Il a accordé une interview à Raymond Arroyo d’EWTN pour réfuter de façon circonstanciée ce qui est affirmé dans le Rapport diffusé par le Vatican sur l’affaire McCarrick. Il répond point par point aux accusations formulées contre lui dans le rapport, et reprises haineusement par le cercle des défenseurs habituels de François. Et, en plus de relever que le rapport rejette misérablement la faute sur les deux prédécesseurs de François (l’un mort, l’autre âgé et affaibli) qui ne risquent pas de se défendre, il souligne le réseau de complicités qui unissait l’ex-cardinal au clan Clinton, et les liens avec la « mafia de Saint-Gall.

Vigano: le rapport vatican sur McCarrick? Une farce grotesque

Votre Excellence, le rapport affirme que vous « ne vous êtes pas présenté » pour exposer des preuves dans le cadre de cette enquête du Vatican : vous a-t-on demandé de fournir des informations ? Quelqu’un vous a-t-il contacté?

Je suis surpris de découvrir qu’un rapport dans lequel je suis mentionné 306 fois m’accuse de ne pas m’être présenté pour témoigner dans le cadre de cette enquête du Vatican sur Theodore McCarrick. Mais selon la norme du droit canonique, la convocation des témoins est de la responsabilité de celui qui est en charge du procès, sur la base des preuves recueillies dans la phase d’enquête.

Ma première intervention sur McCarrick, que j’ai faite en tant que délégué des représentations pontificales à la Secrétairerie d’État, remonte au 6 décembre 2006, à la suite d’un rapport du nonce de l’époque aux États-Unis, l’archevêque Pietro Sambi. Par la suite, en 2008, j’ai présenté un deuxième mémorandum qui faisait état de faits d’une telle gravité et d’une telle précision qu’il m’a amené à recommander que McCarrick soit déposé comme cardinal et qu’il soit réduit à l’état laïc. Mon témoignage d’août 2018 est connu de tous, ainsi que mes déclarations ultérieures.

Il est totalement incompréhensible et anormal qu’il n’ait pas été jugé opportun de me demander de témoigner, mais il est encore plus inquiétant que cette omission délibérée ait ensuite été utilisée contre moi. Et que l’on ne me dise pas que je m’étais rendu introuvable : la Secrétairerie d’État dispose de mon adresse électronique personnelle, qui est toujours active.

D’autre part, tout comme je n’ai pas été consulté pour la rédaction du rapport McCarrick, de même en 2012, les trois cardinaux que Benoît XVI a chargés de l’enquête sur Vatileaks 1, ne m’ont pas appelé à témoigner, alors que j’étais aussi personnellement impliqué. C’est seulement après ma demande explicite que le cardinal Julian Herranz, le chef de la Commission, m’a permis de faire une déposition, avec ces mots : « Si vous voulez vraiment… ! »

Par ailleurs, il me semble également significatif que James Grein, la seule victime des agressions sexuelles de McCarrick qui ait eu le courage de le dénoncer publiquement, ne figure pas dans le Rapport, et qu’il n’y ait aucune trace de son témoignage, dans lequel il aurait également rapporté le voyage qu’il a fait avec McCarrick à Saint-Gall à la fin des années 1950.

D’après les déclarations publiques de James Grein, il est clair que le début de l’ascension de McCarrick – il était alors un jeune prêtre nouvellement ordonné – a coïncidé avec cette visite en Suisse, dans un monastère qui fut plus tard le lieu des réunions des conspirateurs de la soi-disant « mafia de Saint-Gall ». Selon les déclarations du défunt cardinal Godfried Danneels, ce groupe de prélats a décidé de soutenir l’élection de Bergoglio tant après la mort de Jean-Paul II que pendant le conclave qui a suivi la démission controversée de Benoît XVI.

Je rappelle que lors d’une conférence à l’université de Villanova le 11 octobre 2013, le cardinal McCarrick a admis avoir soutenu l’élection du cardinal Bergoglio au début des congrégations générales avant le conclave qui s’était tenu quelques mois plus tôt [en mars 2013].

Je me demande quel genre de fiabilité peut avoir un organe judiciaire qui a un conflit d’intérêts aussi évident en raison de sa relation passée avec l’accusé. Comment Bergoglio et la Secrétairerie d’État qui dépend de lui peuvent-ils prétendre à l’impartialité alors que McCarrick s’est rendu au Vatican avec une fréquence anormale, alors qu’en juin 2013 il a été chargé [par Bergoglio] de faire un voyage diplomatique en Chine ? Et comment ne pas penser que leurs tentatives répétées de dissimulation et de négation de leurs responsabilités sont à l’origine de l’effort systématique visant à me discréditer en tant que témoin, afin de ne pas mettre en lumière la complicité et les connivences qui existent entre eux et McCarrick lui-même?

