Il est certes l’homme qui aura accéléré le processus de plongeon de l’Eglise dans un « état comateux » (cf. AM Valli), mais aussi, au moins sur le papier, le chef du milliard de catholiques habituellement revendiqués (même si ses troupes ne l’écoutent plus guère). Pour cette raison, la grave opération qu’il a subie nous intéresse tous, même ceux qui n’apprécient pas sa personnalité. Le site vatican quasi officiel Il Sismografo, repris ici par Marco Tosatti, met en garde contre les déformations médiatiques et brosse un tableau exemplaire (du point de vue journalistique) des perspectives du pontificat.

Le Pape après l’opération: analyses et perspectives

Le Pape n’a pas besoin de la courtisanerie de la presse

Tout d’abord, nous voulons renouveler nos souhaits et nos prières au Saint Père François et remercier Dieu qui l’a protégé dans un moment extrêmement délicat en lui donnant non seulement la capacité de se rétablir mais aussi vitalité et réactivité et, chose remarquable, une équipe médicale et un centre de santé parmi les meilleurs au monde. Il y a cependant un détail très important que beaucoup, en ces heures, sous-estiment, ignorent ou manipulent : la maladie qui a frappé le pape François est grave et dégénérative. Elle pourrait même être chronique.

Certes, le Saint-Père reviendra au Vatican pour reprendre son chemin sur les traces de Pierre, mais il ne sera plus jamais le même. Toute la rhétorique sur un « surhomme » Jorge Mario Bergoglio nuit à son image et à son charisme. Les personnes qui lisent, écoutent ou voient les nouvelles ne sont pas stupides ou incapables de réfléchir et de se poser des questions, également parce qu’il y a des millions de familles qui ont vécu des expériences similaires avec leurs personnes âgées. Nous savons par de nombreuses sources de presse autorisées que le Pape, dimanche soir, a subi sous anesthésie totale et avec de puissants sédatifs, d’abord une opération laparoscopique (presque une sorte de scrutation de la partie inférieure de la cavité abdominale, avec de petites sondes très sophistiquées) et immédiatement après une manipulation chirurgicale “open” ou « à ciel ouvert » pour entrer et travailler avec les mains dans un champ de vision total. La laparoscopie a rencontré des obstacles insurmontables et donc, comme cela arrive souvent dans ce type d’opération, en cours de route, le chirurgien et son équipe ont décidé – le patient avait donné son consentement à cette possibilité au moment de son admission – de passer à une autre méthode qui a permis de retirer plusieurs centimètres du côlon qui font maintenant l’objet de contrôles histologiques rigoureux.
D’un passage du bulletin du Bureau de presse du Vatican d’hier, mardi 6 juillet, qui assure que le Pontife « a pris son petit-déjeuner », on peut déduire que l’opération n’a pas été particulièrement dévastatrice et c’est une très bonne nouvelle.
Les fidèles adultes et matures comprennent, même si c’est avec douleur, que le pape François vivra la vie que Dieu lui donnera avec de nombreuses limitations physiques et physiologiques ainsi que métaboliques. Il devra être suivi continuellement avec d’importants contrôles cliniques et d’autres hospitalisations peuvent être supposées, même si elles sont brèves ; les instruments absolument nécessaires pour l’imagerie diagnostique n’existent pas au Vatican et ceux du Gemelli de Rome sont les plus modernes technologiquement.
Il est donc bon d’attendre avec affection et sérénité ce que fera le Saint-Père afin que tout soit le fruit de ses décisions et de celles des médecins qui le conseillent, sans avoir à subir la pression des médias.
Il n’est pas nécessaire d’inventer quoi que ce soit pour maintenir haut le profil de François, encore moins de prochains voyages internationaux et même intercontinentaux. Il est clair que François est désireux de se rendre à Budapest pour la clôture du 52e Congrès eucharistique international, puis en Slovaquie à la mi-septembre, mais personne ne sait aujourd’hui si ce pèlerinage sera possible. Il faut espérer que ces visites deviendront une réalité mais on ne peut en dire plus.
Le Saint-Père doit prendre soin de sa santé et il doit être aidé par tous, principalement par les catholiques. Il sait qu’il va devoir changer beaucoup de choses dans sa vie : fatigue, repos, limites, nutrition, exercices physiques de réadaptation…
Une petite façon d’être proche du Pape pendant qu’il récupère ses forces – un processus lent, progressif et complexe – est de mettre fin à la courtisanerie dans la presse. Le pape François n’en a pas besoin.

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