Riccardo Cascioli revient sur les récentes nominations de cardinaux annoncés par François dimanche dernier. Et en particulier sur un fait passé (volontairement?) sous les radars des médias, mais qui est sans doute l’une des clés de lecture du Pontificat: parmi les « heureux élus », des personnalités très en pointe dans la lutte pour la cause LGBT. Dont l’afro-américain (ainsi que le présentent les médias), très anti-Trump, Wilton Gregory. Et le très ambigu Marcello Semeraro, sorte de clone de Vincenzo Paglia, caricature du clerc-courtisan carriériste -nommé par un Pape qui rejette ostensiblement avec horreur toute tentation de carriérisme et de cléricalisme! Décidément, la sortie concomitante du documentaire « Francesco » n’est pas le fruit du hasard.

Le Pape honore de sa visite la fête pour le 70ème anniversaire de Marcello Semararo

Semeraro & Co, le lobby gay à la conquête de Saint-Pierre

Riccardo Cascioli
La NBQ
29 octobre 2020
Ma traduction

Cela fait un peu pitié de voir dans les journaux et les réseaux sociaux italiens [et pas que!], des prélats et des laïcs se donner du mal pour expliquer – contre toute évidence – que le pape n’avait pas l’intention de soutenir les unions homosexuelles avec ses déclarations dans le désormais célèbre docufilm « Francesco » présenté à Rome la semaine dernière. Le silence éloquent des médias du Vatican et du porte-parole du Pape, lequel n’a pas voulu démentir l’interprétation pro-unions-civiles qui a fait le tour du monde en quelques minutes, n’a pas suffi ; il n’a même pas suffi de reconstruire la position passée sur cette question (et que l’évêque argentin Aguer confirme aujourd’hui à la Bussola, ayant été un témoin direct), ce qui montre comment l’opinion du pape François coïncide exactement avec celle de ceux qui, en Italie aussi, ont favorisé la loi sur les unions civiles (et ont fait tout leur possible pour boycotter les Journées de la famille).

Pour ceux qui ne veulent pas voir, même les preuves ne sont pas suffisantes. En attendant, le pape François, insensible au tollé qu’il a soulevé, a immédiatement posé une autre pierre importante pour la cause gay, avec la nomination des nouveaux cardinaux. Au moins trois d’entre eux (sur 13) sont clairement favorables non seulement à la reconnaissance juridique des unions civiles, mais aussi à la normalisation complète de l’homosexualité ; et surtout ils se dépensent largement pour la cause LGBT dans l’Église.

Le plus important d’entre eux est certainement l’Italien Marcello Semeraro, qui a fait d’Albano la capitale italienne du mouvement catho-gay. Il accueille chaque année le « Forum des chrétiens LGBT italiens », dont le but est précisément de faire accepter pleinement l’homosexualité – et non les personnes à tendance homosexuelle – dans l’Église, avec un changement du catéchisme et une relecture de la Sainte Écriture à la sauce arc-en-ciel. Il n’est donc pas étonnant que, dès qu’il a reçu la nomination à la pourpre, Semeraro ait soutenu, en se référant à l’interview du Pape, les raisons des unions civiles. D’ailleurs, le livre de Don Aristide Fumagalli, sorte de Père James Martin version italienne (« L’amore possibile – Persone omosessuali e morale cristiana« ), dont Mgr Semeraro a signé la préface, venait tout juste de sortir.
De plus, déjà à l’occasion de la Journée de la famille en janvier 2016, Semeraro a ouvertement soutenu la reconnaissance des unions civiles, tout en excluant les adoptions pour les couples homosexuels.

