Les ennemis de l’Eglise la veulent pauvre, parce qu’ils la veulent impuissante, une Eglise démunie n’a pas les moyens de faire le bien. Et malheureusement, le discours paupériste de François, jusqu’au nom qu’il a choisi comme Pape, apportent de l’eau à leur moulin. Article d’Antonio Socci.

Ce serait le montant des actifs du Vatican (si l’on en croit cet article).
Un pactole qui excite bien des convoitises, n’ayant rien à voir avec le souci de purifier l’Eglise.

L’Eglise, Bergoglio et l’argent

Antonio Socci
(Libero, 28 mars 2021)
Ma traduction

Le Saint-Siège continue de faire parler de lui pour les questions économiques. Il y a quelques jours, le pape, compte tenu de la grave crise financière du Vatican, a ordonné des réductions de salaire pour tout le monde, y compris pour les cardinaux: là, aucun syndicat ne proteste et le pape décide comme un monarque.

En outre, hier (27 mars), à l’occasion de l’inauguration de l’Année judiciaire du Tribunal de son État, le pontife a rappelé « les initiatives pour la transparence absolue des activités institutionnelles de l’État du Vatican, en particulier dans le domaine économique et financier », soulignant qu’elles doivent toujours être inspirées « aux principes fondateurs de la vie ecclésiale » et, en même temps, « prendre dûment en compte les paramètres et les ‘bonnes pratiques’ en vigueur au niveau international » afin qu’ « elles apparaissent exemplaires, comme cela est requis par une entité comme l’Église catholique ».

Il a ensuite demandé à ceux qui travaillent dans l’État du Vatican d’aider l’Église à « donner un bon exemple de ce qu’elle enseigne dans son magistère social ». Enfin, il a ajouté : « Tous ceux qui travaillent dans ce secteur, et tous ceux qui occupent des postes institutionnels, doivent donc se comporter d’une manière qui, tout en dénotant un repentir effectif – si nécessaire – à l’égard du passé, soit également irréprochable et exemplaire pour l’avenir ».

Paroles sacro-saintes, celles que l’on attend d’un Pape, mais on se demande à qui s’adresse l’invitation au repentir.

Les huit années de ce pontificat ont été une série de nominations, polémiques, démissions, exclusions et licenciements (je n’ai pas souvenir d’une autocritique). Pour de nombreux observateurs, il a semblé que tout le monde était contre tout le monde. Souvent on ne comprenait pas les fautes spécifiques imputés à quelqu’un qui venait d’être viré. Personne ne s’y retrouvait. La transparence n’était pas formidable.

L’actualité de ces derniers jours soulève de nouvelles questions et perplexités. Je reprends un titre de La Repubblica. « Immeuble de Londres: ‘Torzi n’a pas fait chanter le Saint-Siège. La faute à l’enquête sur le Vatican des juges britanniques ». Sous-titre : « Pour la Cour anglaise, l’achat de la propriété de Sloane Avenue était une transaction régulière. La saisie d’argent infligée au courtier Molise est annulée ».

Il est difficile d’y comprendre quelque chose, surtout pour ceux qui, comme moi – bien que s’occupant de l’Église depuis des décennies – considèrent comme secondaire la question des finances du Vatican, qui sont au contraire un écheveau extrêmement attrayant pour les médias, toujours à la recherche de problèmes cléricaux, voire de scandales.

Aussi parce que les médias font souvent la morale en prétendant que l’Église soit pauvre, comme si une institution qui dirige 1,3 milliard de fidèles dispersés sur la planète, la plus grande confession religieuse, présente dans tous les pays du monde, avec des milliers de missionnaires, des œuvres de charité et d’assistance, des hôpitaux, des institutions éducatives, des séminaires, des instituts religieux, ne devait pas avoir de moyens de subsistance (lesquels sont également nécessaires à l’État du Vatican lui-même, qui sert la mission universelle du Pape).

Le moralisme des médias, malheureusement, ces dernières années, a trouvé une justification dans les paroles du pape François lui-même qui répète: « Je veux une Église pauvre pour les pauvres ». En réalité, les pauvres ont besoin d’une Église qui a les moyens de les aider. Une Église pauvre ne peut pas faire grand-chose pour soulager leur misère matérielle.

En fait, ce sont les hommes d’Église qui devraient vivre, sinon dans la pauvreté, du moins de manière austère. Mais même ici, il est facile de glisser dans le moralisme et le paupérisme est souvent contre-productif.

On l’a vu ces derniers mois quand, en marge d’une énième affaire médiatique, « La Repubblica » a publié ce titre : « Le sac du Vatican: le compte du pape vidé ». Sous-titre: « 20 millions de livres prélevées sur le dépôt confidentiel de François ».

Un vaticaniste historique et faisant autorité, Aldo Maria Valli, a écrit: « Je m’occupe du Vatican depuis des années, mais je n’avais jamais entendu parler de comptes confidentiels au nom des papes ».

Évidemment, le fait que le Pape ait son propre compte n’est pas en soi quelque chose de répréhensible. Cela fait les titres (aussi pour la somme, effectivement remarquable) car le pontife actuel parle habituellement de l’argent comme quelque chose de négatif (« Saint Pierre n’avait pas de compte en banque », a-t-il dit dans son homélie du 11 juin 2013).

Même son choix du nom « François » visait à affirmer l’importance absolue du thème de la pauvreté. Cependant, il y a souvent un malentendu.

Pour les chrétiens, la pauvreté économique n’est pas une valeur: ce qui l’est, c’est la pauvreté évangélique, c’est-à-dire se détacher des biens de ce monde, les utiliser avec charité et vivre en sachant que la vraie vie est éternelle.

Saint François, qui est né riche, a voulu vivre dans la pauvreté matérielle, mais c’était son choix de vie personnel et libre, qui avait une signification spirituelle, christologique. Le saint n’espérait pas, même en rêve que son voisin s’appauvrisse et finisse dans la misère et avec lui toute la société.

Ainsi, au Vatican – en plus des réformes financières tant annoncées, qui apparemment n’aboutissent jamais – il faudrait aussi revoir un peu les mots et les concepts sur le thème de l’argent. Autrement dit, la doctrine.

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