Alors que l’on commémore aujourd’hui le troisième anniversaire de l’incendie de Notre-Dame et que Macron espère « rassembler les Français » – ou plutôt faire oublier par sa présence fortement médiatisée sur le chantier sa gestion chaotique de la crise sanitaire -, il faut que ce soit un intellectuel américain, John Horvat, qui rende le plus bel hommage que j’aie lu à « l’âme de la France ».

La reconstruction de Notre-Dame touche la France jusqu’au cœur

John Horvat
www.returntoorder.org (via le blog d’AM Valli )
31 mars 2021
Ma traduction

Il y a dans la cathédrale Notre-Dame quelque chose de bouleversant et de fascinant pour l’esprit postmoderne. Même dans son état actuel, l’édifice calciné attire l’attention du monde entier. L’authenticité de la cathédrale a prévalu sur toutes les tentatives de la défigurer dans une restauration brutalement modernisante.

Quand la flèche et le toit ont brûlé et se sont effondrés en ce funeste 15 avril 2019, tout le monde a été transpercé par l’événement. C’était un jour où le monde a pleuré, car quelque chose de l’âme de la France semblait perdu. Condoléances et soutien financier ont afflué du monde entier.

Aujourd’hui, alors que les premiers chênes sont sélectionnés pour la reconstruction, le monde regarde avec une crainte respectueuse. Partout, les médias ont diffusé des articles sur le processus de sélection et la cérémonie d’abattage. Ce n’est pas un projet ordinaire ; il touche l’âme catholique de la France et du monde entier.

L’intérêt intense pour le processus de reconstruction rappelle le formidable pouvoir de l’Église sur les âmes. Malgré la crise apocalyptique de la foi au sein de l’Église, des objets comme Notre Dame parlent du vide superficiel de la postmodernité d’aujourd’hui. Les pauvres orphelins métaphysiques de ce siècle perdu ont besoin de la beauté, de la profondeur et de la sublimité que seule l’Église peut offrir.

Malheureusement, les responsables « éclairés » de l’Église gaspillent cette opportunité. Ils tergiversent dans d’affreuses platitudes de justice sociale qui n’attirent personne. Ils refusent de voir combien l’Église est attirante lorsqu’elle est fidèle à elle-même et à sa tradition.

La reconstruction de Notre Dame illustre cette vérité. Curieusement, toutes les grandes idoles sont tombées devant Notre Dame – comme il se doit.

Notre-Dame a vaincu le mensonge marxiste qui dépeint l’Église comme « l’opium du peuple ». Le peuple français s’est rallié à la défense de la cathédrale médiévale, insistant pour qu’elle soit reconstruite telle qu’elle était. Ils rejettent les projets modernistes et réclament une Notre Dame « à l’identique ». Les pouvoirs publics ont dû se plier à la volonté populaire écrasante et donner leur feu vert à la conception médiévale « arriérée ».

Notre Dame a vaincu le laïcisme militant. La politique de laïcité de la République française a toujours manifesté une hostilité officielle à l’égard de l’Église. Cependant, des représentants du gouvernement se sont consciencieusement présentés à la cérémonie de sélection des chênes organisée en grande pompe. Ces administrateurs, malheureusement pas les évêques, ont compris la nécessité de remplir l’occasion de symbolisme, de faste et de sens.

Jupilles (Sarthe), le 5 mars.
Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, a marqué le premier chêne devant servir à la reconstruction
de la flèche de Viollet-le-Duc. (AFP)

Malheureusement, la cérémonie officielle, malgré ce que semble croire John Horvat, est passée en grande partie sous les radars des grands médias, trop occupés à promouvoir la Cancel Culture et l’idéologie « pastèque »

Ainsi, contrairement à l’esprit matérialiste de l’époque, ce projet architectural est devenu un événement métaphysique. Il a pris une dimension qui dépasse les spécifications physiques et techniques des constructeurs. Il fait appel à un monde rempli de symboles, de principes et d’idées qui donnent un sens et un contexte aux choses et relient l’humanité à Dieu.

Tout le monde a senti que quelque chose d’historique et d’important se passait lors de la cérémonie de sélection des arbres dans la forêt. Peut-être n’était-ce pas sans rappeler la sélection originale des chênes qui avait eu lieu huit siècles auparavant . .

Des Français se sont joints aux représentants du gouvernement et aux travailleurs forestiers lors de la cérémonie qui s’est déroulée parmi les imposants chênes français qui se dressent depuis des centaines d’années dans l’historique et autrefois royale forêt de Bercé, dans la région de la Loire. L’arbre officiel « numéro un » était un chêne de 65 pieds (20m), méticuleusement choisi pour jouer son rôle dans cette fabuleuse aventure.

Ainsi, des chênes de toutes les régions de France se verront confier un destin sacré dans la cathédrale bien-aimée. La moitié des arbres proviennent de terrains de l’État, et le reste de dons privés. Il y a une sainte compétition entre les régions françaises pour fournir les arbres nécessaires. Chacun veut contribuer gratuitement à la cause. Des offres de chênes gratuits sont même venues d’autres pays, car tout le monde est impatient de faire partie de l’histoire.

Notre Dame a également vaincu les verts. Les objections de pure forme ont été rapidement surmontées. Les représentants du mouvement écologique étaient absents à la cérémonie. La restauration à forte teneur en carbone aurait dût être une cible naturelle pour les fanatiques de la Terre, mais ils savent que l’humeur nationale est contre eux. Un total de 1 000 chênes géants ont été minutieusement choisis et doivent être abattus au cours du mois de mars, mais aucun militant écologiste ne sera trouvé enchaîné à un arbre.

Les arbres, numérotés individuellement, reçoivent un ordre d’utilisation pour servir Dieu et les hommes. Ils doivent mesurer plus d’un mètre de large et soixante pieds de long. La récolte doit se faire rapidement en mars afin que la sève et l’humidité excessives n’endommagent pas le bois. Une fois coupés, les arbres seront séchés pendant 12 à 18 mois avant leur utilisation prévue.

Notre Dame peut surmonter ces obstacles car il ne s’agit pas d’une simple restauration mais d’une œuvre d’amour et de dévouement. Elle représente la continuité de quelque chose de spécial que les Français veulent voir perdurer bien au-delà de leur vie. En fait, les charpentiers travaillant sur le projet estiment que le toit en chêne durera au moins huit à dix siècles de plus, dépassant de loin ses concurrents en acier ou en béton.

« C’est un projet qui concerne toute la France », a déclaré le général Jean-Louis Georgelin, qui dirige l’effort de restauration. Il a bien vu que ce projet touche à l’essence de la France.

Cette conclusion est la seule façon d’expliquer pourquoi Notre Dame a renversé tant d’idoles modernes. Le projet implique bien plus qu’un bâtiment ou l’expression de la haute culture et du génie.

Il s’appuie sur la puissante influence de l’Église qui, avec la grâce de Dieu, suscite un grand enthousiasme. Au fond, la restauration de Notre-Dame représente l’alliance vitale, mais ténue, qui lie la France à la Vierge, à laquelle l’édifice consacré est dédié.

Cette restauration est une leçon pour tous les catholiques : De grandes choses sont possibles quand le lien avec la Vierge, même le plus petit, est maintenu. Les catholiques et le clergé doivent croire en ce pouvoir. Il pourrait tout changer.

C’est pourquoi la restauration doit aller au-delà de la reconstruction des structures de l’église et reconquérir les cœurs et les esprits à la Foi. La France doit reconstruire la maison de la Vierge et l’implorer de revenir comme reine. C’est alors que l’avenir de la France sera assuré.

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