Le comportement des Italiens (et des Français, et de tant d’autres!) face aux restrictions de leurs libertés imposées par les gouvernements en profitant de la crise sanitaire présente des similitudes troublantes avec les opérations de conditionnement psychologique exercés par les communistes contre les prisonniers de guerre américains pendant la guerre de Corée. Nous sommes devenus, malgré nous, autant d’aviateurs qui sont tombés derrière les lignes ennemies et qui ont été faits prisonniers par un gouvernement hostile (Tomaso Scandroglio).

Dociles avec l’Etat comme des prisonniers de guerre

Tommaso Scandroglio
La NBQ
17 février 2021
Ma traduction

L’Italien moyen ne se rebelle pas contre la restriction persistante et incisive de ses libertés personnelles pour cause de Covid. Une étude résume les outils utilisés par les Coréens pour transformer les aviateurs américains ennemis en prisonniers dociles. Les similitudes avec la stratégie de notre gouvernement durant l’épidémie sont évidentes.

C’est un fait. L’Italien moyen ne se rebelle pas contre la limitation persistante et incisive de ses libertés personnelles due au Covid (ou mieux: due aux décisions du gouvernement). Nous ne voulons pas nous demander ici si ces mesures restrictives sont proportionnées ou non, mais seulement souligner le fait que il Signor Rossi [en France, on dirait Monsieur Dupont, ndt] semble être devenu absolument endormi face au statu quo. Mais pour quelle raison l’habitant italien de notre péninsule ne descend-il pas dans les rues avec une fourche à la main? Il l’a fait jusqu’à hier pour beaucoup moins.

Une réponse très suggestive pourrait venir d’une étude de 1957 d’Albert D. Biderman intitulée Communist attempts to elicit false confessions from air force prisoners of war (les tentatives des communistes de tirer de fausses confessions des aviateurs prisonniers de guerre) publiée dans le Bulletin of the New York Academy of Medicine. Dans cette étude, Biderman a analysé certains cas d’aviateurs américains qui ont été prisonniers de guerre pendant le conflit avec la Corée dans la période 1950-1953, puis rapatriés aux États-Unis.

À la page 619 de la recherche, nous trouvons un diagramme qui résume les outils utilisés par les Coréens pour transformer les aviateurs américains ennemis en prisonniers dociles. En guise de préliminaire, Biderman souligne un fait paradoxal: pour faire plier les prisonniers, la torture physique s’est avérée moins efficace que d’autres instruments à caractère psychologique. Certains de ces expédients trouvent de fortes analogies avec autant de mesures prévues par le gouvernement sortant (mais nous pensons aussi par le gouvernement entrant) pour endiguer l’épidémie de coronavirus. Analysons ces analogies.

