Le cher Benoît XVI fête aujourd’hui le 70e anniversaire de son ordination sacerdotale. J’y ai pensé ce matin, bien sûr, et j’aimerais juste ici lui adresser mes vœux les plus affectueux, même si je sais qu’il ne les lira pas.
Merci aux lecteurs qui me l’ont rappelé, en m’envoyant des liens vers des articles publiés sur les sites catholiques habituels; des articles qui je l’avoue me laissent de marbre, et que je ne me sens pas de reproduire parce qu’ils ne nous apprennent rien, se contentant de répéter en boucle les mêmes banalités d’année en année; et surtout parce qu’à travers Benoît, ils célèbrent en réalité François et ils instrumentalisent la cordialité apparente de leur relation pour faire passer l’idée d’une continuité imaginaire entre les deux Papes, alors que le second, derrière les sourires et les flatteries, s’acharne à détruire méthodiquement, pierre après pierre, l’édifice construit patiemment pendant les 8 années du pontificat bénédictin.

Alors, bonne fête, cher Saint-Père, et s’il vous plaît, faites en sorte que nous célébrions encore ici-bas avec vous le 71e anniversaire de ce beau jour du 29 juin 1951, que vous avez si bellement décrit dans vos mémoires.

Nous étions plus de quarante aspirants à répondre adsum à l’appel : « me voici », par une journée d’été radieuse, qui reste dans ma vie un sommet inoubliable. Il ne faut pas être superstitieux ; mais au moment où le vieil archevêque m’imposa les mains, un petit oiseau, sans doute une alouette, s’éleva du maître-autel dans la cathédrale et lança ses trilles en un chant d’allégresse ; ce fut pour moi comme une exhortation d’En-Haut : C’est bien ainsi, tu es sur le bon chemin.

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Les quatre semaines estivales qui suivirent furent comme une grande fête. Le jour de ma première messe, notre église paroissiale Saint-Oswald brillait de tout son éclat. La joie qui emplit tout l’espace de manière presque tangible, nous entraîna tous de la façon la plus vivante dans une « participation active » au Saint Sacrifice, qui ne nécessitait pas de gestes d’affairement. Nous étions invités à porter la bénédiction de notre première messe dans les maisons et fûmes partout accueillis, même par des personnes totalement inconnues, avec une cordialité inimaginable. J’ai alors pu constater à quel point les hommes attendent le prêtre, la bénédiction qui vient de la force du sacrement. Là, il ne s’agissait pas de ma personne ou de celle de mon frère: qu’aurions-nous bien pu apporter par nous-mêmes, nous les jeunes, à tous ceux que nous rencontrions ? Ils voyaient en nous des hommes mandatés par le Christ et habilités à Le porter aux autres.
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Ma vie, Souvenirs, 1927-1977, Arthème Fayard 1998, page 76
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