Infectiologues, immunologues, virologues, épidémiologistes (au fait, quelle est la différence entre toutes ces dénominations?) et autres experts, souvent autoproclamés, autant d’espèces jusqu’ici inconnues, au moins du grand public, et qui prolifèrent depuis mars 2020 sur le terrain fertile du covid, squattant éhontément les plateaux télé tout en s’invectivant mutuellement, offrant ainsi une piètre image de la science. Sans compter les conflits d’intérêt que beaucoup trimballent derrière eux sans aucune gêne. Leur rôle? Alimenter la peur. Mais ils ne sont pas fous, et beaucoup se « rétribuent » au passage, écrivent des livres, espérant tirer le maximum de fric de la notoriété circonstancielle que leur consent le port d’une blouse blanche (façon de parler, d’ailleurs, la plupart sont en « civil », et au vu de leur omniprésence dans les studios télé, ils doivent rarement voir des malades ailleurs que dans les séries…). Il est temps de mettre fin à ce cirque. Sur la NBQ, panorama en Italie où la situation est rigoureusement identique à la nôtre.

Echantillon français

Les consultants médicaux sont devenus des acteurs majeurs de cette guerre cathodique. Aux sans-grade, on assigne les horaires de la journée, ou de fin de soirée, les moins suivis. Les stars de la « télé-médecine », eux, ont droit aux meilleures tranches horaires, la matinée et le début de soirée, et parfois, pour ceux qui l’acceptent, de juteux contrats de consultants.

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Le Monde

Vivement un lockdown des virologues de talk show

Ruben Razzante
La NBQ
22 février 2021
Ma traduction

En voilà assez avec le festival des virologues sur toutes les chaînes. Ce devrait être un engagement du nouveau gouvernement. Parce que nous sommes passés de la consultation d’experts à la création de nouvelles stars de la médecine à la télévision, ce qui en outre crée encore plus de confusion et de peur chez les utilisateurs.

Virologues, la collection complète
L’image choisie pour illustrer l’article est un détournement du mythique album Panini consacré aux footballeurs, très populaire en Italie

Parmi les souhaits des Italiens les plus raisonnables et animés par le bon sens, il y a celui de voir cesser, avec l’avènement du nouveau gouvernement, le festival de la virologie sur toutes les chaînes. L’alarmisme, le terrorisme médiatique et le sensationnalisme sans scrupules des scientifiques qui pontifient sur le virus à tout bout de champ sont les ingrédients dominants des programmes des télévisions publiques et privées. Les principaux diffuseurs en font chaque jour des tonnes pour attirer l’attention et maintenir des millions d’Italiens cloués à leur écran, dans l’espoir de les convaincre que le lockdown est le seul antidote à la maladie collective.

La dégénérescence du système d’information est maintenant sous les yeux de tous et il est vraiment dommage que l’information dite de qualité, c’est-à-dire celle produite par les journalistes qui sont professionnellement appelés à informer le public sur des événements d’intérêt social, ait manqué l’occasion en or du Covid de démontrer sa valeur et de se distinguer des déchets qui contaminent les réseaux sociaux [et pas seulement! ndt] et déstabilisent l’opinion publique chaque jour.

Ces dernières semaines, les talk-shows ont agi comme des amplificateurs acritiques des opinions des virologues, plus que jamais déchaînés parce qu’ils ont peur que l’urgence prenne fin et qu’ils se retrouvent dans l’anonymat dans lequel ils étaient avant la pandémie.

Des émissions de la RAI à celles des chaînes de télévision privées, nous assistons à de véritables procès médiatiques. Le jeu consiste à les sortir de plus en plus grosses afin d’obtenir de l’audience et de préfigurer des scénarios apocalyptiques pour le futur proche. Plus les gens sont enfermés chez eux, plus ils ont peur de sortir, plus ils regardent la télévision. Un jeu de massacre sur le plan psychologique et relationnel (…)

En Italie, les virologues ont presque tous profité du virus. De ceux qui ont demandé et obtenu une compensation [financière] pour leurs émissions de télévision à ceux qui ont fait de l’argent en écrivant des livres consacrés à la pandémie, avec des titres accrocheurs pour attirer l’attention du public. CODACONS, une association de défense des consommateurs, a demandé des éclaircissements à ce sujet et a déposé une plainte contre les principales chaînes de télévision publiques et privées pour savoir combien d’argent public a été utilisé pour payer la présence de virologues et de scientifiques à la télévision.

Il suffirait cependant de regarder les invités qui se relaient dans les différents studios de télévision pour avoir l’impression d’un monde autoréférentiel dans lequel les voix pour ou contre sont soigneusement sélectionnées parmi quelques intimes, pour simuler un débat qui n’existe pas vraiment. Tous les invités, en fait, sont plus ou moins toujours les mêmes et disent toujours les mêmes choses. Mais le public s’y est presque habitué et s’estime satisfait et presque rassuré par ces alarmes, qu’il considère comme saines pour la protection du bien-être collectif.

Beaucoup exonèrent certains talk-shows, arguant qu’ils ne sont pas menés par des journalistes inscrits dans une association professionnelle. Tout d’abord, il faut dire que la plupart des présentateurs sont des journalistes et doivent donc respecter leur déontologie, en évitant le sensationnalisme et en cultivant l’équilibre, la vérité substantielle des faits et l’indépendance de jugement. Il faut dire aussi que les chaînes de télévision sont en toutes circonstances obligées de respecter ces principes et de les faire respecter par leurs employés et collaborateurs, même lorsqu’ils n’appartiennent pas à la catégorie des journalistes, afin de préserver le bien public de l’information et l’impérieuse nécessité de protéger le contradictoire.

Tout ce qui est communiqué sur le Covid, que ce soit les informations diffusées par les journaux télévisés ou les bavardages des talk-shows, devrait être plus respectueux du droit des gens à recevoir des informations correctes et équilibrées. L’Autorité de garantie des communications et les conseils de discipline des journalistes devraient veiller davantage à ces dérives.

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