Reprise. Mais lire cela fait chaud au cœur. C’est la lettre que le petit Joseph Ratzinger, alors âgé de 7 ans, avait adressée à l’enfant Jésus, qui en cette nuit de Noël 1934 allait venir sur terre pour apporter la joie aux enfants – mais aussi des cadeaux! Qu’on est loin des banales lettres au Père Noël dont on nous rebat les oreilles depuis trois jours, et des listes de cadeaux choisis sur internet.

En septembre 2012, la maison de Pentling, que le professeur Ratzinger avait fait construire dans la banlieue de Ratisbonne au début des années 70 pour y habiter avec sa soeur Maria, était inaugurée comme centre de rencontres culturelles dédié au théologien et Pape. Mon amie Marie-Anne avait traduit pour nous le reportage du site de l’évêché:

Cette maison présente aux visiteurs non seulement l’éminent théologien mais aussi l’homme Joseph Aloys Ratzinger.
Il est déjà là tout entier dans la lettre que les enfants Ratzinger avaient adressée à l’Enfant Jésus qui allait naître à Noël 1934. C’est le premier document écrit par Joseph. Il montre déjà dans quelle direction se déroulera sa vie : Il demande au petit Jésus un Missel ! (bilingue, édité par des frères Schott)

A gauche la lettre de Maria

„Liebes Christkind!
Du schwebst bald auf die Erde hernieder. Du willst den Kindern Freude bereiten. Auch mir willst Du Freude bereiten. Ich wünsche mir den Volks-Schott, ein grünes Messkleid und ein Herz Jesu. Ich will immer brav sein.
Schönen Gruß von Joseph Ratzinger.“


«Cher enfant Jésus, bientôt tu descendras sur terre. Tu apporteras de la joie aux enfants. A moi aussi tu apporteras de la joie.
Je voudrais le Volks-Schott, un habit vert pour la messe et un Cœur de Jésus. Je serai toujours sage.
Sincères salutations de Joseph Ratzinger».

Angela Ambrogetti commentait à l’époque:

C’est le texte typique d’une petite lettre de Noël. Les enfants de tous les temps la laissent devant la crèche et attendent la nuit de Noël. Mais ce qui la rend spéciale, c’est qu’elle est signée Joseph Ratzinger et est datée de 1934.
Que désirait le petit Joseph de tout juste sept ans?
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«Je voudrais le Volks-Schott, un habit vert pour la messe et un Cœur de Jésus. Je serai toujours sage. Sincères salutations de Joseph Ratzinger».

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Cette lettre a été retrouvée lors des travaux de restucturation de la maison de Joseph Ratzinger à Pentling en Bavière, aujourd’hui transformée en un petit musée dédié au pape. Sa sœur Maria avait gardé la lettre vraiment inhabituelle pour un enfant de 7 ans. Le petit Joseph ne demandait pas de jouets ou de bonbons, qui étaient pourtant toujours devant la crèche de la famille Ratzinger pour les trois frères et soeur. Joseph demandait trois choses très spéciales.

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Le Schott  est l’un des premiers livres de prières, avec le missel en langue allemande et le texte en latin en vis-à-vis. A l’époque, en Allemagne, il y avait deux éditions, une pour adultes et une pour enfants. Et le petit Joseph, justement à travers ce petit livre, commença à aimer la liturgie, qui rythmait la vie de la famille. «Les livres que je recevais de temps en temps, écrit Benoît XVI dans sa biographie -étaient quelque chose de précieux, comme je ne pouvais en rêver de plus beau»

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Dans la lettre, il y avait trois requêtes. L’une en particulier nous laisse tout surpris: le petit Joseph demande un parement pour célébrer la messe.
En fait, les frères Ratzinger jouaient souvent à un jeu, le «jeu du prêtre», pour lequel leur maman leur préparait des vêtements. Son frère Georg l’a raconté il y a quelques années dans une interview pour « Inside the Vatican » (traduction benoit-et-moi.fr/2011-I):
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«On célébrait la messe et on avait de petites chasubles faites par la couturière de maman juste pour nous. Et à tour de rôle, nous étions le célébrant ou le servant de messe».
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Et puis un «Cœur de Jésus», une image du Sacré-Cœur auquel toute la famille portait une grande dévotion. Et le tout devant la crèche qui chaque année «augmentait de quelque figurine, et était toujours une grande joie. Nous allions avec papa dans les bois pour ramasser de la mousse de genévrier et des brindilles de sapin».

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Aujourd’hui, la touchante petite lettre est exposée pour la première fois dans la maison natale du pape à Marktl am Inn en Bavière. Dans l’écriture cursive caractéristique de l’époque appelée Sütterlinschrift, l’écolier, qui fréquentait la deuxième année (donc, CE1) expose les désirs de son cœur à l’Enfant Jésus. Il y a aussi les autres petites lettres des enfants. Georg, qui avait dix ans, voulait la partition d’une chanson et une chasuble blanche, tandis que Maria, qui était âgé de treize ans rêvait d’un livre plein d’images. Les lettres étaient toutes sur une seule feuille, parce que la famille Ratizinger n’était pas riche. La famille Ratzinger à l’époque, en 1934, vivait dans le cadre idyllique d’Aschau am Inn.

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«Le pape a été très heureux de découvrir la lettre et son contenu l’a fait sourire», a raconté son secrétaire Georg Gaenswein quand il a inauguré le petit musée à la fin de l’été: «Pour lui, l’odeur de mousse appartient toujours à Noël».

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