Riccardo Cascioli commente le dernier document vatican, Orientations pastorales sur les déplacés climatiques, précédé d’une introduction du Pape. Un concentré de bons sentiments, non-sens scientifiques et lieux communs écologiquement corrects, sans aucune perspective éternelle sinon l’allusion à la planète que les générations actuelles laisseront à leurs descendants, faisant définitivement de l’Eglise une annexe de l’ONU et une tribune pour ses pires ennemis (et surtout, ennemis des pauvres, qu’ils prétendent, eux comme elle, protéger).

L’Eglise « verte » est au service de l’eugénisme

Riccardo Cascioli
La NBQ
1er avril 2021
Ma traduction

La présentation solennelle au Vatican des « Orientations pastorales sur les déplacés climatiques » marque l’assujettissement total des dirigeants de l’Église à une idéologie écologique qui est anti-humaine à la base. Et au nom de la défense des pauvres, il sert de mégaphone à ceux qui, au contraire, poursuivent l’élimination des pauvres.

On est consterné de lire les « Directives pastorales sur les déplacés climatiques », 26 pages d’absurdités scientifique et économique, accompagnées d’un saupoudrage de bons sentiments chrétiens et d’engagements à transformer les paroisses en filiales du WWF. Le document a été présenté en grande pompe mardi au Vatican, introduit par un message du pape François (*), pour donner la mesure de l’importance que le Saint-Siège accorde au thème de la conversion écologique, qui – sur les déplacés climatiques – rejoint le cheval de bataille des migrants.

On est consterné de voir comment les dirigeants de l’Église sont désormais totalement asservis à une idéologie qui est anti-humaine à la racine; on est consterné de voir le pape proposer une parodie d’un passage du prophète Isaïe pour annoncer des catastrophes imminentes pour ceux qui ne se convertissent pas à l’écologisme (*); on est consterné de voir un document, que l’on voudrait faire autorité, rempli de clichés et de théories bizarres qui semblent avoir tout juste été entendues au bar.
Réfuter point par point ce qui est affirmé dans ces orientations pastorales concernant le changement climatique et ses effets sur les populations nécessiterait bien plus qu’un article. Mais ce sont des sujets que nous avons traités à plusieurs reprises sur la Bussola (dossier ici: lanuovabq.it/it/follie-climatiche).

Ici, par contre, je me limiterai à quelques considérations d’ordre général.
La première concerne le processus de sécularisation qui semble désormais achevé dans l’Église aussi, ou du moins dans les documents publiés par ses dirigeants. Le langage de ce document – qui est destiné à pénétrer jusqu’à la dernière paroisse – en ce qui concerne les questions climatiques et le thème des déplacés est totalement emprunté aux mouvements écologiques et aux organes de l’ONU. Les seules conversions mentionnées sont des modes de vie plus écologiques et le passage à l’énergie provenant de sources renouvelables. Il est révélateur que la seule allusion à une perspective éternelle – à transmettre aux jeunes – s’identifie au « type de conditions environnementales qu’ils laisseront à leurs enfants et petits-enfants. » En d’autres termes, l’éternité elle aussi est réduite à une dimension entièrement terrestre. Tout commentaire semble superflu.

La deuxième question est que dans cet alignement, l’Église devient le porte-voix d’un mythe – celui du récit du changement climatique – qui passe pour de la science. Le mythe est reproposé succinctement dans ces Orientations pastorales, là où il est dit que le système climatique de la Terre « après plus de 10 000 ans de stabilité relative – toute la durée de la civilisation humaine – (…) change rapidement, en raison des activités humaines ». Et il y a évidemment un âge d’or auquel il faut revenir: c’est celui des peuples primitifs, dont la sagesse et l’harmonie avec la nature sont continuellement célébrées par le document du Vatican (toujours dans la perspective « apprenez des peuples de l’Amazonie »).

