Un bel article d’Angela Ambrogetti, et, relevé par le Père De Souza (NCR) le service minimum du Pape François. (mais il faut être logique, je me contredirais si je le critiquais sur ce point!) qui s’est fendu… d’un tweet!

70 ans de sacerdoce célébrés en privé avec un chœur d’anciens Domspatzen

Une exposition d’objets de sa vie sacerdotale et une biographie par la Fondation Ratzinger pour célébrer l’événement.

Andrea Ambrogetti
ACI Stampa
29 juin 2021
Ma traduction

« Ce sont des morceaux de sa vie, mais ils sont devenus des morceaux de son cœur. » C’est ainsi que l’archevêque Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale et secrétaire personnel de Benoît XVI, décrit la petite exposition « mais surtout très appropriée à l’époque et à l’occasion » consacrée aux 70 ans de sacerdoce du pape émérite qui sont célébrés aujourd’hui. Pas d’événement public en raison des difficultés liées à l’âge du jubilaire qui a eu 94 ans le 16 avril dernier.

« Il a été très surpris par l’idée et en même temps très heureux car pour lui, être prêtre est la chose la plus importante de sa vie. Il a vécu pour devenir prêtre, puis il a vécu en tant que prêtre », explique Gänswein. Du reste, « la chose la plus importante, le contenu de toute sa vie, c’est le sacerdoce, et c’est pour lui un moment d’action de grâce pour tout ce qu’il a reçu du Seigneur ».

Il s’agit « d’objets qui proviennent de différentes périodes de sa vie, de sa première communion à la chasuble qu’il utilise encore lorsqu’il célèbre la messe dans la chapelle du monastère Mater Ecclesiae« , explique Gänswein, « l’arc de toute sa vie, des objets qui rendent sa vie visible, mais aussi une façon de rendre grâce pour 70 ans de sacerdoce, qui sont quelque chose d’extraordinaire.

Une célébration privée mais avec une surprise. À la messe de ce matin, il y avait aussi quelques anciens Domspatzen de Ratisbonne, aujourd’hui des hommes adultes, qui chantaient dans le chœur de Ratisbonne lorsque son frère était maître de chapelle. Ils ont chanté une messe d’un compositeur allemand et « c’est pour lui une joie du cœur qu’il a beaucoup appréciée » dit l’archevêque.

Georg Ratzinger, le frère de Benoît XVI, de trois ans son aîné, est décédé le 1er juillet 2020. Il était également devenu prêtre le 29 juin 1951 avec son frère.

À cette occasion, une biographie très spéciale de Benoît XVI a été publiée : «Benedetto XVI. La vita e le sfide» (« Benoît XVI. Vie et défis ») publié par la Fondation vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI et rédigé par Luca Caruso, responsable de la communication de la Fondation.

Dans la brève préface, l’archevêque Gänswein écrit : « Chaque fois que l’on essaie de comprendre et d’encadrer Benoît XVI, des divisions et des querelles surgissent immédiatement. Il est considéré comme l’un des penseurs les plus intelligents de notre époque et en même temps un personnage fascinant. Mais aussi une figure inconfortable pour ses adversaires, qui ne manquent pas. À cet égard, un intellectuel français a noté un jour que dès que le nom de Ratzinger était mentionné, ‘les préjugés, le mensonge et même la désinformation régulière dominaient toutes les discussions’. Ainsi, il n’est pas rare que l’on construise une image qui ne puisse montrer la réalité ni de la personne ni de l’œuvre, mais seulement une représentation fictive destinée à servir un but précis.

Alors, qui est vraiment cet homme ? Quel est son message ? Luca Caruso offre une réponse aussi convaincante et j’ose dire sympathique que véridique, en racontant ses origines et ses caractéristiques personnelles, les défis d’époque mais aussi les moments dramatiques et les vicissitudes délicates et compliquées qui ont marqué l’existence de Joseph Ratzinger-Benoît XVI. Il convient de souligner que l’auteur ne perd jamais la distance nécessaire, saine et objective, dans l’exposition de ses observations et réflexions, sans laquelle aucune compréhension véritable n’est possible ».

L’exposition est organisée et présentée à la Galleria Arte Poli à Rome, à quelques pas du Vatican dans le Borgo Vittorio 88, et est organisée par Ivan Marsura qui en est le directeur.

Elle se tiendra jusqu’au 22 décembre prochain. C’est la première fois que certains objets personnels du Saint-Père Benoît XVI quittent sa maison pour être exposés et admirés par tous. « Cooperatores veritatis », le titre de l’exposition, présente sa dernière soutane papale portée en février 2013, un calice avec lequel il a célébré le premier anniversaire de sa renonciation et d’autres objets comme une photographie signée par les deux papes, François et Benoît.

Le « service minimum » de François

L’anniversaire de l’ordination à la prêtrise du Pape Benoît reçoit une commémoration décevante au Vatican

Fr De Souza
NCR
30 juin 2021

La célébration discrète au Vatican contraste avec l’attention accordée il y a cinq ans au 65e anniversaire de Benoît XVI, quand le pape émérite avait parlé de l’identité sacerdotale d’action de grâce dans son dernier discours public.

À 94 ans et de plus en plus fragile, il est fort possible que nous n’entendions plus le pape émérite Benoît XVI. Le 70e anniversaire de son ordination sacerdotale s’est déroulé dans le calme à Rome le 29 juin, en la solennité des Saints Pierre et Paul.

