(qui dit aux gens exactement ce qu’ils veulent entendre). Après l’article consacré à la stratégie de gouvernement de François, qui consiste à jeter symboliquement des « os » à ceux dont il est débiteur pour les calmer, le site argentin The Wanderer continue de dresser le portrait du Pape et d’explorer l’église qu’il façonne (en attendant le prochain conclave) en faisant cette fois référence à sa nationalité argentine, et plus particulièrement à sa formation péroniste. Un sujet qui a été abordé à maintes reprises dans ces pages, et que l’auteur met à jour à la lumière des dernières déclarations papales.

Sur ce sujet, en vrac (liste non exhaustive)

Ce nouvel article a lui aussi été traduit en italien par AM Valli, dont j’ai repris et traduit le texte

The Wanderer, Otra vez Zelig-Bergoglio, 7 février 2021

Ces derniers jours, plusieurs blogs amis ont manifesté leur inquiétude à cause de certaines déclarations du pape François.

Le 30 janvier, il s’est adressé à un groupe d’évêques et de prêtres italiens dans un discours dans lequel il a élevé le Concile Vatican II à la catégorie de super dogme de l’Église catholique, ce qui a donné lieu au paradoxe de l’élévation à un dogme comparable à celui de la Sainte Trinité, d’un Concile qui a maintes fois prétendu ne pas être dogmatique.

Le 1er février, en revanche, rencontrant des représentants de l’agence américaine Catholic News Service, il leur a assuré que « l’Église aux États-Unis est très vivante, très très vivante. Il y a peut-être des groupes traditionalistes, mais nous en avons aussi ici au Vatican. C’est guérissable« .

Le 4 février, devant le grand imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb, présent à Abu Dhabi aux côtés du cheikh Mohammed Bin Zayed et du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, à l’occasion de la Journée internationale de la fraternité humaine, instituée par l’Assemblée générale des Nations unies, il a déclaré: « Aujourd’hui, il n’y a pas de temps pour l’indifférence. Nous ne pouvons pas nous en laver les mains, avec la distance, avec l’indifférence, avec le désintérêt. Soit nous sommes frères – permettez-moi de le dire – soit tout s’écroule. C’est la frontière » (une nouvelle interprétation de la parabole évangélique des deux maisons : la solide, construite sur le roc, est celle qui est construite sur la fraternité universelle!) Justifiées, donc, les préoccupations de tout bon catholique face à cette dernière absurdité papale, qui pour être annulée nécessiterait l’utilisation de toutes les armes théologiques et dialectiques.

Cependant, le problème est que nous sommes enclins à réagir à ce que dit ou fait le pape François comme on le ferait avec une personne honnête et psychiquement équilibrée, mais ce n’est pas le cas avec lui. La situation me rappelle une blague racontée par un comédien argentin. Le ministre de la santé arrive dans un hôpital psychiatrique pour une inspection. Le directeur le reçoit et lui montre l’installation. Dans le jardin, ils observent qu’un groupe de fous a formé un petit train et se promène dans la propriété en imitant le bruit de la locomotive et le sifflement. L’inspecteur dit : « On voit qu’ils aiment ce jeu. » Ce à quoi le directeur répond: « Oui, ils s’amusent, le problème est que la fumée les gêne ».

Bergoglio joue au petit train depuis le début de son pontificat. Le problème est que nous discutons des effets nocifs de la fumée que son train rejette. Bergoglio est un grand simulateur, une sorte de Zelig élevé au trône papal (Zelig est le personnage du film de Woody Allen sorti en 1983. Le personnage principal, Leonard Zelig, est un homme qui atteint une renommée mondiale grâce à sa capacité unique à adopter la personnalité de celui qui est à ses côtés, note d’AMV). Il a appris ces arts difficiles auprès des bons pères de la Compagnie de Jésus, experts historiques en la matière, et les a appliqués avec succès tout au long de sa vie. Il a fait semblant d’être conservateur pour que le cardinal Quarracino et une bonne partie des prélats argentins le nomment évêque puis archevêque de Buenos Aires, et plus tard, pour que le Club de Saint-Gall et ses cardinaux électeurs l’élisent pape, il a fait semblant d’être un nouveau Saint François d’Assise qui renouvellerait la curie, restaurerait ses finances et ouvrirait les portes de l’Église au monde contemporain.