Le Pape, selon le rapport, maintient que vous ne l’avez pas informé des activités ou des restrictions de McCarrick en juin 2013. Votre réponse ?

Cette déclaration est absolument fausse. Tout d’abord, c’est Bergoglio lui-même, le 23 juin 2013, qui m’a explicitement demandé mon avis sur McCarrick. Comme j’en ai témoigné dans mon Mémoire de 2018 :

Je lui ai répondu en toute franchise […] : « Saint-Père, je ne sais pas si vous connaissez le cardinal McCarrick, mais si vous demandez à la Congrégation pour les évêques, il y a un dossier aussi épais sur lui. Il a corrompu des générations de séminaristes et de prêtres et le Pape Benoît lui a ordonné de se retirer pour une vie de prière et de pénitence ». Le pape n’a pas fait le moindre commentaire sur ces paroles très graves et n’a pas montré d’expression de surprise sur son visage, comme s’il était déjà au courant depuis un certain temps, et il a immédiatement changé de sujet. Mais alors, quel était le but du Pape en me posant cette question : « Comment est le cardinal McCarrick ? » Il voulait clairement savoir si j’étais un allié de McCarrick ou non.

Il convient de noter que j’avais appris par McCarrick lui-même que Bergoglio l’avait reçu quatre jours avant mon audience et que Bergoglio l’avait autorisé à se rendre en Chine. À quoi bon me demander mon avis, alors que Bergoglio tenait déjà McCarrick en haute estime ?

Entre-temps, McCarrick est venu tranquillement à Rome, a reçu des missions du Vatican, y compris officielles, et a poursuivi ses activités comme si de rien n’était. En mai 2014, j’ai appris par le Washington Times un voyage effectué par McCarrick en République centrafricaine pour le compte du Département d’État (le secrétaire d’État était alors John Kerry): ce voyage est également mentionné dans le Rapport. Il s’agit de 2014. Pourtant, dès 2008, Benoît XVI avait ordonné au cardinal américain de se retirer dans une vie privée, de ne pas célébrer ou assister à des événements publics, et de ne pas faire de voyages.

Pour cette raison, étant donné la façon dont McCarrick était traité, j’ai demandé au cardinal Parolin si les sanctions contre McCarrick devaient encore être considérées comme valables. Mais je n’ai reçu aucune réponse.

À ce moment-là, ayant fait mon rapport au Pape en personne et n’ayant reçu aucune réponse du secrétaire d’État, que pouvais-je encore faire ? À qui pouvais-je faire appel ?

Le rapport m’apprend que les affectations et les voyages continus de Mgr McCarrick à l’étranger ont été considérés par l’archevêque Wuerl et même par le nonce Sambi (décédé en 2011) comme une « forme suffisante de renvoi » (cf. note 1013 du rapport). Et je reste sincèrement choqué d’apprendre cela dans le Rapport :

…les indications n’étaient pas des « sanctions » ; elles n’ont pas été imposées par le pape Benoît XVI ; il n’a jamais été interdit à McCarrick de célébrer la messe en public ; il n’a pas été interdit à McCarrick de donner des conférences ; le cardinal Re n’a pas imposé à McCarrick « l’obligation » de se consacrer à une vie de prière et de pénitence ; et McCarrick est resté libre de mener des activités, y compris de voyager, avec l’autorisation du Saint-Siège, y compris du Nonce (cf. note 1006).

Si tel est le cas, cela signifie que, malgré la conduite répréhensible du cardinal, le Saint-Siège n’a pas jugé opportun de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre de McCarrick, ce qui confirme ma dénonciation de la corruption de la Curie.

Le rapport se donne beaucoup de mal pour tenter de vous dépeindre comme laxiste dans l’enquête sur les allégations du Prêtre 3 (il effleure le fait que c’est vous qui avez fait part de ces préoccupations au Saint-Siège en premier lieu). Avez-vous évité de vous mettre « en position de vérifier la crédibilité du Prêtre 3 » ?

Il est évident que mon rôle a été de mettre au jour les scandales de McCarrick, et que j’ai toujours pris des mesures pour rapporter au Saint-Siège toute information en ma possession. Je rappelle que nous parlons de 2012, alors que je venais d’être nommé Nonce aux États-Unis.

Dans le rapport, je suis accusé de ne pas avoir donné suite à la demande d’informations concernant les accusations portées par le « Prêtre 3 » contre McCarrick. C’est absolument faux ! Ce sont les auteurs du Rapport eux-mêmes qui fournissent les preuves de la tromperie qu’ils ont concoctée pour me frapper et me discréditer. En fait, à un autre endroit du rapport, il est dit que le 13 juin 2013, j’ai écrit au cardinal Ouellet, lui envoyant à la fois la lettre que l’évêque Bootkoski m’avait écrite et la lettre envoyée au « Prêtre 3« . Je l’ai informé que l’affaire civile du « Prêtre 3 » avait été rejetée sans possibilité d’appel. L’évêque Bootkoski a qualifié les accusations du « Prêtre 3 » de fausses et calomnieuses.