Par conséquent, ce n’est pas tant la position de Semeraro, cohérente avec son histoire, que sa rapide carrière ecclésiale qui est surprenante. Nommé évêque d’Oria en 1998 par Jean-Paul II, il a été promu en 2004 dans le diocèse d’Albano malgré des rumeurs malveillantes sur sa relation avec un prêtre. Mais c’est avec l’élection du pape François que son action au Vatican a pris une ampleur considérable : le pape le connaissait bien car il avait travaillé à ses côtés lors du Synode de 2001. En avril 2013, il a donc été immédiatement appelé à agir comme secrétaire du Conseil des cardinaux, formé pour aider le pape François dans le plan de réforme de la Curie du Vatican. Et maintenant, en dix jours, il est d’abord nommé préfet de la Congrégation pour la cause des saints, en remplacement du cardinal Angelo Becciu, tombé en disgrâce entre-temps, puis cardinal.

Dans une longue interview publiée le 2 janvier 2018 dans le Nuovo Quotidiano di Puglia, Mgr Semeraro raconte son étroite amitié avec le pape François, qui quelques jours plus tôt lui avait fait la surprise de se présenter à sa fête d’anniversaire (il avait eu 70 ans). Et pour l’occasion, il aborde également le thème des divorcés remariés, confirmant ainsi le discours du pape François sur ce sujet. Selon Semeraro, « si les divorcés veulent se remarier, c’est même une bonne chose : cela signifie qu’ils n’ont pas perdu la foi dans le mariage. Et puis aujourd’hui l’Eglise est très attentive à l’aspect subjectif de la question, elle doit être évaluée au cas par cas. Les temps changent ». Oui, les temps changent, et c’est pourquoi la « Nouvelle Eglise » est également prête à renier Saint Paul et toutes les Ecritures qui sont plus que claires sur l’homosexualité.

Sur la même longueur d’onde se trouve l’archevêque de Washington, Wilton Gregory, le premier évêque afro-américain des États-Unis, qui a affirmé il y a tout juste un an – en réponse à une interview – que « les catholiques transsexuels appartiennent au cœur de l’Église ». Auparavant, en tant qu’évêque d’Atlanta, Gregory avait ouvert la cathédrale à des rencontres avec des familles comptant des membres LGBT et avait exprimé son soutien total au père James Martin et à Monseigneur Henry Gracz, tous deux très actifs dans la promotion de l’agenda LGBT dans l’Eglise
En 2014, Mgr Gregory a également nommé un diacre comme assistant spirituel de la communauté LGBT diocésaine, et a fait une sévère autocritique de l’Église à l’égard des personnes LGBT.

Le troisième néo-cardinal ouvertement gay-friendly est le Maltais Mario Grech, dont l’activisme pro-gay est apparu clairement lors du premier Synode sur la famille en 2014, lorsqu’il a invité les autres pères de synode à utiliser un langage plus sensible envers les gays et les lesbiennes. Grech s’est également prononcé publiquement en faveur des unions civiles et des couples de même sexe ; dans une interview accordée en 2015, il a déclaré qu' »outre le mariage », il existe « différentes formes de relations ».

Peut-être n’ont-ils pas été choisis comme cardinaux exclusivement pour leur activisme pro-gay, mais il est certain qu’une présence aussi lourde en matière d’homosexualité ne pouvait pas passer inaperçue. Tout comme il est certain que la présence homosexuelle catholique au sein du Sacré Collège est considérablement renforcée.
Le site web américain New Ways Ministry, point de référence de la lutte catho-gay, félicitant le pape pour le choix des trois mentionnés ci-dessus, liste les noms de 11 autres cardinaux considérés comme pro-Lgbt au sein du Sacré Collège, tous nommés par le pape François : Blase Cupich, Joseph Tobin, Kevin Farrell, Jozef de Kesel, Vincent Nichols, Matteo Zuppi, Jean-Claude Hollerich, José Tolentino Medonca, John Atcherly Dew, Dominique Mamberti et le père Michael Czerny, SJ.

Il faut dire que si ces derniers ont depuis longtemps pris des positions publiques sur la question de l’homosexualité et des unions civiles, il est probable qu’au sein du Collège des Cardinaux il y ait d’autres « sympathisants », qui sont restés jusqu’à présent dans l’ombre : cela signifie que le poids du lobby gay dans le prochain conclave se fera beaucoup sentir.

Il ne reste plus aux fidèles qu’à prier pour que le Christ reprenne rapidement le contrôle de la barque.

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