Un pavé de 450 pages qu’on nous enjoint de lire en entier (c’est une plaisanterie?). Sans surprise, Mgr Vigano (qui va publier prochainement une réponse détaillée) est mis en cause. Par ailleurs, selon Riccardo Cascioli, le rapport soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Il refuse d’affronter le vrai problème, celui des « mafias lavande » au sein du clergé, et dédouane pratiquement l’homosexualité, ravalée au rang de péché véniel lorsqu’il s’agit d’actes entre adultes consentants. Bref, malgré les annonces tonitruantes, on n’est pas près d’en sortir, et surtout, on ne fait rien pour cela.

Image de 2015

McCarrick, le lobby gay marque un nouveau point en sa faveur

Riccardo Cascioli
La NBQ
11 novembre 2020
Ma traduction

Le rapport McCarrick révèle une grande tolérance à l’égard de la pratique homosexuelle du clergé, qui n’est une faute que si les victimes sont mineures. Et il ignore que l’affaire McCarrick n’est que la partie émergée de l’iceberg d’un système de pouvoir contrôlé par le lobby gay.

Qu’il s’agisse d’une opération-vérité, comme cela a été annoncé, ou d’une « opération surréaliste de mystification », comme l’a immédiatement appelé l’archevêque Carlo Maria Viganò (*), il ne fait aucun doute que le rapport McCarrick présenté hier au Vatican ne manquera pas de soulever plus de questions qu’il n’apporte de réponses.

En attendant d’autres éclairages spécifiques sur le cas de l’ex-cardinal archevêque de Washington, Theodore McCarrick, deux questions nous sautent aux yeux, toutes deux liées à l’homosexualité : la première est la tolérance de la pratique homosexuelle, même dans le clergé ; la seconde est la dissimulation de l’existence d’un lobby gay et d’un système qui favorise la « carrière » des ecclésiastiques tendance.

Pour ce qui concerne le premier point, bien que le rapport révèle la figure d’un prédateur en série, McCarrick, la grande réaction n’éclate qu’en 2017, avec le premier rapport d’abus sur mineur. Et cela est bien souligné dans plusieurs points du rapport, mais ce sont aussi les données sur lesquelles le directeur de la communication du Vatican Andrea Tornielli insiste dans sa présentation éditoriale du rapport, publié sur le portail Vatican News.
Après des années de rumeurs, de lettres anonymes et d’accusations « sans fondement » mais faisant référence à « un comportement immoral avec des adultes » – explique Tornielli – « tout change avec l’émergence de la première accusation d’abus sur mineurs. La réponse est immédiate. La mesure très grave et sans précédent de révocation de l’état clérical intervient à l’issue d’un procès canonique rapide ».

En pratique, on nous dit que « les comportements immoraux avec des adultes » ne sont certes pas une bonne chose, mais en fin de compte ils sont tolérés; la véritable alarme, celle qui prévoit même de lourdes peines, ne se déclenche que quand la personne abusée est mineure. Comme si les dizaines et dizaines de futurs prêtres qui ont partagé un lit avec McCarrick, et donc été largement condamnés à une vie sacerdotale au minimum déséquilibrée, ne comptaient pas pour beaucoup. Comme si la dévastation de la morale et de la foi causée par un évêque prédateur – vocations perdues, prêtres qui à leur tour répéteront les abus, nominations épiscopales déformées par des liens morbides – était un problème mineur. Certes, les voix insistantes ont déconseillé la promotion de McCarrick à des sièges prestigieux, mais le couperet ne tombe que lorsqu’un mineur apparaît parmi les accusateurs.
C’est une approche très grave qui ignore par ailleurs le fait que le deuxième crime – l’abus de mineurs – est fils du premier.

Quant au second aspect, la reconstitution de l’affaire McCarrick accrédite l’idée qu’il s’agit effectivement d’une page noire pour l’Églis, mais de toute façon d’un épisode qui, grâce à toutes les mesures prises notamment par le pape François, sera plus difficile à reproduire. « Une triste histoire dont toute l’Eglise a tiré les leçons », dit Tornielli.

