L’encyclique écologiste Laudato si’, et surtout l’exhortation apostolique post-synodale Querida Amazonia, faisant suite à la scandaleuse exhibition de la pachamama, d’abord en présence du pape dans les jardins du Vatican puis dans la Basilique Saint-Pierre même, sont les authentiques « petits livres verts » (référence à la bible des gauchistes soixante-huitards) de François scellant définitivement le virage vert du sommet de l’Eglise, suivi servilement par une grande partie du clergé. AM Valli nous propose une recension d’un livre sorti récemment en Italie sous le titre explicite « Apostosia verde ».

Comme d’habitude, la probabilité qu’il soit traduit en français est infinitésimale, et comme d’habitude encore, il n’est pas nécessaire d’avoir lu le livre pour saisir la pertinence de ses analyses à travers les commentaires qui suivent.

Il est difficile de ne pas être d’accord avec l’analyse du professeur D’Amico lorsqu’il dit que l’instrumentum laboris du synode amazonien apparaît marqué par « une véritable fureur destructrice où la haine de l’Église est à peine dissimulée ». On le voit bien, par exemple, dans les points où le document demande que les sacrements soient rendus accessibles à tous en dépassant « la rigidité d’une discipline qui exclut et aliène », ainsi que lorsqu’il suggère de repenser la figure du prêtre, tant en ce qui concerne le célibat que le rôle des femmes.

De Laudato si’ au synode sur l’Amazonie:
l’écologisme du Pape François et la destruction de la foi chrétienne

Apostasie verte.

Ou comment détruire la foi et l’Eglise en utilisant l’idéologie écologique

Quand, le 4 octobre de l’année dernière, dans les jardins du Vatican, les leaders indigènes d’Amazonie ont offert des prières pour la Terre lors d’une étrange cérémonie en présence du pape, le Vatican a expliqué qu’il s’agissait d’une consécration à saint François du synode pan-amazonien, qui allait se tenir du 6 au 27 octobre. De nombreux catholiques du monde entier ont cependant été troublés, car la cérémonie semblait être caractérisée par le paganisme et le panthéisme. Sur une sorte de nappe étalée sur la pelouse, il y avait en effet la tristement célèbre pachamama, à l’époque de ses débuts sur la scène, et il y avait d’autres idoles que nous préférons passer sous silence. Et puis, lorsque la même pachamama fut introduite dans la basilique Saint-Pierre et qu’on pria devant elle en présence du pape, le choc et la consternation furent encore plus étendus et profonds. Jamais il n’était arrivé qu’une idole païenne soit amenée sur la tombe de Pierre et soit de fait vénérée. Un acte que beaucoup de catholiques considérèrent comme sacrilège, au point de demander une réparation qui, pourtant, n’est jamais venue.

Bien sûr, tous les catholiques du monde n’ont pas lu l’encyclique Laudato sì’ ni l’exhortation post-synodale Querida Amazonia, mais beaucoup ont vu les images des deux événements évoqués ci-dessus, et beaucoup ont éprouvé de la gêne, de la tristesse, de la stupéfaction.

Voilà un cas dans lequel le sensus fidei, présent chez tous les baptisés en vertu de l’action du Saint-Esprit, s’est clairement manifesté. Tout baptisé, même sans diplôme en théologie ou en tout cas sans préparation spécifique, possède en effet un instinct de la Vérité qui lui permet de distinguer la vraie doctrine et la pratique chrétienne authentique, en le mettant en garde contre les déviations et les profanations.

Il n’est donc pas surprenant que le « virage vert » du pape Bergoglio, marqué par Laudato sì’ et le synode panamazonien, ait reçu les applaudissements du monde entier, des intellectuels mainstream, des clercs à la page, de la nomenklatura politico-culturelle progressiste, archi-convaincue de sa supériorité par rapport à tout et à tous, mais qu’il ait laissé presque totalement indifférent le peuple catholique auquel le pape fait si souvent référence mais qu’il ne connaît peut-être pas si bien, puisque le peuple montre une préférence pour la foi de toujours par rapports aux sollicitations qui sentent l’idéologie.

Sainte indifférence, pourrait-on dire. Car si le « virage vert » avait été pris au sérieux, le peu ou le gros de la foi chrétienne encore en circulation aurait subi un coup mortel.

Pour en prendre conscience, on pourra lire Apostasia verde , l’essai dans lequel Matteo D’Amico(*), partant justement de Laudato sì’ et du synode sur l’Amazonie, examine l’écologisme du pape François, en arrivant à la conclusion qu’il configure en fait une nouvelle chrétienté et un nouvel évangile, mais nouveaux est une façon de parler, parce qu’en réalité ce sont ceux des technocrates (et des francs-maçons) que nous connaissons bien : « Une religion syncrétiste, panthéiste, totalement enfermée dans l’immanence du temps historique, pendant idéologique parfait du gouvernement mondial dont l’Église se fait coryphée et joyeuse annonciatrice, complètement vidée de toute référence même vague à une fin sotériologique ».

