The Wanderer revient sur l’une des dernières interventions de François. Il s’agit d’un message vidéo enregistré à l’occasion de la Semaine nationale de la vie consacrée, dans lequel le Pape dénonce pour la énième fois certains (suivez mon regard) instituts de vie consacrée qui selon lui seraient « stériles » à cause du « manque de dialogue et d’engagement envers la réalité » . Et le cardinal-préfet Braz de Aziz en remet une couche!

Le message papal est disponible sur le site du Vatican uniquement en italien, espagnol et anglais.
Le compte-rendu officiel de Vatican News illustre à la perfection les propos (qui pourraient paraître sévères) du blogueur argentin: tous les mots-clés du lexique bergoglien sont là.

Dans un message vidéo enregistré à l’occasion de la 50ème semaine nationale des Instituts de Vie consacrée, le Pape François revient sur le défi de l’évolution de certains instituts, mettant en garde contre toute tentation de repli sur soi-même.
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La 50ème semaine nationale des instituts de vie consacrée se tient du 17 au 22 mai, co-organisée cette année par l’Institut théologique de la vie religieuse de Madrid et l’Institut pontifical Claretianum de Rome. Des journées de réflexion au programme desquelles sont prévues plusieurs conférences, qui seront retransmises en ligne en raison des restrictions sanitaires encore en vigueur. 
«Nous serons invités à analyser les valeurs de la société d’aujourd’hui à partir de notre condition de disciples et de membres du peuple de Dieu. Nous nous demanderons quelles contributions nous pouvons apporter au tissu culturel d’aujourd’hui, et comment nous pouvons continuer à répondre de manière évangélique à certains des défis auxquels nous sommes confrontés quotidiennement, tels que la migration et l’éducation à la justice», souligne l’Institut théologique de la vie religieuse de Madrid pour présenter cette semaine.
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C’est dans cet esprit que le Pape François a enregistré un message vidéo à l’adresse des participants. Le Saint-Père leur fait part de sa proximité et insiste sur le caractère dynamique des communautés de vie consacrée, «toujours en chemin». La vie consacrée se comprend «en dialogue avec la réalité» relève François, au risque de devenir «stérile». «La réforme est toujours un voyage, c’est un voyage au contact de la réalité et d’un horizon à la lumière d’un charisme fondateur», précise t-il. 
Le Pape met également en garde contre la tentation pour certains instituts de vie consacrée de «tomber dans l’idéologie», soulignant qu’il est «triste de voir comment certains instituts, pour rechercher une certaine sécurité, pour pouvoir se contrôler, sont tombés dans des idéologies de n’importe quelle tendance, de gauche, de droite, ou du centre».
«Garder le charisme fondateur vivant, c’est le garder en mouvement et en croissance, en dialogue avec ce que l’Esprit nous dit dans l’histoire des temps, dans différents lieux, à différents moments, dans différentes situations, poursuit le Saint-Père, cela présuppose le discernement et présuppose la prière.» 
«N’ayez pas peur des limites! N’ayez pas peur des frontières! N’ayez pas peur des périphéries!», conclut-il, «parce que c’est là que l’Esprit vous parlera

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https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2021-05/pape-francois-vie-consacree-charisme.html (17 mai 2021)

Bergoglio et le jeu des opposés

http://caminante-wanderer.blogspot.com/2021/05/bergoglio-y-el-juego-de-los-opuestos.html
24 mai 2021

On peut raisonnablement se demander si l’analyse des discours du pape François a un sens. Après huit ans de pontificat, personne ne peut nier qu’ils ne sont qu’une collection ennuyeuse et insignifiante de platitudes et d’inanités dont seuls ses sous-fifres et ceux qui les utilisent à des fins politiques ou personnelles prennent note.

La semaine dernière, cependant, deux événements se sont produits qui méritent qu’on s’y attarde. Il s’agit d’un message vidéo à l’occasion de la Semaine nationale de la vie consacrée et d’une rencontre virtuelle entre trois personnages patibulaires à l’occasion de la même célébration: le cardinal Braz de Aviz, le supérieur général des jésuites Arturo Sosa et la religieuse Jolanta Kafka, présidente de l’Association internationale des religieuses.

