Quelqu’un qui ne l’est pas encore aborde la question sur le mode satirique, c’est-à-dire par l’absurde (encore que…). Marcello Veneziani écrit une « demande de grâce » à un juge (qu’on imagine du futur, mais en réalité, nous y sommes déjà) afin de savoir comment il doit régler sa vie (de la naissance à la mort, et jusqu’aux moments les plus intimes) pour se conformer au nouveau « socialement-sexuellement-moralement correct ».

Demande de faveur au tribunal

Estimé Tribunal, Très Illustre Juge,

après votre énième intervention sur les couples, les célibataires et les adoptions, je vous adresse avec déférence un hommage et une prière. Je vous demande de m’attribuer une fiancée, ou un fiancé, à votre discrétion, et de décider du type de relation qui existera entre nous. A vous de décider, afin que nous puissions éviter les querelles ou les séparations en justice.

Je vous demande également humblement de décider, conformément à la loi, comment nous nous accouplerons, par quelle méthode nous aurons des enfants ou si nous les adopterons. C’est vous qui nous direz si nous nous lancerons dans la fécondation artificielle ou artisanale, avec la gestation pour autrui ou la paternité par cocufiage, la mère porteuse ou l’accouplement à distance (DAD: Didattica A Distanza); si une opération transgénique fera de nous des OGM, si nous adopterons la polygamie ou si nous devrons avoir en plus d’un conjoint hétéro un fiancé homo, pour ne pas encourir de sanctions en matière d’homophobie.

Dans le cas de l’adoption filiative, c’est vous qui déterminerez la priorité du sexe, de la race, de la couleur et du handicap.

Vous nous direz si nous pouvons nous appeler parents ou si nous prendrons le petit numéro comme à la poste.

Vous nous direz comment procéder pour le nom de famille de l’enfant, que ce soit par tirage au sort, gynécocratie, noms de famille variables, saisonniers, progressifs.

Vous déciderez également des biens, du patrimoine et de l’argent de poche. Et lorsque l’heure fatale approchera, vous nous donnez des instructions sur la manière de procéder, l’euthanasie, le tirage au sort, la roulette russe ou même la mort naturelle, comme le faisaient les primitifs. Vous donnerez les bonnes instructions au prêtre, au médecin, à l’infirmière, au ministre et à la famille.

En bref, donnez-nous le calendrier de la vie et nous nous plierons au verdict. Après l’heure légale, nous voulons la vie légale.

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