AM Valli parle d’une démarche totalement inhabituelle, dans laquelle il voit une série de « manœuvres concentriques » visant – comme je l’ai dit récemment ici – à mettre le cardinal Sarah hors-course dans la perspective du prochain conclave.

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7 septembre 2017, Basilique St-Pierre, Pèlerinage Summorum Pontificum

Messes à Saint Pierre et visite au Culte Divin. Manœuvres concentriques

Deux faits extraordinaires (au sens littéral de extra ordinaire, insolite et hors de toutes les règles) se sont récemment produits au Vatican. Le premier est la note de la Secrétairerie d’État établissant de nouvelles normes pour la célébration des messes dans la basilique Saint-Pierre. Le second est la visite apostolique ordonnée par le pape à la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, dicastère qui, jusqu’au 20 février dernier, était dirigé par le cardinal Robert Sarah et n’a toujours pas de nouveau responsable.

A propos des messes de Saint-Pierre, nous avons déjà écrit que tout est illégitime, dans la forme et dans le fond, et le cardinal Raymond Burke a très bien expliqué pourquoi.

Quant à la visite au dicastère, tout à fait irrégulière, la salle de presse du Saint-Siège n’a jusqu’à présent fourni aucune sorte d’explication. Le visiteur choisi par le Pape est l’évêque de Castellaneta, Claudio Maniago, qui, en plus d’être membre du dicastère, est président de la Commission liturgique de la CEI et a été parmi ceux qui ont achevé la nouvelle traduction italienne du Missel.

Les membres et les employés du dicastère ont reçu la nouvelle de l’arrivée de Maniago par un courriel du secrétaire et actuel régent de la Congrégation, Mgr Arthur Roche.

Dans le courriel de Roche on peut lire:

Le Saint-Père a décidé, avant de procéder à des nominations dans la Congrégation, qu’une visite au dicastère devait être effectuée par l’un de ses représentants. Au cours de la visite, Son Excellence voudra connaître le travail de la Congrégation et rencontrer chacun individuellement. J’ai déjà exprimé au Saint-Père notre ouverture à cette visite et notre accueil sûr et sincère à Mgr Maniago. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter à ce sujet. Comme vous le savez, ce style de visite est en train de devenir un fait régulier à la fin du mandat des chefs de service ou au moment d’un changement important.

Le fait que Monseigneur Roche affirme qu' »il n’y a pas lieu de s’inquiéter » est tout à fait singulier. Cela ressemble au classique excusatio non petita, accusatio manifesta. Et il est tout aussi singulier que Roche affirme que « ce style de visite est en train de devenir régulier » alors qu’il ne semble pas que quelque chose de semblable se soit jamais produit dans les services du Vatican en vue du choix d’un nouveau chef.

Au Vatican, certains murmurent que si le Pape a décidé de cette visite, cela signifie que dans la Congrégation « il y a quelque chose à réparer ». Mais quoi?

L’argent? Cela semble très peu probable, étant donné que le dicastère en question ne fait pas partie de ceux qui gèrent le plus d’argent. Au contraire, disent nos sources, si le Pape voulait faire une enquête concernant l’argent, « il devrait envoyer un visiteur aux Causes des Saints, étant donné le tourbillon de blanchiment d’argent parmi les avocats, les postulants, etc.

À The Tablet, l’archevêque Roche a expliqué que Maniago n’est pas un visiteur canonique. Son travail pourrait être comparé « aux consultations d’un évêque diocésain avec le vicaire général lorsqu’il nomme un nouveau curé ». Il s’agirait donc de « connaître la situation actuelle » et « d’avoir un œil sur les orientations futures ».

Pour comprendre ce que cela signifie, il est utile de lire un passage de l’article dans lequel The Tablet rapporte la conversation avec Roche :

Au cours de son mandat, le cardinal guinéen, largement admiré dans les milieux traditionalistes, a fait de nombreuses interventions en opposition avec la volonté du pape de mettre en œuvre les réformes liturgiques du Concile Vatican II. Le cardinal a parlé d’une « réconciliation » entre les formes de messe pré-Vatican II et post-Vatican II, a invité les prêtres à commencer à célébrer la messe ad orientem, c’est-à-dire en tournant le dos aux fidèles […]. Au début du mandat du cardinal Sarah, il a fallu plus d’un an à la Congrégation pour rédiger un décret de 370 mots autorisant les femmes à participer au rituel du lavement des pieds le jeudi saint, ce que François avait spécifiquement demandé.

La nouvelle de cette visite, souligne The Tablet, fait suite à l’annonce de changements dans les célébrations liturgiques de la basilique Saint-Pierre. Une note de la Secrétairerie d’État met fin aux multiples célébrations privées de la forme extraordinaire de la messe, le rite liturgique en usage avant Vatican II. Ceux qui assistaient à la messe du matin à Saint-Pierre trouvaient des prêtres et des enfants de chœur célébrant les liturgies – souvent selon le rite ancien – seuls, dans les chapelles latérales de la basilique. La décision de la Secrétairerie d’État vise à garantir que la liturgie de Saint-Pierre soit conforme aux réformes du Concile. »

Messes à Saint-Pierre et visites au Culte divin: la manœuvre est concentrique, avec pour objectif non collatéral de mettre Sarah hors course dans la perspective du prochain conclave.

Et il ne servira pas à grand-chose au cardinal guinéen de répéter, comme il l’a fait récemment, « Jamais je ne me suis opposé au Pape ».

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