Le premier constat est l’incohérence grossière du discours de Bergoglio. Il affirme : « Je m’interroge sur la stérilité de certains instituts de vie consacrée, pour en voir la cause, et généralement elle se trouve dans le manque de dialogue et d’engagement envers la réalité ». Ce qui est certain, c’est que la grande majorité des instituts religieux d’aujourd’hui ne sont pas seulement stériles mais sont en train de mourir, et il est également certain que tous, au cours des dernières décennies, ont été caractérisés par le dialogue et l’engagement envers la réalité. Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur ce point pour prouver l’affirmation. Il suffit de mentionner les religieuses qui ont abandonné leurs couvents pour s’installer dans des bidonvilles afin d’être proches des pauvres et de défendre leurs droits, et les missionnaires qui ont cessé de prêcher l’Évangile pour apporter de l’eau potable à quelque hameau africain. Ils ont été imprégnés de la réalité jusqu’à la moelle et pourtant leurs instituts religieux se meurent et sont irrémédiablement condamnés à disparaître.

Dans le même temps, le cardinal Braz de Aviz, préfet des religieux, a prévenu que le pape François avait exprimé sa crainte que certains instituts religieux aient « une certaine tendance à s’éloigner un peu du Concile Vatican II, en adoptant des positions traditionalistes ». Ce qui est curieux, c’est que ce sont précisément ces instituts religieux, si peu enclins au dialogue et à l’engagement avec la réalité, qui ne sont pas stériles et dont les maisons de formation sont pleines d’étudiants. La réalité, à laquelle le Souverain Pontife accorde tant d’attention, montre clairement que les jeunes qui décident de consacrer leur vie à Dieu, choisissent principalement les instituts qui leur assurent l’attachement et la proximité à la tradition, et s’éloignent par conséquent des principes pastoraux inaugurés par Vatican II.

Il semblerait donc que le pape François ne voit qu’une partie de la réalité, celle qui convient à ses idéologies. L’autre partie, celle que nous voyons, est condamnée et accusée d’être dangereuse.

Mais un autre aspect doit également être pris en compte. Le pape François saisit toutes les occasions de générer des divisions au sein de l’Église. Dans le cas que nous analysons, il se consacre à désigner les stériles incapables de dialoguer avec la réalité et les traditionalistes obstinés qui prennent leurs distances avec Vatican II. Et il suffit de lire ou d’écouter n’importe lequel de ses discours et homélies pour y trouver toujours un fort empressement à susciter des oppositions. En Argentine, nous dirions qu’il se consacre à approfondir le clivage, ce qui, soit dit en passant, est une pratique courante du péronisme.

L’origine du mécanisme intellectuel de Bergoglio remonte à loin. L’un de ses professeurs, le regretté jésuite Juan Carlos Scannone, a affirmé que l’un des livres de chevet du jeune étudiant Bergoglio avait été L’opposition polaire de Romano Guardini, où cet auteur établit ses fondements philosophiques. Il renvoie à une opposition qui se constitue dans une relation qui apparaît dans toutes les déterminations quantitatives, qualitatives et vitales de la réalité. Dans cette relation, les deux moments s’excluent l’un l’autre en s’impliquant mutuellement en même temps, et même en se présupposant l’un l’autre. Les termes ne se contredisent pas comme la thèse et l’antithèse de Hegel, mais s’opposent seulement l’un à l’autre. Ils ne s’excluent pas l’un l’autre car ils restent toujours en tension, il n’y a pas de synthèse, mais chacun reste fixé à sa place.

Mais la particularité qui apparaît dans le cas du Pape est que pour lui il y a deux types d’opposés : ceux qui resteront tels et qui doivent rester tels pour préserver l’opposition sur laquelle se fonde la théorie de Guardini, et les opposés qui, eux, doivent être détruits. Curieusement, les premiers sont les ennemis historiques de la foi, et les seconds ses amis.

Bergoglio embrasse tous les contraires par rapport auxquels il n’y a pas de synthèse possible: les musulmans, les protestants ou les avorteurs, parmi beaucoup d’autres. Ceux qui sont en dehors de l’Église et qui resteront en dehors, sont reconnus comme des opposés et sont respectés et embrassés. Ceux qui sont à l’intérieur de l’Église, en revanche, sont des adversaires dangereux, qu’il faut surveiller et, dans la mesure du possible, punir. A proprement parler, ils ne sont pas opposés mais ennemis. Il n’y a pas d’embrassades ni de ponts à construire avec eux. La rupture est imposée.

Bergoglio n’est pas seulement un personnage pathétique. C’est un personnage cruel et dangereux. Comme le définit bien l’essayiste argentin Juan José Sebrelli, il est « le machiavélique Ignace de Loyola sous les traits du doux François d’Assise ».

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