Après José Arturo Quarracino, qui a écrit à Marco Tosatti, c’est au tour d’un autre intellectuel argentin de s’exprimer: le professeur Rubén Peretó Rivas, dans un texte au vitriol envoyé à Aldo Maria Valli pointe directement la responsabilité du Pape à travers ses amis péronistes, qu’il a constamment soutenus et qui ont massivement voté en faveur de la légalisation de l’avortement, alors qu’il poursuit de sa vindicte « de classe » les conservateurs qui ont voté contre (comme pour les Etats-Unis, avec son parti-pris anti-Trump, devenu pro-Biden, lui aussi abortiste convaincu).

Ce qui s’est passé en Argentine aujourd’hui démontre, que le pape François est, au mieux, un politicien médiocre, incapable d’empêcher qu’une telle défaite écrasante soit infligée à l’Église et à lui-même. Et au pire, c’est un cynique qui se soucie peu ou pas du tout de l’adoption d’une loi criminelle .

L’avortement en Argentine et les amis du Pape François

Rubén Peretó Rivas (*)
30 décembre 2020
Ma traduction

Rubén Peretó Rivas

Aujourd’hui, la loi sur l’avortement, l’une des plus permissives au monde, a été approuvée en Argentine, l’autorisant même jusqu’au neuvième mois de grossesse, lorsque la « santé intégrale de la femme enceinte » est compromise.

Au-delà de toutes les considérations morales que nous connaissons, ce fut une défaite humiliante pour le pape François, puisque le fait s’est produit dans son pays et a été promu par le parti politique qu’il soutenait de toutes les manières possibles. Pire encore, ceux qui ont promu et voté pour le projet de loi étaient ses propres amis. Il ne s’agit pas d’une interprétation, mais de ce que dit le nombre de votes. 70 % des députés péronistes et 68 % des sénateurs de ce même parti ont voté en faveur du projet de loi. Le parti centriste, celui-là même que le pape François réprimande constamment et pour lequel il nourrit un profond ressentiment de classe, a voté largement contre le projet de loi dans les deux chambres. En bref, l’avortement légal en Argentine est l’œuvre des amis de Bergoglio.

Le président argentin, Alberto Fernández est l’homme qui a promu la loi et a personnellement et avec insistance fait pression sur plusieurs législateurs pour qu’ils modifient leur vote et permettent son adoption. C’est ce même président qui a été accueilli avec complaisance et un large sourire par le Souverain Pontife le 31 janvier 2020, celui-là même qui, ce jour-là, a assisté à la messe célébrée pour sa fête par l’archevêque Marcelo Sánchez Sorondo dans la crypte de la basilique du Vatican, où il s’est entretenu avec la concubine de Fernández, l’ancienne showgirl Fabiola Yañez. De nombreux législateurs dont les votes ont contribué à rendre l’avortement possible en Argentine ont eu et ont encore un accès libre à Sainte Marthe. Leurs photos d’accolades et de sourires avec le pape font périodiquement le tour de la presse du pays. Une fois de plus, les amis du pape François sont responsables de l’avortement en Argentine.

Ses autres amis, les évêques, ont exprimé aujourd’hui leur regret de l’adoption de cette loi, même si, curieusement, les raisons pour lesquelles ils la jugent injuste sont celles du magistère bergoglien. Dans une brève déclaration, truffé d’un langage désordonné de ‘genre‘ (« frères et sœurs », « Argentins et Argentines », « garçons et filles »), la Conférence épiscopale argentine déplore que la nouvelle loi va « accroître les divisions dans le pays ». La tragédie, pour les évêques, est que nous serons moins unis et que moins de ponts seront construits. Le fait que l’avortement soit le meurtre d’un être humain sans défense est un détail qui ne semble même pas digne d’intérêt.

Les évêques argentins, à la suite de la pandémie de coronavirus, ont ordonné qu’à toutes les messes, les fidèles reçoivent la Sainte Communion exclusivement dans la main. Beaucoup d’entre eux ont puni les prêtres qui respectaient le droit des catholiques qui préféraient le recevoir dans la bouche, et l’ont fait par des décrets solennels proclamant la suspension de leurs licences ministérielles. L’un d’entre eux, Mgr Eduardo Taussig, évêque de San Rafael, dans un excès de souci hygiéniste, a fermé son séminaire diocésain, le plus fréquenté pour les vocations de tout le pays, parce que les séminaristes refusaient de recevoir la Communion dans la main. Nous, catholiques argentins, nous nous demandons si nos évêques seront aussi stricts et clairs avec les législateurs qui ont adopté la loi, en les informant que la peine d’excommunication leur est tombée dessus et qu’ils ne peuvent pas s’approcher de la réception des sacrements.

Ce qui s’est passé en Argentine aujourd’hui met plusieurs choses au clair.

Premièrement, que le pape François est, au mieux, un politicien médiocre, incapable d’empêcher qu’une telle défaite écrasante soit infligée à l’Église et à lui-même. Et au pire, c’est un cynique qui se soucie peu ou pas du tout de l’adoption d’une loi criminelle .

Deuxièmement, le pontife démontre une fois de plus son incapacité à choisir ses amis. Alors qu’il s’oppose aux groupes politiques conservateurs, il se jette dans les bras des populistes qui finissent par légiférer sur l’avortement. Et cette maladresse ne se produit pas seulement dans la sphère politique. Dans la curie du Vatican elle-même, il a su s’entourer de personnages inutiles et de la pire des races morales : Battista Ricca, Gustavo Zanchetta, Edgar Peña Parra et Fabián Pedacchio sont un exemple complet de la prédilection particulière du pape pour les personnages aux faiblesses connues.

En outre, ce qui s’est passé à Buenos Aires montre une fois de plus que le péronisme est un parti politique ayant la morphologie de l’amibe, capable de s’adapter à toute circonstance susceptible de favoriser son maintien au pouvoir et l’augmentation de la richesse de ses dirigeants. Bergoglio n’a cessé de soutenir ce parti politique qui a pu compter sur son aide et son soutien pour remporter les élections de 2019. Je me demande si le pontife partagera avec eux la même morphologie zoologique.
Un vieux proverbe espagnol dit qu’ « il n’y a pas de mal qui n’apporte un bien ». (« No hay mal que por bien no venga» ). Le mal abyssal de l’avortement apportera aux Argentins un petit bénéfice : pendant les prochaines années, le pape François ne mettra pas les pieds dans sa patrie.

(*) Le Prof Rubén Peretó Rivas (1966-) est un philosophe et essayiste argentin catholique, spécialiste de philosophie médiévale.
Parmi ses nombreux titres académiques, il est Docteur en philosophie de la Pontificia Universitá S. Tommaso d´Aquino, Rome (Italie), Diplômé du Diplôme Européen d´Études Médiévales de la Fédération Internationale des Instituts d´Études Médiévales, Louvain (Belgique), Professeur ordinaire d’histoire de la philosophie médiévale à l’Université nationale de Cuyo, Mendoza (Argentine), Chercheur adjoint au Conseil national de la recherche scientifique et technologique (CONICET), Argentine, Professeur associé à l’Institut oriental de l’Université d’Oxford, Chercheur invité des universités d’Oxford (Royaume-Uni), Notre Dame (États-Unis) et Bonn (Allemagne), Directeur du Centre d’études philosophiques médiévales de la Faculté de philosophie et lettres de l’Université nationale de Cuyo.
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