Il faut se résigner au fait qu’il est inutile de parler à ces gens de la réalité, c’est-à-dire d’un climat qui change constamment; qu’il y a eu des époques plus chaudes que l’actuelle; que même depuis la révolution industrielle (décrite comme l’origine du dérèglement) jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu d’augmentation linéaire de la température, mais une croissance graduelle qui a connu des hauts et des bas; qu’il n’y a aucune preuve d’une augmentation des événements naturels extrêmes liés aux activités humaines; que l’économie des peuples primitifs est tout sauf en harmonie avec la nature.
Ceux qui sont prisonniers du mythe deviennent imperméables à toute enquête sérieuse, et deviennent intolérants et violents à l’égard de quiconque pose ne serait-ce qu’une question. En effet, le document du Vatican est clair: ceux qui ne voient pas le désastre climatique et ses conséquences sont soit ignorants, soit poursuivent des intérêts personnels inavouables (peut-être nous diront-ils un jour combien d’argent coule au Vatican depuis ces organisations internationales qui promeuvent le développement durable).

Une troisième considération concerne le thème du développement, considéré comme source de chaque catastrophe écologique et cause de ces émissions de gaz à effet de serre qui, en modifiant le climat avec dans son sillage beaucoup d’événements naturels extrêmes, porteraient préjudice aux pays les plus pauvres, provoquant également le phénomène des déplacés climatiques. Or, s’il est une évidence, c’est qu’au contraire, c’est précisément le sous-développement qui rend de nombreuses populations vulnérables aux phénomènes climatiques ainsi qu’aux maladies et à toutes sortes d’événements indésirables. Il suffit de penser à la différence de dégâts et de pertes humaines qu’un même ouragan provoque, par exemple, lorsqu’il frappe les côtes du Nicaragua et celles des États-Unis. Il est clair qu’un pays développé est mieux à même de se défendre face aux catastrophes naturelles, qui ont toujours existé, précisément parce qu’il est capable de fournir des systèmes d’alerte et des infrastructures capables de résister et de protéger la population.

Une dernière considération est liée au thème du développement: le Pape promeut la croisade écologique en pensant qu’en apportant ainsi de l’aide aux pays pauvres, il le fait au nom des pauvres. En réalité, il donne un grand coup de main à ceux qui veulent éliminer physiquement les pauvres. C’est à cela que sert le concept de « développement durable ». C’est écrit noir sur blanc dans le rapport qui a donné naissance à ce concept (Our Common Future, rapport de la Commission Brundtland, 1987): pour sauver l’environnement et garantir le développement, il faut réduire la population, en contrôlant les naissances et en stoppant la croissance économique. Pas de quoi surprendre: ils descendent tous de sociétés eugénistes et continuent à en défendre ls idéaux.

Est-il possible qu’au Vatican personne ne se demande pourquoi les nouveaux maîtres qu’ils ont choisis – de Jeffrey Sachs jusqu’en bas – sont aussi soucieux de l’environnement qu’ils sont acharnés à vouloir la diffusion de la contraception et de l’avortement? Ce n’est pas une coïncidence malheureuse, c’est le résultat d’une réflexion cohérente. C’est de l’eugénisme. Et ces prélats infidèles et ignorants conduisent l’Église entière à devenir un instrument des sociétés eugéniques.

(*) L’introduction du Pape (extrait)

(…)

À la différence de la pandémie, qui s’est abattue sur nous soudainement, sans prévenir, presque partout, et qui a touché tout le monde en même temps, la crise climatique se déroule depuis la révolution industrielle. Elle s’est longtemps développée si lentement qu’elle est restée imperceptible, sauf pour un petit nombre de gens clairvoyants. Aujourd’hui encore, son impact est inégal : le changement climatique se produit partout, mais la plus grande douleur est ressentie par ceux qui y ont le moins contribué.

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Pourtant, comme la crise COVID-19, le nombre immense et croissant des déplacés climatiques devient rapidement une grande urgence de notre époque, visible presque chaque soir sur nos écrans, et exige des réponses mondiales.

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J’imagine ici Dieu disant, par la bouche du prophète Isaïe, ces quelques paroles actualisées : Venez, discutons de tout cela. Si vous êtes prêts à écouter, nous pouvons encore avoir un grand avenir. Mais si vous refusez d’écouter et d’agir, vous serez dévorés par la chaleur et la pollution, d’un côté par la sécheresse, de l’autre par la montée des eaux (cf. Isaïe 1,18-20).

(…)

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Franciscus

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https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2021/03/30/0194/00425.html#FRANCESE
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