Troisième volet de l’enquête du blog spécialisé italien de Pierachille Dolfini: Gioachino Rossini, Franz Schubert, Felix Mendelssohn.

Episodes précédents

Le magistère du pape Ratzinger sur la musique classique

Troisième Partie

V. Gioachino Rossini (1792-1868)

Encore une grande méditation sur le mystère de la mort dans le Stabat Mater de Gioachino Rossini, joué au Vatican en mai 2011 par l’Opéra de Rome.

Rossini avait conclu la phase opératique de sa carrière alors qu’il n’avait que 37 ans, en 1829, avec Guillaume Tell. À partir de ce moment, il n’a plus jamais écrit de pièces de grande envergure, à deux exceptions près, toutes deux de musique sacrée: le Stabat Mater et la Petite Messe Solennelle. La religiosité de Rossini est une religiosité qui exprime une riche gamme de sentiments face aux mystères du Christ, avec une forte tension émotionnelle. De la grande fresque initiale du Stabat Mater, douloureuse et affectueuse, aux passages où émerge le caractère cantabile rossinien et italien, mais toujours plein de tension dramatique, jusqu’à la double fugue finale avec le puissant Amen, qui exprime la fermeté de la foi, et le In sempiterna saecula, qui semble vouloir donner le sens de l’éternité.

commente le Pape Ratzinger qui retrace ensuite deux perles dans deux pièces a cappella de la Sequenza, le Eja mater fons amoris et le Quando corpus morietur.

Le maestro revient ici à la leçon de la grande polyphonie, avec une intensité émotionnelle qui devient une prière sincère: « Quand mon corps mourra, que l’âme reçoive la gloire du Paradis ». Rossini, à l’âge de 71 ans, après avoir composé la Petite Messe Solennelle, écrit: « Bon Dieu, la voilà, terminée cette pauvre Messe… Tu sais très bien que je suis né pour l‘opera buffa! Un peu de savoir, un peu de cœur, c’est tout. Soyez donc béni et accordez-moi le Paradis ». Une foi simple et authentique.

Écoutez ici le Stabat Mater de Gioachino Rossini dirigé par Carlo Maria Giulini.

VI. Franz Schubert (1797-1828)

Pour raconter Franz Schubert, en août 2008, Benoît XVI rappelle l’épitaphe du compositeur:

Il a fait résonner la poésie et parler la musique.

Le chef-d’œuvre du « prince du lied » – il en a écrit plus de six cents – Die Winterreise, Le Voyage d’hiver, voit le compositeur mettre en musique vingt-quatre textes de Wilhelm Müller.

Schubert exprime une atmosphère intense de triste solitude, qu’il ressentait particulièrement étant donné l’état de prostration de l’esprit causé par sa longue maladie et la succession de déceptions sentimentales et professionnelles. C’est un voyage entièrement intérieur, que le célèbre compositeur autrichien a écrit en 1827, un an seulement avant sa mort prématurée, qui l’a emporté à l’âge de 31 ans

médite le pape Ratzinger (qui a écouté la version pour piano et violoncelle, sans la voix humaine, remplacée par l’instrument à cordes) en rappelant ensuite que

quand Schubert fait tomber un texte poétique dans son univers sonore, il l’interprète à travers une trame mélodique qui pénètre l’âme avec douceur, amenant l’auditeur à ressentir le même regret ardent que celui ressenti par le musicien, le même appel de ces vérités du cœur qui vont au-delà de tout raisonnement. Le résultat est une fresque qui parle de vie quotidienne simple, de nostalgie, d’introspection et d’avenir. Tout refait surface en cours de route : la neige, le paysage, les objets, les gens, les événements, dans un flux tourmenté de souvenirs.

Ecoutez ici Winterreise de Franz Schubert chanté par Ditrich Fischer-Diskau

Ecoutez ici Winterreise de Franz Schubert pour piano et violoncelle

VII. Felix Mendelssohn (1809-1847)

La Symphonie n° 2 en mi bémol majeur Lobgesang [chant de louange] de Mendelssohn, jouée pour Benoît XVI au Vatican en avril 2012, est interprétée par l’orchestre qui l’a jouée pour la première fois en 1840, le Gewandhaus de Leipzig dirigé par Ricardo Chailly.

La Lobgesang a été composée par Mendelssohn pour célébrer le quatrième centenaire de l’invention de l’imprimerie et a été joué pour la première fois dans la Thomaskirche de Leipzig, l’église de Johann Sebastian Bach.

Trois mouvements confiés à l’orchestre, le dernier avec les voix des solistes et du chœur. Réflexion de Benoît XVI:

Dans une lettre à son ami Karl Klingemann, Mendelssohn lui-même expliquait que dans cette symphonie, « on loue d’abord les instruments dans leur manière plaisant, puis le chœur et les voix individuelles ». L’art en tant que louange à Dieu, Beauté suprême, est à la base de la manière de composer de Mendelssohn, et ce non seulement en ce qui concerne la musique liturgique ou sacrée, mais dans toute sa production. Et la devise que Mendelssohn a écrite sur la partition du Lobgesang dit à peu près: « Je voudrais voir tous les arts, en particulier la musique, au service de Celui qui les a donnés et créés »

Benoît XVI explique:

Le monde éthico-religieux de notre auteur n’était pas détaché de sa conception de l’art, il en faisait même partie intégrante. Une profonde unité de vie qui trouve son élément unificateur dans la foi, qui a caractérisé toute l’existence de Mendelssohn et a guidé ses choix. Une foi solide et convaincue, profondément nourrie par les Saintes Écritures, comme en témoignent, entre autres, les deux Oratorios Paulus et Elias, et le Lobgesang rempli de références bibliques, notamment des Psaumes et de saint Paul. Le duo entre les sopranos et le chœur est tiré du psaume 40: « J’ai espéré dans le Seigneur, il s’est penché sur moi et a écouté ma prière »: c’est le chant de celui qui place en Dieu toute son espérance et sait avec certitude qu’il ne sera pas déçu.

Ecoutez ici la symphonie n.2 Lobgesang de Felix Mendelssohn dirigée par Riccardo Chailly

A suivre…

Share This