Le Président de la République italienne, Sergio Mattarella, issu d’un démocratie chrétienne qui n’a de chrétien que le nom, a un rôle un peu plus important que celui d’ « inaugurer les chrysanthèmes », comme on aurait peut-être tendance à l’imaginer en France, où il est pratiquement inconnu. Présentant ses vœux au peuple italien jeudi soir, il a insisté sur le « devoir de se faire vacciner« . Un visiteur du blog d’AM Valli lui adresse une lettre ouverte, dans laquelle il lui rappelle tous les autres devoirs oubliés des gouvernants. Une liste qui est presque une photocopie de celle que les Français – qui vivent la même situation, à quelques détails techniques près – pourraient adresser à Emmanuel Macron. Vox populi

Dans une société où l’on reconnaît même le droit de mettre fin à sa propre vie – lire: l’euthanasie – et celui de l’avortement – lire: le droit de tuer un être humain innocent dans le ventre de sa mère – n’y a-t-il vraiment pas de place pour un droit aussi petit et modeste que celui de NE PAS se faire vacciner?

Sergio Mattarella présente ses vœux aux Italiens

Le devoir de se faire vacciner et tous les autres devoirs oubliés

Cher Président Mattarella,

Je n’ai pas écouté votre discours de fin d’année dans son intégralité. Mais j’ai entendu, de la part de certaines connaissances et ensuite de certains médias, que vous avez dit, entre autres choses, que « la vaccination est un devoir moral » et que vous remplirez ce devoir dès que possible. Je me réjouis de votre sollicitude et de votre sens élevé du devoir civique. En entendant ces mots, je me suis dit : Dieu merci, pour une fois, après la litanie asphyxiante de droits sans fin, enfin, on parle de devoirs. Un souffle de soulagement !

Mais le soulagement a été de courte durée. A bien y réfléchir, il y a quelque chose qui ne va pas, dans votre appel. Qui établit ou a établi, comme onzième commandement, le « devoir de se faire vacciner » ? En admettant par hypothèse (à démontrer), que ce devoir existe dans ce cas spécifique, ceux qui en auraient été les sujets auraient aussi quelque chose à dire sur les devoirs des autres « sujets » (cette fois dans le sens d’acteurs libres de leurs actions).

Peut-être serait-il bon de rappeler aux entreprises pharmaceutiques, qui ont été si rapides et si diligentes à fabriquer ces vaccins, qu’elles ont le devoir moral et scientifique de publier intégralement les résultats de leurs expériences, que nous attendons toujours ; le devoir, aussi, d’attendre quelques années avant de mettre en circulation des produits d’un genre absolument nouveau dont les effets à long terme ne sont pas connus. La FDA (l’équivalent américain de notre AIFA [agence italienne du médicament]) a déclaré qu’il faudrait environ vingt ans pour savoir exactement quels et combien d’effets inattendus à long terme certains de ces vaccins pourraient avoir. En attendant, on se limite à nous dire qu’on ne sait pas si le vaccin a des effets indésirables sur la fertilité. Ne pensez-vous pas, Monsieur le Président, que nous devrions le savoir et le dire en temps utile, pour le bien de ceux qu’on va vacciner à l’aveuglette ?

Vous-même, Monsieur le Président, auriez le devoir, si vous en étiez informé, d’informer les Italiens que même les représentants officiels de l’OMS ont exprimé il y a quelques jours leur incertitude quant à l’efficacité réelle des vaccins actuellement en circulation, se disant dubitatifs sur le fait que ces mêmes vaccinés pourraient être propagateurs de l’épidémie.

Il serait également bon de rappeler que la crise pandémique, du moins dans notre pays, était et est avant tout une crise d’inadéquation et de faiblesse de notre système de santé, qui aurait le devoir moral et institutionnel d’assurer un nombre suffisant de médecins et de lits, au lieu de réduire à tout va les dépenses « essentielles ». Pourquoi n’est-il pas question de ce devoir? Pourquoi le devoir de réformer nos soins de santé n’est-il pas une priorité? Si nous avions toujours la même proportion de lits par rapport au nombre d’habitants qu’il y a trente ans, l’urgence-Covid aurait été au moins réduite de moitié en termes de gravité.

Ensuite, il y a le devoir sanitaire de donner des directives précises aux médecins territoriaux [médecins de famille/généralistes – les médecins qui n’opèrent pas en milieu hospitalier, ndt] sur comment intervenir dans les premiers stades de la maladie par Covid-19, pour éviter la surpopulation des hôpitaux. De nombreuses expériences attestent que les médecins de bonne volonté soignent presque 100% des patients atteints du Covid avec des thérapies très simples à domicile, évitant ainsi des centaines et des milliers d’hospitalisations, prévenant l’aggravation de la pathologie et évitant la mort. Mais dans ce domaine règne l’inertie du gouvernement. Qu’on nous informe à ce sujet, au lieu de nous communiquer uniquement les chiffres des soins intensifs et des décès quotidiens, dus en grande partie à cette négligence fondamentale des soins précoces à domicile !