Je voudrais souligner un aspect en particulier. Ceux qui m’accusent de ne pas avoir envoyé de communication écrite à l’évêque Bootkoski, Ordinaire du « Prêtre 3 » et évêque de Metuchen, savent très bien que cela dépend des directives précises de la Secrétairerie d’État. Et ils savent tout aussi bien – comme le confirme le rapport – qu’il y a eu une communication téléphonique entre Mgr Bootkoski et moi, dont j’ai à mon tour informé le cardinal Ouellet.

Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, il y avait des avocats qui ne se contentaient pas de traduire les diocèses en justice pour des crimes commis par des prêtres, mais qui voulaient démontrer que le Saint-Siège lui-même – comme le siège d’une société multinationale – était responsable en dernier ressort de l’indemnisation des victimes d’abus. L’avocat Jeffrey Lena en sait quelque chose, lui qui a réussi, dans deux procès distincts, à empêcher que la responsabilité de la dissimulation des abus ne retombe sur le pape Benoît XVI.

Et que pensez-vous du rapport qui attribue à Jean-Paul II et à Benoît XVI la part du lion dans la responsabilité de l’ascension de McCarrick et de sa place dans l’Eglise ?

Les intentions de celui qui a rédigé le rapport sont claires : transmettre la responsabilité des promotions de McCarrick à ses prédécesseurs, dont l’un est décédé et canonisé (Jean-Paul II), l’autre est âgé et faible (Benoît XVI). Le premier ne peut se défendre de la tombe, tandis que le second est trop doux pour désavouer ouvertement son successeur en le traitant de menteur et en le discréditant, ainsi que la fonction qu’il occupe. Ce qui est troublant, c’est qu’à l’intérieur même du rapport – manifestement élaboré par de nombreuses mains – il y a de nombreuses contradictions, suffisamment pour que les arguments avancés soient peu crédibles.

Je me demande alors : qui a convaincu Jean-Paul II et Benoît XVI de ne pas prendre en compte les graves accusations portées contre McCarrick ? Qui avait intérêt à ce que McCarrick soit promu, afin qu’il puisse obtenir un avantage en termes de pouvoir et d’argent ?

Quelqu’un a probablement fait croire à Jean-Paul II que les accusations contre McCarrick étaient fabriquées de toutes pièces, sur le modèle des opérations de discrédit que la Pologne communiste avait déjà menées contre de bons évêques et prêtres qui s’opposaient au régime.

Dans le cas de Jean-Paul II, le principal parti intéressé par la promotion de McCarrick était sans aucun doute le cardinal Sodano. Il a été secrétaire d’État jusqu’en septembre 2006 : toutes les informations lui sont parvenues. En novembre 2000, le nonce Montalvo lui a envoyé son rapport et les accusations de graves abus commis par McCarrick.

N’oublions pas qu’à cette époque a éclaté le scandale du père Maciel, que Sodano a cherché à couvrir en falsifiant une déclaration de Benoît XVI, dans laquelle il était dit que le pape considérait l’affaire comme close. Benoît XVI a convoqué une session plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et le cardinal Arinze a réussi à faire condamner Maciel, malgré l’opposition du secrétaire d’État.

Le nom du cardinal Sodano apparaît également en relation avec une scandaleuse spéculation immobilière. En 2003, le neveu du cardinal, l’ingénieur Andrea Sodano, avec des lettres de recommandation de son oncle le secrétaire d’État et en sa qualité de consultant pour le groupe immobilier Follieri (dans certains documents officiels, il est également indiqué comme vice-président du groupe), a acquis des biens immobiliers à des prix défiant toute concurrence auprès de diocèses américains condamnés pour compenser les dommages causés par des affaires civiles d’abus sexuels, obtenant ainsi un énorme avantage économique pour lui-même au détriment de l’Église. Raffaello Follieri, le propriétaire du groupe, a été condamné pour fraude et blanchiment d’argent, précisément en raison de transactions imprudentes dans la vente de ces propriétés. Il va sans dire que Follieri avait une relation étroite avec la Clinton Global Initiative et avec la famille Clinton, ainsi qu’avec le parti démocrate : « L’ancien président et la sénatrice Hillary sont nos amis », se vantait Follieri.

Les mêmes liens, les mêmes complicités, les mêmes connaissances reviennent toujours : McCarrick, Clinton, Biden, les démocrates et les modernistes, ainsi qu’un cortège d’homosexuels et d’abuseurs qui n’est pas sans importance.

