données. »
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https://www.lci.fr
16 octobre 2020
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