D’Amico ne mâche pas ses mots quand il rappelle que le Nouvel Ordre Mondial, pour se répandre et s’imposer, a besoin de l’Eglise. Mais pas la traditionnelle, pas l’Épouse du Christ. Il a besoin d’une Église défigurée et méconnaissable, qui ne sait que faire écho au récit oppressant imposé par des pouvoirs qui ont toujours été anti-chrétiens. Et Laudato sì‘, comme Querida Amazonia sont les « petits livres verts » de cette Église qui n’a plus besoin de l’Incarnation, qui ne prêche plus la conversion des âmes à notre Seigneur, qui ne parle plus de rédemption et de jugement de Dieu. Parce que tout ce qui compte, c’est l’ « ici-et-maintenant », la seule conversion nécessaire est celle à l’idéologie écologique dominante et la seule rédemption, toute humaine, est de suivre les nouveaux commandements du « respect de l’environnement », dont celui, néo-malthusien, qui prône la réduction drastique du nombre d’humains sur la planète.

On a dit plus haut que le bon croyant catholique, peut-être désorienté mais pas encore complètement dévié, ressent dans sa chair une odeur de brûlé sans équivoque lorsqu’on lui propose certaines images et qu’on l’incite à certaines conversions. Néanmoins, approfondir cette nouvelle religion organique au Nouvel Ordre Mondial est nécessaire, car l’opération doit être démasquée.

Ce que D’Amico appelle « les pleurnicheries écologiques du pape » néglige de se distancier des prétendues preuves scientifiques sur le changement climatique. Il les fait simplement siennes, et part de là pour esquisser une théologie sous la bannière de la primauté de la nature sur l‘homo faber et la civilisation. Le panthéisme suit de près, tout comme l’ouverture de crédit au gouvernement mondial unifié.

Et si Laudato sì’ prépare le terrain, dans Querida Amazonia, la semence écologique est semée à pleines mains. Ainsi, voilà la terre comme « lieu théologique », comme si un territoire donné pouvait devenir une source d’inspiration pour la doctrine. Et voici la culpabilisation du méchant Occident et l’exaltation des bons sauvages, avec des affirmations au parfum primitiviste qui auraient peut-être pu être prises au sérieux par les hippies des années soixante mais qui aujourd’hui semblent ridicules avant de paraître inquiétantes.

Il est évident que, sur cette base, l’Église n’est plus appelée à enseigner quoi que ce soit mais seulement à dialoguer, elle ne doit plus être maîtresse mais, au contraire disciple, car elle a besoin d’apprendre les nouveaux éléments de la révélation que Dieu fournit à travers certains territoires (les « périphéries ») et certaines catégories humaines (les « rejetés »).

Parmi les diverses manipulations effectuées par la théologie verte, il convient de signaler celle liée au terme inculturation : une véritable inversion, par laquelle l’Église n’est plus appelée à prêcher l’Évangile en utilisant des instruments adaptés à la culture à laquelle elle s’adresse, mais doit assumer les contenus de cette culture. Le tout exprimé de la manière ambiguë typique de Bergoglio, à base de « dépassement des positions rigides », d’ « ouverture des processus », d’être « Église sortante ».

Il est difficile de ne pas être d’accord avec l’analyse du professeur D’Amico lorsqu’il dit que l’instrumentum laboris du synode amazonien apparaît marqué par « une véritable fureur destructrice où la haine de l’Église est à peine dissimulée ». On le voit bien, par exemple, dans les points où le document demande que les sacrements soient rendus accessibles à tous en dépassant « la rigidité d’une discipline qui exclut et aliène », ainsi que lorsqu’il suggère de repenser la figure du prêtre, tant en ce qui concerne le célibat que le rôle des femmes.

Ce n’est pas un hasard si, dans le document préparatoire du synode, les références doctrinales et scripturales sont minimes, alors qu’il y a une profusion de références aux textes de Bergoglio, « dont on utilise sans pudeur le jargon, répétant comme un perroquet ses expressions typiques ».

« En conclusion », écrit D’Amico, « on ne peut s’empêcher de constater que l’ensemble du document Querida Amazonia, ainsi que les autres qui l’ont précédé lors du synode pour l’Amazonie, manifeste un abandon impressionnant de tout sentiment authentiquement catholique. Le naturalisme sévit sans retenue, aggravé par une adhésion acritique aux dogmes de l’idéologie écologiste. A la lumière de tout cela, « la catastrophe doctrinale, morale et liturgique actuelle, humainement parlant, ne peut qu’apparaître irréparable. Mais, grâce à Dieu, l’Église, le corps mystique du Christ, est entre les mains de Dieu, « qui déterminera le moment où son visage défiguré reviendra briller dans toute sa beauté surnaturelle ».

En attendant, ajoutons-nous, le fait que le sensus fidei des bons catholiques, malgré les efforts des clercs alignés, a déjà laissé tomber dans l’oubli la plupart des textes du « tournant vert » nous donne de l’espoir, confirmant que l’Esprit Saint ne nous abandonne pas.

Aldo Maria Valli

(*) Matteo D’Amico (Milan, 1964), professeur de philosophie, essayiste et conférencier. Ses études sur la crise de l’Eglise et les relations entre l’Eglise et la culture moderne sont parues dans les Actes de nombreuses conférences tenues en Italie et en France.

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