De Giuseppe Nardi: recevant hier 10 juin des séminaristes italiens il leur a martelé que la « rigidité » est, avec le « cléricalisme » une des perversions du sacerdoce. Un leitmotive qui défie la raison alors qu’au même moment, en Allemagne, la barque-église part à la dérive. Le Pape pense-t-il sérieusement que c’est la rigidité de « certains » qui met en péril l’unité, en empêchant son ami Marx de poursuivre son Synodal Weg?

« La rigidité est un peu à la mode aujourd’hui, mais elle est une expression du cléricalisme »

Giuseppe Nardi
katholisches.info
11 juin 2021

(Rome)
Le 10 juin a été marqué par la nouvelle que le pape François a rejeté l’offre du cardinal Reinhard Marx de démissionner de son poste d’archevêque de Munich et Freising. Pourtant, on ne devait pas s’attendre à autre chose. Ce n’était toutefois pas « beaucoup de bruit pour rien », parce que dès le départ, le destinataire de la campagne était un autre : la « démission » de Munich n’est pas un message à Rome, mais à Cologne. L’opération « offre de démission » avait pour but de renforcer la ligne schismatisante de la « Voie synodale » allemande. C’est exactement ce qui s’est passé hier, comme prévu. Mais François est également revenu hier à l’un de ses thèmes favoris.

Le Pape a reçu en audience la communauté du Séminaire Pontifical Régional des Marches « Pie XI ». Ce séminaire, basé à Ancône, forme la prochaine génération de prêtres des Marches. Jusqu’en 1860, les Marches, aujourd’hui région de la République italienne, faisaient partie des États pontificaux, c’est pourquoi l’institution jouit du statut de séminaire pontifical. Les Marches du Nord ont fait partie du Patrimonium Sancti Petri pendant 1100 ans. Les Marches du Sud depuis près de 700 ans. Le nom des Marches remonte aux Carolingiens, car cette région de la mer Adriatique formait la frontière sud du Saint Empire romain germanique rétabli.

Dans son discours aux séminaristes et aux professeurs du séminaire, François en est venu à parler des « rigides », ceux qui sont « rigides » et « inflexibles ». Ils ont été une nouvelle fois matraqués par le chef de l’Église. Littéralement, le pape a dit :

Méfiez-vous des expériences qui conduisent à des intimismes stériles, des “spiritualismes enrichissants”, qui semblent donner de la consolation et au contraire conduisent à des fermetures et des rigidités. Et ici je m’arrête un peu. La rigidité est un peu à la mode aujourd’hui ; et la rigidité est une des manifestations du cléricalisme. Le cléricalisme est une perversion du sacerdoce : c’est une perversion. Et la rigidité est l’une de ses manifestations. Quand je trouve un séminariste ou un jeune prêtre rigide, je me dis “il est arrivé quelque chose de mauvais en lui”. Derrière toute rigidité, il y a un grave problème, parce que la rigidité manque d’humanité.

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Traduction en français Zenit

François a ensuite évoqué « les quatre dimensions de la formation : la dimension humaine, la dimension spirituelle, la dimension intellectuelle et la dimension pastorale. »

En ce qui concerne la dimension spirituelle, il a déclaré avec force :

que la prière ne soit pas du ritualisme – les rigides finissent dans le ritualisme, toujours

Et plus loin :

que la prière soit une occasion de rencontre personnelle avec Dieu. Et si tu veux te mettre en colère contre Dieu, fais-le : parce que se mettre en colère contre son papa est une façon de communiquer l’amour. N’ayez pas peur : Il comprend ce langage, il est père – rencontre personnelle avec Dieu, de dialogue et de familiarité avec Lui. Faites attention à ce que la liturgie et la prière communautaire ne deviennent pas une célébration de nous-mêmes.

La « célébration de nous-mêmes » est l’une des principales critiques du traitement « créatif » du Novus Ordo Missae, dans lequel le centre de la liturgie n’est pas Dieu mais l’homme qui se célèbre lui-même.

Mais ce n’est évidemment pas cela que François voulait dire.

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