Pourquoi ne pas parler alors du devoir politique, en plus d’être un devoir moral, d’expliquer aux Italiens pourquoi l’état d’urgence a été proclamé le 31 janvier 2020 et est entré en vigueur le 1er février suivant, sans même que les citoyens le sachent, alors que les plus hautes institutions (dont vous, Monsieur le Président) ne cessaient de répéter que l’Italie n’avait rien à craindre, que nous étions à l’abri du virus, etc. S’il n’y avait vraiment pas de danger, pourquoi a-t-on décidé l’état d’urgence ? Et s’il y avait une raison à l’urgence, pourquoi n’a-t-on pas pris immédiatement les mesures adéquates, par exemple en commençant à équiper les centres et hôpitaux anti-Covid, attendant au contraire la fin du mois de février, après les premiers cas à Codogno, pour parler des « devoirs » de prudence des Italiens? Toujours les devoirs des citoyens, jamais les devoirs de ceux qui gouvernent et administrent la santé publique !

N’oubliez pas, Monsieur le Président, que l’AIFA a également le devoir d’expliquer pourquoi l’hydroxychloroquine, que vous avez supprimée des plans thérapeutiques prévus pour le Covid suite à un faux article écrit par des faussaires sur un ex-prestigieux magazine scientifique, n’a pas encore été réhabilitée et est toujours interdite. L’article [du Lancet, ndt] contre l’hydroxychloroquine a été réfuté de manière retentissante en quelques jours, et des preuves concrètes sur le terrain attestent que le médicament est très efficace dans les premiers stades de l’infection par le Covid-19. Mais l’AIFA ne reviendra pas sur sa décision erronée et ne la réexaminera pas. L’AIFA n’a-t-elle pas le devoir de mettre les choses au clair? Au lieu de cela, il n’y a qu’un grand silence et un mur de caoutchouc. Et comment pouvons-nous encore avoir confiance dans une telle institution, alors qu’elle garantit la sécurité du nouveau vaccin, si elle ne s’est pas montrée fiable pour quelque chose de beaucoup plus modeste ?

Ensuite, il y a le devoir politique et civique de répondre officiellement et clairement à tous ceux qui ont soulevé des objections et même des accusations contre le système de gouvernement par décrets (DPCM), car contraire à la Constitution. Des juristes, d’anciens membres de la Cour constitutionnelle, des hommes politiques, des intellectuels, des journalistes l’ont dit. Vous, Monsieur le Président, et notre gouvernement actuel, n’avez absolument pas pris la peine de dissiper ces doutes ou de répondre à ces objections. Quand y aura-t-il quelqu’un pour obtempérer à ce devoir de clarté et de transparence?

En outre, il y a le devoir de garantir aux travailleurs la possibilité de travailler afin de pouvoir manger. Mais si l’on continue à utiliser la seule arme des fermetures, en mettant à genoux des secteurs entiers et en condamnant à l’échec des catégories entières, juste parce que le système de santé n’est pas adéquat (c’est-à-dire parce qu’il ne remplit pas l’un des devoirs mentionnés ci-dessus), avec quel courage se présente-t-on aux Italiens en leur disant qu’il est de leur devoir de se faire vacciner ? Qu’on nous dise combien coûtera à l’État une campagne de vaccinations aussi massive à des dizaines de millions de personnes, par rapport aux coûts ordinaires d’une médecine locale plus fonctionnelle et plus efficace, qui fait actuellement défaut. Nous pourrons alors voir si le jeu en vaut la chandelle.

Vous voyez, Monsieur le Président, combien il y a de devoirs? Et bien d’autres encore pourraient être ajoutés. Avant de rappeler aux citoyens ordinaires leur obligation non prouvée de se faire vacciner, rappelez à qui de droit au moins certains de ces devoirs qui sont encore gravement insatisfaits. Si ces devoirs sont honorés, les citoyens retrouveront la confiance et il ne sera pas nécessaire de leur rappeler qu’ils « doivent se faire vacciner », car alors on se fera vacciner de plein gré, en écoutant les conseils de gouverneurs honnêtes et de scientifiques en qui l’on peut avoir confiance.

Voilà le premier devoir des institutions: être et prouver qu’on est honnête, pour mériter la confiance. En dehors de la confiance, fondée sur l’honnêteté et la transparence, seule demeure la suspicion légitime. Malheureusement, par leur comportement, les institutions ont alimenté beaucoup de méfiance et de défiance.

Et permettez-moi, en conclusion, de poser une question : dans une société où l’on reconnaît même le droit de mettre fin à sa propre vie – lire : l’euthanasie – et celui de l’avortement – lire : le droit de tuer un être humain innocent dans le ventre de sa mère – n’y a-t-il vraiment pas de place pour un droit aussi petit et modeste que celui de NE PAS se faire vacciner ?

Lettre signée

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