En ce qui concerne Benoît XVI, ceux qui avaient un accès direct et quotidien au Pape étaient la secrétaire d’État Bertone et le substitut Sandri, qui pouvaient contrôler et filtrer les informations sur McCarrick et exercer une pression sur le Saint-Père.

Une fois de plus, le rapport parle de lui-même. Celui qui a présenté la question directement au pape Benoît XVI était le cardinal Bertone, qui, contrairement à ce que j’avais proposé à plusieurs reprises – à savoir que les accusations très graves et détaillées contre McCarrick nécessitaient un procès canonique exemplaire menant à son retrait du Collège des cardinaux et à sa réduction à l’état laïque – a amené le pape Benoît à décider qu’aucun procès canonique ne devrait être entrepris ni aucune sanction canonique prescrite, mais qu’au contraire « un simple appel à la conscience et à l’esprit ecclésial de McCarrick » serait fait.

Et là encore, une contradiction flagrante apparaît évidente : comment est-il possible de concilier un simple appel à la conscience avec les instructions formelles qui ont été données au nonce Sambi et à moi-même, selon lesquelles McCarrick ne pouvait pas résider dans le séminaire où il vivait, ne pouvait pas participer à des activités publiques, ne pouvait pas voyager et devait mener une vie de prière et de pénitence à la retraite ?

La corruption des plus hauts niveaux du Vatican est si évidente qu’elle conduit à considérer le Rapport comme une tentative indigne de faire apparaître Bergoglio comme absolument étranger aux manipulations de la Curie, voire comme une sorte de persécuteur implacable des corrompus, alors que les faits démontrent le contraire. Je dirais que Bergoglio est à la Deep Church comme Biden est au Deep State…

Je voudrais également noter que le fait de reprocher à Jean-Paul II la nomination de McCarrick malgré l’avis négatif de la Congrégation des évêques et de son préfet, le cardinal Re, pourrait s’appliquer également à Jorge Mario Bergoglio lui-même, au sujet duquel le supérieur général des jésuites a émis de fortes réserves. Si Wojtyla a commis une erreur avec McCarrick et est pour cette raison considéré comme implicitement responsable des scandales qui se sont produits, qu’est-ce qui empêche que ce jugement soit également étendu à la promotion de Bergoglio comme archevêque de Buenos Aires et ensuite comme cardinal ? Rappelons que dans le Consistoire de 2001, outre McCarrick et Bergoglio, d’autres membres importants de la mafia de Saint-Gall ont reçu le chapeau rouge…

Y a-t-il autre chose?

En conclusion, je voudrais citer un article récent de Riccardo Cascioli, faisant mien son jugement lucide:

Bien que le rapport révèle la figure d’un prédateur en série, McCarrick, la grande réaction n’éclate qu’en 2017, avec le premier rapport d’abus sur mineur. […] En pratique, on nous dit que « les comportements immoraux avec des adultes » ne sont certes pas une bonne chose, mais en fin de compte ils sont tolérés; la véritable alarme, celle qui prévoit même de lourdes peines, ne se déclenche que quand la personne abusée est mineure. Comme si les dizaines et dizaines de futurs prêtres qui ont partagé un lit avec McCarrick, et donc été largement condamnés à une vie sacerdotale au minimum déséquilibrée, ne comptaient pas pour beaucoup. Comme si la dévastation de la morale et de la foi causée par un évêque prédateur – vocations perdues, prêtres qui à leur tour répéteront les abus, nominations épiscopales déformées par des liens pathologiques – était un problème mineur.
[…]On a délibérément ignoré que ce qui a permis l’irrésistible ascension de McCarrick était un système de pouvoir autrement appelé le lobby gay, qui favorise la nomination et la carrière d’évêques ayant certaines caractéristiques[…]
Non, il n’y a pas vraiment de signe que l’Eglise a tiré les leçons de l’affaire McCarrick, il y a plutôt le sentiment que l’on en fait payer un pour pouvoir continuer tranquillement avec les autres. Et en attendant, faire avancer l’idée que pour un prêtre, avoir des tendances homosexuelles n’est pas un problème.

*

https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2020/11/11/le-rapport-mccarrick-vient-de-sortir/

Dans cette farce grotesque, désormais recouverte d’un faux semblant de légalisme, on n’hésite pas à traîner toute l’Église dans la boue – son prestige devant le monde, son autorité sur les fidèles – afin de sauver l’image désormais compromise de prélats corrompus, indignes et dépravés. Je me limite à observer que même aujourd’hui, au Vatican, Bergoglio s’entoure encore d’homosexuels notoires et de personnes à la réputation gravement compromise. C’est le désaveu le plus flagrant de l’œuvre prétendument moralisatrice de Bergoglio.

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