  • Le premier instrument de coercition psychologique est l’isolement qui, selon le sociologue, a produit ces effets: « enlever le soutien social à la capacité de résistance de la victime ». C’est bien connu: l’union fait la force. Le manque de relations sociales au cours de cette dernière année nous a tous affaiblis. Autre effet de l’isolement : « Développer une forte appréhension pour sa propre personne ». L’angoisse de mourir est devenue une caractéristique commune de notre tissu social. Encore : « Créer une dépendance de la victime envers celui qui l’interroge » : des millions d’Italiens se sont accrochés à chaque mot de Conte pour savoir quel serait leur sort, et ce sera également le cas à l’avenir avec le gouvernement Draghi.
  • La deuxième stratégie est appelée « manipulation de la perception« , provoquée aussi par les « restrictions de mouvements ». Il est courant de constater que, dans le lockdown, le temps et l’espace ont presque perdu leur cohérence habituelle. Les effets de cette manipulation sont les suivants : « Fixer notre attention sur la situation immédiate » : nous ne pouvons plus faire de plans à long terme. Notre calendrier ne suit plus les mois mais les différents Dpcm (décrets du premier ministre; nous dirions « décisions de Conseil de défense »).
  • Autre effet à rechercher : « Éliminer les stimuli qui s’opposent à ceux contrôlés par le geôlier« . Ici sont qualifiées de fake news les infos qui s’opposent à la version officielle du gouvernement et de « négationistes » ceux qui ne s’alignent pas sur le mainstream. Effet supplémentaire : « Faire obstacle à toutes les actions qui ne sont pas compatibles avec le consentement ». Les exemples abondent: ne pas porter de masque, ne pas rentrer chez soi pendant le couvre-feu, vouloir aller dans une autre région, garder les restaurants ouverts en dehors des heures autorisées, etc.
  • Troisième instrument de coercition psychologique : « Affaiblissement procuré/épuisement » qui procure un « affaiblissement de la capacité de résistance physique et mentale ». Parmi les différents moyens pour atteindre cet objectif : « Impositions prolongées ». Ne pas mener une vie normale depuis un an nous semble relever tout à fait de l’expression « impositions prolongées ».
  • Quatrième stratégie : les « menaces », c’est-à-dire, avant tout, les « menaces de mort » : le bulletin nécrophile publié chaque jour est un exemple parfait de menace de mort implicite. En second lieu, Biderman parle de « menaces d’isolement sans fin ». C’est le tristement fameux lockdown permanent tant invoqué par les Ricciardi & cie. Ensuite, il y a les « menaces vagues ». Laissons la parole à l’auteur : « Les communistes ont généralement encouragé ces craintes par des menaces vagues et en laissant entendre qu’ils seraient prêts à adopter des solutions drastiques ». Citons au hasard des phrases telles que : « Rien ne sera plus comme avant » ; « Si nous ne coopérons pas tous, l’économie ne redémarrera pas » ; « Si nous ne nous adaptons pas aux mesures de protection individuelles, nous ne sortirons jamais de la pandémie ».
  • Cela nous amène à la cinquième stratégie: les « indulgences occasionnelles », qui prennent avant tout la forme de « faveurs occasionnelles »: passer de la zone rouge à la zone orange; permettre aux gens de franchir les frontières régionales, etc. Ensuite, il y a les « promesses » et les « récompenses pour un acquiescement partiel »: tristement célèbre est la promesse de Conte concernant les vacances de Noël. Le premier ministre a décidé de fermer le pays à l’automne pour sauver Noël (ce qui n’a pas eu lieu ensuite). De plus, depuis des mois, ils nous forcent à faire preuve de modération en nous promettant le vaccin, la panacée pour tous les maux actuels. La reconquête des espaces de liberté est alors vendue comme une récompense pour notre comportement vertueux. Ensuite, nous avons les « fluctuations dans l’attitude de l’interrogateur »: on retourne à l’école, non, on ne retourne pas à l’école, etc. Tout cela, selon Biderman, tend à « offrir des motivations positives pour l’acquiescement » et à encourager les « adaptations à la privation » de liberté. En bref, il faut non seulement le bâton, mais aussi la carotte, ce qui maintient le détenu/citoyen sur la corde raide, dans un état de tension continue.
  • Sixième instrument de coercition psychologique : « Démonstration de toute-puissance et d’omniscience » qui se concrétise par « la maîtrise totale du destin de la victime » : les contraintes actuelles sont en effet inévitables, c’est-à-dire qu’on ne peut pas échapper aux décisions du gouvernement. Les proclamations du ministre de l’intérieur concernant les contrôles routiers méticuleux sont tristement célèbres. Tout cela doit faire prendre conscience au prisonnier/citoyen italien qu’il est « inutile de résister ».
  • Septièmement : « dégradation » qui peut se traduire par « violation de la vie privée« : voilà les autocertifications, les interdictions d’inviter un certain nombre de personnes à la maison, le suivi avec l’inutile application Immuni, [Stop Covid, ou le nom que l’objet porte aujourd’hui!]etc. Ce parcours de dégradation personnelle doit « faire apparaître le coût de la résistance comme plus dommageable que la capitulation ». Aucun restaurateur ne se hasarde à lever le rideau, c’est compréhensible. Mais plus généralement, chacun obéit à la conviction qu’en agissant ainsi, il sauvera sa peau et sortira au plus vite de ce cauchemar. Alors pourquoi s’y opposer? Le jeu n’en vaudrait pas la chandelle.
  • Dernier outil de persuasion caché : « Imposition d’exigences banales« , comme « imposition de règles minutieuses« : comment porter un masque, comment se laver les mains, quelle distance minimale respecter entre les personnes, combien de personnes peuvent entrer dans une pièce, etc. De telles impositions doivent produire l’effet de « développer l’habitude de la tolérance ». L’état de torpeur collective pourrait être la déclinaison actuelle de cet effet.

Ceci dit, nous ajoutons que nous ne pensons pas que le gouvernement sortant ait consciemment suivi ce schéma, c’est-à-dire qu’il ait lucidement pré-arrangé l’asservissement de tout un peuple, comme si un projet visant à aliéner les citoyens existait réellement. Nous n’y croyons pas, à la fois par manque de preuves et, surtout, parce que nous surestimerions les membres du gouvernement sortant. Ils ne se sont pas révélés être des scientifiques de guerre et leur médiocrité n’était certainement pas capable de concevoir un plan aussi diabolique.

Cela dit, il est indéniable que les mesures prises, si semblables à celles décrites dans l’article, ont produit précisément les effets indiqués par Biderman. En conclusion, nous sommes devenus, malgré nous, autant d’aviateurs qui sont tombés derrière les lignes ennemies et qui ont été faits prisonniers par un gouvernement hostile qui nous torture psychologiquement depuis un an, obtenant ainsi notre pleine conformité.

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