Il est plus facile pour nous, Argentins, de le comprendre et de reconnaître ses mauvaises manières, parce qu’il est argentin, porteño [habitant de Buenos Aires, note d’AMV], péroniste et jésuite. La combinaison est hautement toxique. Bergoglio a appris du général Perón à dire à tout le monde ce que l’interlocuteur du moment veut entendre. Du protagoniste lui-même, j’ai entendu l’anecdote suivante: le 10 décembre 2010, à la veille du premier voyage que les parents des soldats tués dans la guerre des Malouines devaient effectuer vers l’archipel, une messe a été célébrée dans la cathédrale de Buenos Aires, présidée par l’archevêque, le cardinal Bergoglio. Le jeune organisateur de l’événement, peu avant le début de la cérémonie, se rendit à la sacristie. Arriva aussitôt le cardinal, qui l’appela et lui demanda à brûle-pourpoint, avec la brusquerie et le caractère qui le caractérisent : « Dis-moi qui est là ». Le jeune homme lui donna les noms des personnes et des organisations qui devaient assister à la messe, tous représentants renommés du nationalisme catholique argentin. Et peu après, dans son homélie, Bergoglio fit longuement l’éloge de tous les principes nationalistes, vantant ses grands maîtres. C’est bien sûr la même personne qui, quelques mois plus tard, aura des mots de réconfort et de compréhension pour Hebe de Bonafini (l’une des fondatrices de Las Madres de Plaza de Mayo, note d’AMV) qui, avec ses dames en fichu blanc, avait pris possession de la cathédrale et déféqué à côté du maître-autel.

Poursuivons.

L’évêque Athanasius Schneider a demandé au pape: « Très Saint-Père, en présence de Dieu, j’implore Votre Sainteté, au nom de Jésus-Christ qui nous jugera, de retirer la déclaration du document interreligieux d’Abou Dhabi, qui relativise le caractère unique de la foi en Jésus-Christ ». Et Bergoglio a gentiment répondu en disant que cette phrase doit être comprise en référence au principe de la volonté permissive de Dieu et que le document d’Abu Dhabi ne prétend pas assimiler la volonté de Dieu de créer des différences de couleur et de sexe à la diversité religieuse. Il lui a dit exactement ce que le bon évêque voulait entendre, et ce qu’il a continué à faire depuis lors est sous nos yeux.

Bergoglio a dit au cardinal Burke de poursuivre fermement les francs-maçons qui avaient infiltré l’Ordre de Malte, et l’a démis de ses fonctions peu après. Il a dit au père Vallejo Balda de mettre de l’ordre dans les finances du Vatican et, quelques mois plus tard, l’a emprisonné pendant plus d’un an pour avoir exécuté l’ordre qui lui avait été donné. Aujourd’hui, il dit aux évêques italiens que Vatican II est un dogme et que ceux qui ne l’acceptent pas ne sont pas catholiques, mais il ne serait pas du tout étrange qu’il rencontre bientôt les supérieurs de la fraternité sacerdotale de Saint Pie X et leur dise que ce Concile est simplement pastoral et qu’ils peuvent l’interpréter comme ils le souhaitent, ou ne pas l’interpréter du tout. Il a dit aux Américains que les traditionalistes sont une maladie qui a un remède, mais il ne serait pas étrange qu’il rencontre certains instituts qui célèbrent la messe traditionnelle et parle de l’importance du latin et de la grandeur insurpassable du pape Saint Pie V.

Cela signifie-t-il pour autant que nous ne devons pas nous inquiéter et espérer que la nature achève son cycle, et que Bergoglio rende son dernier souffle pour que tout se remette en place? Evidemment non. Ce qui est vraiment grave dans tout cela, c’est que le pape François a pulvérisé le magistère papal et a complètement relativisé la foi catholique, des dogmes centraux à la morale et aux mœurs. Il l’a fait, bien sûr, non pas avec une volonté hérétique néfaste, mais en raison de sa psychologie particulière et de son passé toxique.

Les prochains pontifes en verront de toutes les couleurs pour réparer les dégâts, s’il est encore temps.

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