Paolo Gulisano, médecin que nous connaissons bien comme consultant médical, compétent, informé et surtout chrétien, de La Bussola, a aussi d’autres centres d’intérêt, comme en témoigne son blog. Ici, il décrit de façon saisissante l’impression « terrible » qu’il a ressentie en visitant la crèche du Dôme de Turin. Une crèche dont les personnages, portant le masque sanitaire, sont le symbole de la soumission servile de l’Eglise au pouvoir civil et à l’autoritarisme (pour user d’un euphémisme) sanitaire que nous subissons.

La crèche avec masques. Quelle triste parodie!

Paolo Gulisano
(AM Valli)
7 décembre 2020
Ma traduction

C’est le temps de l’Avent. C’est le temps de la crèche. Ces dernières années, nous nous sommes beaucoup préoccupés – et à juste titre – de l’interdiction des crèches, mais personnellement, j’ai toujours pensé qu’il y avait quelque chose de pire que l’absence de cette belle tradition du christianisme : j’ai toujours considéré la parodie de la crèche comme plus dangereuse.

Ces dernières années déjà, nous avons eu l’occasion de voir des crèches « actualisées », en quelque sorte, des colombes au lieu de figures classiques ; on y trouvait différents types d’humains : surtout des migrants, mais aussi des hommes nus, des sculpteurs, des footballeurs, des acteurs. Tout cela pour rendre la crèche plus moderne, plus imaginative et – dans l’intention des auteurs – plus sympathique.

La dernière tendance de cette mode est la crèche masquée. Nous avons vu les images de l’une d’entre elles, réaliséedans la cathédrale d’un important diocèse du nord de l’Italie. Toutes les figures de la crèche portent le masque chirurgical, de pratique et d’obligation, comme on le sait, selon la réglementation gouvernementale en vigueur.

Je dois dire que voir les bergers, les lavandières, les Rois Mages barbus avec la muselière sanitaire m’a fait une terrible impression, une impression de parodie honteuse de l’Événement qui s’est produit il y a deux mille ans à Bethléem.

La crèche masquée est avant tout anti-historique : aucune source ne mentionne que des masques en papier aient été portés à cette époque et dans ces lieux. Après des années durant lesquelles les écrivains bibliques et les exégètes nous ont expliqué que le chrétien adulte doit se conformer aux sources bibliques, la crèche sanitaire n’a aucun sens. Mais ici, on peut déjà imaginer la réplique quelque peu irritée des auteurs de ce spectacle : c’est un choix symbolique, pour rendre la crèche « contemporaine » et plus accessible aux visiteurs. Va pour la symbolique : mais que symbolise ce masque sur les visages ? La sécurité sanitaire, la soumission du bon citoyen aux règles de l’État. Mais est-ce cela que veut représenter la crèche depuis l’époque de Saint François d’Assise? Pas du tout. La crèche montre l’adoration des femmes et des hommes (et même des animaux) pour le Dieu qui s’est fait chair, qui est né d’une femme. Le Sauveur du monde. Une adoration pleine de joie et de gratitude. Adeste fideles, laeti triumphantes dit un célèbre chant de Noël anglais, écrit à l’époque des persécutions anti-catholiques par le pouvoir de la Couronne britannique.

Les personnages masqués de la néo-crèche pandémique ne montrent pas cette joie : ils ont la même apparence effrayée, conformiste, perdue, que tous les fidèles biocompatibles d’aujourd’hui, contrôlés à l’entrée par des miliciens en gilet jaune qui, s’ils pouvaient avoir un sens dans les grandes liturgies de masse sur les places, sont parfaitement inutiles – souvent ennuyeux avec leur pétulance et parfois leur arrogance – dans les messes à quarante personnes.

Que veut nous rappeler la crèche qui respecte les règles sanitaires en vigueur, avant la naissance de Notre Seigneur ? Que nous devons respecter les lois. Que nous devons nous conformer et donner notre consentement au nouvel ordre despotique. Et pour ce faire, on bâillonne symboliquement les femmes et les hommes d’il y a deux mille ans, qui n’ont jamais mis le masque, et ne l’auraient jamais mis même s’ils étaient soumis à un empire comme celui des Romains.

Nous disions que cette représentation de la Nativité est en réalité une parodie grotesque, que les fidèles doivent rejeter résolument, car plus diabolique que le mal est le bien apparent.

Une parodie est un renversement de la réalité, de ce qui s’est passé à Bethléem.

« Un mythe est devenu un Fait », a dit Tolkien à son ami Lewis, dans une tentative – par la suite réussie – de le convertir au christianisme. Un Fait, une réalité incontestable. Une réalité à laquelle le Mal tente désespérément de s’opposer. « Le diable est un imitateur de Dieu » a dit Tertullien, et l’expression « le diable est le singe de Dieu » sera plus tard présente chez de nombreux auteurs. Le diable singe le Créateur, veut se mettre à sa place, mais avec des résultats misérables et horribles.

Singer la crèche, avec le masque et l’obéissance au pouvoir civil plutôt qu’à l’adoration du Seigneur, en est un exemple. Un des pires.

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