A aucun moment il n’est question d’islam, ou d’islamistes, mais par contre « de la joyeuse expérience de fraternité dans le multiculturalisme« . Il faut oser! En plus de l’allusion déplacée à la fraternité, ce refus obstiné d’appeler les choses par leur nom renvoie inévitablement à François qui en tant qu’évêque de Rome est aussi primat d’Italie et à ce titre contrôle étroitement la CEI. Du reste, le tweet de @pontifex, le jour du drame, est de la même veine (et les évêques français n’ont pas fait beaucoup mieux).

Le tweet du Pape

Le communiqué de la CEI

La présidence de la CEI exprime sa tristesse et sa proximité aux victimes du cruel attentat de Nice et à leurs familles, aux Pasteurs et aux fidèles de la France. Elle exprime, en même temps, sa plus ferme condamnation de la culture de la haine et du fondamentalisme qui utilise l’alibi religieux pour corroder le tissu social par la violence. Elle fait bloc dans la prière avec la communauté catholique française, frappée une fois de plus par des actes criminels et insensés, dans l’espoir évangélique que la haine de quelques-uns ne dissipera pas le précieux patrimoine constitué par une grande majorité de personnes de religions différentes qui, chaque jour, témoignent dans la paix de la joyeuse expérience de fraternité dans le multiculturalisme.

Note de la CEI sur Nice. Politicards funambules vêtus en prêtres

Marco Tosatti reproduit la lette ouverte qu’un essayiste catholique, Luca del Pozzo, a envoyé au quotidien « Libero » pour témoigner son incompréhension. Marco Tosatti commente: « Nous en partageons chaque mot, en ajoutant notre dégoût du rejet de la réalité de la vérité, et de son expression par ces politiciens habillés en prêtres. « 

Je regrette de voir comment l’église italienne (et pas seulement) a fourni hier de nouvelles preuves inadmissibles de funambulisme lexical, une discipline dans laquelle elle a atteint depuis quelque temps des niveaux d’excellence inégalés. Pour tenter de condamner un nouvel acte de terrorisme islamiste, dont la férocité a touché manifestement et symboliquement trois catholiques, la présidence des évêques italiens n’a pas pu faire mieux que de rédiger un petit communiqué où en un peu plus de 700 caractères il n’y a pas la moindre trace de ce qui a caractérisé le massacre de Nice.

Pas un mot, un indice, même une faible référence. Zéro. Le mot « islam » ou l’adjectif « islamiste » sont tout simplement absents.

Si l’on ne savait pas ce qui s’est passé, en lisant la note de la CEI, on pourrait penser tout et le contraire de tout. Y compris que c’est un fondamentaliste chrétien qui a commis l’horrible massacre (car les fondamentalistes existent aussi parmi les chrétiens, non ?).

Ce n’est qu’en continuant à faire semblant de ne pas voir ce qui est sous les yeux de tous (y compris de ces mêmes musulmans qui ont parlé d’un « abominable attentat terroriste ») que l’on peut parler d’une « culture de la haine et du fondamentalisme qui utilise l’alibi religieux » non précisé ainsi que d’une communauté catholique française « frappée par un acte criminel et insensé » qui, nous le répétons, dit de cette façon ne veut absolument rien dire
Comprenons-nous bien.

Ce n’était pas la première et ce ne sera pas la dernière fois que nous devrons assister à de telles représentations qui ne font que confirmer une attitude consolidée de sujétion culturelle mal dissimulée et injustifiée de l’Église italienne, qui plus est, pour l’ouverture évangélique à l’écoute et au dialogue. Comme si appeler les choses par leur nom était synonyme d’intolérance. Mais il n’y a pas lieu de s’étonner. D’autant plus si l’on écrit des documents, comme la récente encyclique « Fratelli tutti« , où, à la suite d’une relecture extravagante des sources franciscaines, on en est venu à parler de « soumission » comme d’une attitude conseillée par saint François « même envers ceux qui ne partageaient pas leur foi ». C’est un fait.

Luca Del Pozzo

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