Les chiffres quotidiens de la mortalité par Covid sont biaisés par l’incertitude sur les causes réelles de décès. Mais ils servent à alimenter la panique qui permet aux gouvernements d’imposer des régimes dits d’urgence avec le relatif consensus des populations.

Morts du Covid, ce qui se cache derrière les chiffres de la peur

Eugenio Capozzi
La NBQ
4 décembre 2020
Ma traduction

Il est désormais clair que sur les chiffres quotidiens de la mortalité par Covid pèse énormément l’incertitude quant aux causes réelles de décès pour ceux qui sont d’une manière ou d’une autre positifs au prélèvement. Mais ces chiffres sont utilisés pour imposer des régimes d’urgence, qui à leur tour alimentent la panique pour conserver le consensus.

Depuis de nombreux mois, un spectre rôde sur Italie affligée par la pandémie du Covid : celui des critères de calcul des morts du virus.

La situation à cet égard est vraiment paradoxale. Depuis longtemps, y compris de la part des autorités sanitaires, on admet que sont considérées comme mortes du Covid les personnes qui ont été positives au test par écouvillon même si elles étaient affectées d’autres pathologies, bien qu’on n’ait aucune certitude que l’infection virale en question était la cause réelle des décès. Or, non seulement cette admission explicite ne conduit pas les autorités à réviser les critères de comptage afin d’offrir des chiffres plus fiables, mais au contraire, ces chiffres opaques sont utilisés sans scrupules par le gouvernement, le comité technico-scientifique et les grands médias comme principal moyen pour alarmer l’opinion publique et justifier l’adoption de mesures restrictives généralisées sur les activités économiques et les libertés individuelles des citoyens : comme cela se produit pour la énième fois en ce moment même.

En juin dernier déjà, un rapport de l’Istituto Superiore di Sanità (Institut Supérieur de la Santé) précisait que pour déclarer un décès dû au Covid, quatre facteurs devaient être présents : un résultat positif du prélèvement, un tableau clinique compatible avec le virus, « l’absence d’une cause claire de décès autre que le Covid » et « l’absence d’une période d’hospitalisation clinique » entre la maladie et le décès. En pratique, si une personne était positive pour le prélèvement, avait de la fièvre ou d’autres symptômes également typiques du virus et qu’il n’était pas certain qu’elle soit morte d’autre chose, même si elle souffrait d’autres maladies graves (cancer, maladies cardio-vasculaires, autres infections), elle pouvait être automatiquement classée, à la discrétion des professionnels de la santé, comme morte du Covid.

Et il ne fait aucun doute que les décès ont été, depuis lors, dénombrés en fonction de ces mailles incroyablement larges. C’est ce que démontrent les données récemment fournies par les régions de Lombardie et du Piémont, selon lesquelles seulement 10% des morts classés comme Covid proviennent des soins intensifs. Cela signifie que tous les autres sont étiquetés comme tels parce qu’ils ont été testés positifs au moment de leur admission ou après leur décès, et que leur décès n’a pas été causé par le virus mais par d’autres facteurs.

L’ambiguïté du nombre de victimes, et donc l’extrême manipulabilité de ce nombre, n’est pas seulement italienne, mais commune aux autres pays d’Europe occidentale, où un véritable cercle vicieux s’est depuis longtemps établi entre le « récit » alarmiste et emphatisé de l’épidémie de Covid et les politiques désormais connues sous le nom de « lockdown« .

En Italie, en France, au Royaume-Uni, en Belgique, en Espagne (ainsi que dans certains États de la côte est des États-Unis), le virus a eu, entre février et mai, un impact en termes de mortalité et de létalité beaucoup plus important que dans le reste du monde : surtout parce que le Covid attaque avec une force particulière les personnes très âgées affaiblies par d’autres maladies liées à l’âge ; et non seulement les populations de ces pays sont parmi les plus âgées du monde, mais plus souvent, en raison de la désintégration des familles, leurs anciens sont hébergées dans des établissements communautaires tels que des hospices.

À cela s’ajoute le fait que dans la phase initiale de l’épidémie, les gouvernements de ces pays ont suivi servilement les indications de l’OMS, qui se sont révélées par la suite totalement erronées, telles que la limitation du dépistage diagnostique aux patients symptomatiques, provoquant ainsi une dichotomie entre les malades abandonnés chez eux sans même un diagnostic et les malades hospitalisés de manière désordonnée, avec une véritable explosion des cas parmi les sujets chez qui le virus faisait justement le plus de dégâts.

La panique produite par les pics de mortalité marqués au printemps a été le moteur fondamental qui a poussé ces gouvernements à adopter la « distanciation sociale » comme principale mesure de lutte contre le virus : non seulement la suspension de l’enseignement dans les écoles et les manifestations de masse, mais un véritable confinement étendu à l’ensemble de la société, ne laissant fonctionner que les activités essentielles. Dans la phase suivante, toutefois, les régimes d’exception établis à partir de l’adoption de ces mesures – qui ont fait qu’en Italie on en est arrivé à la prolongation répétée d’un état d’urgence déjà non prévu par la Constitution – ont commencé à s’auto-alimenter et à se préserver grâce au « récit » catastrophiste : véhiculant la thèse d’une menace pandémique constante prête à réexploser, puis identifiée avec la « deuxième vague » automnale tant de fois annoncée, et indiquant la fin de la menace seulement dans l’arrivée du vaccin, évoquée avec des tons eschatologico-millénaristes.

En résumé, la panique a alimenté les régimes d’urgence, et à leur tour, les régimes d’urgence, pour se justifier et maintenir le consensus, ont alimenté la panique.

À cette fin, on a utilisé sans scrupules tant les résultats des prélèvements (avec une assimilation indue des positifs, en réalité presque tous asymptomatiques, et des malades), que le nombre d’hospitalisations (gonflé énormément par l’admission de positifs pauci-somatiques qui auraient pu être beaucoup mieux suivis à domicile) et, enfin, le nombre de décès, fournis sans les spécifications nécessaires, mais en fait construits selon les critères très larges exposés ci-dessus.

La preuve en est que depuis qu’avec la saison d’automne, les contagions ont nettement augmenté dans toute l’Europe, il y a eu une différence considérable dans le nombre de victimes entre les États euro-occidentaux cités plus haut et le reste du continent ; ou, pour être plus précis, entre les États qui ont continué à adopter des politiques de lockdown et ceux qui ont refusé de le faire, en favorisant certaines restrictions mais en maintenant en grande partie la normalité de la vie économique et sociale (les pays scandinaves et slaves en premier lieu, mais aussi, dans différentes proportions, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la Belgique, la Hollande). Alors que dans le premier cas, le taux de létalité, bien que beaucoup plus bas qu’au printemps, s’élève souvent à des niveaux supérieurs à 1%, dans le second, il reste très bas, tendant souvent davantage vers des millièmes que vers des centièmes.

Il est donc clair que chez ces derniers, le calcul se fait avec des critères beaucoup plus restrictifs et sélectifs. Dans ce cas, il faut conclure que les lockdows sont le résultat d’une campagne manipulatoire de désinformation. Et si ce n’était pas le cas, cela voudrait dire que la gestion de la lutte contre l’infection, dans le premier groupe de nations, est si inefficace qu’elle cause beaucoup plus de morts, et que par conséquent les politiques de lockdowns sont complètement erronées.

Dans les deux éventualités, les politiques d’urgence sanitaires apparaissent sans équivoque comme une mauvaise réponse : soit intentionnellement, soit par faute.

Mots Clés :
Share This