On en doute, surtout parce qu’on a délibérément ignoré que ce qui a permis l’irrésistible ascension de McCarrick était un système de pouvoir autrement appelé le lobby gay, qui favorise la nomination et la carrière d’évêques ayant certaines caractéristiques. À la lecture du rapport publié hier, on pourrait penser que l’affaire McCarrick est le résultat d’une combinaison malheureuse de différents facteurs : la personnalité exubérante (pour ne pas dire plus) du personnage, l’absence de règles claires, le caractère générique des accusations, l’erreur de bonne foi d’un pape, la faiblesse d’un autre. Bien sûr, ce sont aussi des éléments qui ont eu leur poids, mais le vrai problème est que sans l’existence d’un réseau de relations et de complicité à différents niveaux, certaines carrières seraient presque impossibles.

Et ce réseau n’a pas seulement fonctionné pour McCarrick, il y a même des éléments qui suggèrent qu’il s’est renforcé ces dernières années. Rappelons le cas du Chili en 2018, avec le pape François qui a dû se rendre à l’évidence non sans avoir disqualifié les victimes qui accusaient les évêques et les prêtres abuseurs. Rappelons également la mystérieuse « cachette » au Vatican offerte à l’évêque argentin Zanchetta. Rappelons les accusations qui pèsent sur le cardinal hondurien Oscar Rodriguez Maradiaga, coordinateur du groupe de travail des cardinaux qui assistent le pape François pour la réforme de la Curie (« que des calomnies », a dit le pape l’année dernière), et dont l’évêque auxiliaire Juan José Pineda a dû démissionner en juillet 2018 pour harcèlement sexuel au séminaire. Et rappelons aussi les « voix » qui, depuis ses Pouilles natales, accompagnent l’ascension rapide du nouveau cardinal Marcello Semeraro, qui a fait d’Albano la capitale italienne des chrétiens LGBT. Et pour en revenir à McCarrick, n’oublions pas que plusieurs évêques américains ont été nommés précisément grâce au parrainage de l’ancien cardinal.

Et on pourrait continuer. Non, il n’y a pas vraiment de signe que l’Eglise a tiré les leçons de l’affaire McCarrick, il y a plutôt le sentiment que l’on en fait payer un pour pouvoir continuer tranquillement avec les autres. Et en attendant, faire avancer l’idée que pour un prêtre, avoir des tendances homosexuelles n’est pas un problème.

Ndt

(*) Voici la première réaction de Mgr Vigano, telle qu’elle est publiée sur le site d’AMV

Hier, 10 novembre, le rapport officiel du Saint-Siège sur l’affaire McCarrick a été rendu public: avant de m’exprimer à ce sujet, je me réserve d’en analyser le contenu.
.
Je ne peux cependant pas ne pas noter l’opération surréaliste de mystification concernant la responsabilité de la dissimulation des scandales du cardinal américain déposé, et en même temps je ne peux pas ne pas exprimer mon indignation de voir les mêmes accusations de dissimulation dirigées contre moi, alors que j’ai dénoncé à maintes reprises l’inaction du Saint-Siège face à la gravité des accusations concernant la conduite de McCarrick.
.
Un commentateur sans préjugés pourrait noter les temps plus que suspects de la publication, ainsi que la tentative de discréditer ma personne, accusée de désobéissance et de négligence par les gens qui ont tout intérêt à délégitimer ceux qui ont mis en lumière un réseau sans précédent de corruption et d’immoralité. L’impudence et le caractère frauduleux démontrés à cette occasion auraient demandé, à ce stade, d’appeler cette reconstitution évocatrice des faits « Rapport Viganò », épargnant au lecteur la désagréable surprise de voir la réalité une fois de plus falsifiée. Mais cela aurait exigé une honnêteté intellectuelle, avant même l’amour de la justice et de la vérité.
.
Contrairement à de nombreuses personnes impliquées dans cette histoire, je n’ai aucune raison de craindre que la vérité ne contredise mes dénonciations, et je ne suis en aucun cas victime de chantage. Ceux qui lancent des accusations infondées dans le seul but de détourner l’attention du public seront amèrement surpris de constater que l’opération menée contre moi n’aura d’autre effet que de donner une preuve supplémentaire de la corruption et de la mauvaise foi de ceux qui, pendant trop longtemps, se sont tus, ont nié, ont détourné le regard et doivent aujourd’hui en rendre compte.

La fiction vaticane continue.

.

+ Carlo Maria Viganò, archevêque

*

https://www.aldomariavalli.it/2020/11/11/caso-mccarrick-dopo-luscita-del-rapporto-vaticano-vigano-commenta-mistificazioni-e-falsita-la-fiction-continua/
Mots Clés : ,
Share This