Il n’y a pas eu d’apparition publique, pas même une photo. Benoît XVI, qui ne peut plus se tenir debout assez longtemps pour célébrer la Sainte Messe, concélèbre depuis son fauteuil roulant avec son secrétaire personnel, l’archevêque Georg Ganswein.

En guise de cadeau d’anniversaire, des choristes qui ont chanté autrefois dans le chœur de la cathédrale de Ratisbonne sont venus à la résidence Mater Ecclesiae pour chanter pour Benoît.

Mais c’est tout. Une galerie privée a organisé une petite exposition liturgique d’objets de la longue vie sacerdotale de Benoît XVI. Le bureau de presse du Saint-Siège n’a fait aucune mention de cet anniversaire. Il n’a même pas été inclus dans l’aperçu hebdomadaire des événements qui inclut habituellement les anniversaires de toutes sortes, y compris cette semaine le 14e anniversaire de la lettre de 2007 de Benoît XVI aux catholiques de Chine.

Le pape François n’a pas rendu de visite publique à Benoît XVI, et il n’y a pas eu de lettre papale comme celle que saint Jean-Paul II avait envoyée pour le 50e anniversaire de Ratzinger en 2001. Dans son discours de l’Angélus Pierre et Paul, le pape François a ajouté quelques lignes de gratitude dans la section habituellement réservée aux brefs commentaires sur l’actualité. Les mots pour Benoît XVI suivaient les souhaits adressées à L’Osservatore Romano pour son 160e anniversaire.

L’absence de célébration au Vatican a été frappante, compte tenu de l’importance que le Vatican accorde habituellement aux anniversaires. Aucun pape élu n’a jamais été prêtre pendant 70 ans ; le pape François devrait vivre jusqu’à 103 ans pour compléter sept décennies. Jean Paul n’a pas fait 60 ans.

Lors de son 60e anniversaire en 2011 [ndt: dossier sur Benoit-et-moi], Benoît XVI avait consacré la majeure partie de son homélie de la fête des SS Pierre et Paul à une réflexion sur son ordination sacerdotale. À l’époque, à la fin du rite d’ordination, l’évêque prononçait devant les nouveaux prêtres les paroles de Jésus : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis » (Jean 15,15). Benoît XVI rappelait:

Jésus m’appelle son ami. Il m’accueille dans le cercle de ceux à qui il avait parlé au Cénacle… Il m’accorde la faculté, presque effrayante, de faire ce que lui seul, le Fils de Dieu, peut légitimement dire et faire : Je vous pardonne vos péchés. … Je sais que le pardon a un prix : dans sa Passion, il est descendu dans les ténèbres sordides de nos péchés. Il est descendu dans la nuit de notre culpabilité, car c’est seulement ainsi qu’elle peut être transformée. Et en me donnant le pouvoir de pardonner les péchés, il me laisse regarder dans l’abîme de l’homme, dans l’immensité de sa souffrance pour nous les hommes, et cela me permet de sentir l’immensité de son amour. Il a confiance en moi : « Non plus des serviteurs, mais amis ». Il me confie les paroles de la consécration dans l’Eucharistie.

Cinq ans plus tard, le 65e anniversaire de [l’ordination de] Benoît XVI a été marqué par un rassemblement spécial des cardinaux à Rome, un discours du pape François et la publication officielle d’un recueil des écrits de Benoît XVI sur le sacerdoce, édité par le cardinal Gerhard Müller, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. [benoit-et-moi.fr/2016/benot-xvi/65e-anniversaire-de-lordination]

C’est à cette occasion que Benoît XVI a prononcé son dernier discours public S’exprimant sans note, il a parlé du sacerdoce comme d’une identité d’action de grâce, un « Eucharistomen« . Il a rappelé qu’un de ses camarades de classe, le père Rupert Berger, avait écrit ce seul mot sur son image d’ordination.

Benoît XVI a ensuite évoqué les mots qui précèdent juste la consécration en latin : gratias agens benedixit fregit deditque. Jésus, prenant le pain, en rendant grâce, le bénit, le rompit et le donna.

Ce que Jésus fait avec le pain de l’Eucharistie, il le fait aussi avec l’homme ordonné prêtre – il le prend, rend grâce au Père, le bénit, le rompt et le donne à l’Église. Benoît XVI pensait alors presque certainement à son ami, le regretté Hans Urs von Balthasar, qui a écrit sur sa carte d’ordination : benedixit, fregit, deditque.

« Eucharistomen renvoie à la réalité de l’action de grâce, à la nouvelle dimension que le Christ lui confère », disait Benoît XVI il y a cinq ans :

« La croix, la souffrance, tout ce qui ne va pas dans le monde : Jésus a transformé tout cela en action de grâce et donc en bénédiction. Il a donc fondamentalement transsubstantié la vie et le monde, et il nous a donné et nous donne chaque jour le pain de la vraie vie, qui transcende ce monde grâce à la force de son amour. »

*

http://benoit-et-moi.fr/2016/benot-xvi/65e-anniversaire-de-lordination-video.html

Sa voix réduite à un murmure, Benoît XVI n’a plus de paroles publiques à offrir. Ce qui reste, c’est l’eucharistie de l’ancien serviteur des serviteurs de Dieu, qui a entendu il y a 70 ans qu’il n’était plus un serviteur, mais un ami prêtre de Jésus.

Share This