C’est le mot utilisé par Mgr Gänswein dans la préface d’un ouvrage paru à l’occasion du 70ème anniversaire de son ordination sacerdotale. De quoi relancer les hypothèses sur les mystérieux « loups » évoqués par le Pape Benoît XVI à peine élu, nous demandant de prier afin qu’il ne fuie pas « par peur, devant eux ».

Comment les « adversaires » ont fait barrage à Ratzinger

Célébrations au Vatican, où Joseph Ratzinger atteint soixante-dix ans de sacerdoce. Entre-temps, un texte est publié dans lequel il est question d’ « adversaires ».

Cadeau musical
Six anciens chanteurs des Regensburger Domspatzen ont chanté pour célébrer l’évènement
(29 juin 2021)

Francesco Boezi
Il Giornale
6 juillet 2021
Ma traduction

Soixante-dix ans de sacerdoce au service de l’Église catholique, avec une parenthèse comme Pape que l’histoire a déjà immortalisé. Joseph Ratzinger a célébré un anniversaire important ces jours-ci. L’ex-pontife, qui a choisi de s’effacer avec la décision historique de la « démission », n’a jamais cessé de faire parler de lui. Au cours de ces huit années, chaque discours du Pape émérite a été accompagné des louanges de ceux qui n’attendaient rien d’autre (même si c’était dans un but d’instrumentalisation), mais aussi des critiques, parfois féroces, de ceux qui pensent que Benoît XVI, en raison d’une promesse de silence jamais prononcée, devrait se taire, ou de ceux qui, fréquemment, aussi au cours du pontificat précédent, se sont distingués comme « adversaires ».

Nous n’avons pas peur d’utiliser le mot parce que Mgr Georg Gänswein, l’évêque le plus désigné pour parler de la vie et de l’œuvre de Ratzinger, l’a choisi récemment. Dans l’introduction de Benedetto XVI, la vita e le sfide (Benoît XVI, la vie et les défis), un livre de Luca Caruso publié sous le patronage de la Fondation Vaticane Joseph Ratzinger, le secrétaire personnel de l’ex-pontife écrit que « …chaque fois que l’on essaie de comprendre et d’encadrer Benoît XVI, des divisions et des querelles surgissent immédiatement ». Et que Ratzinger est « …considéré comme l’un des penseurs les plus intelligents de notre temps et en même temps un personnage fascinant ». Mais aussi une figure inconfortable pour ses adversaires, qui ne manquent pas ». Et c’est peut-être aussi ce caractère « inconfortable » qui a conduit, au fil du temps, à l’émergence du « ratzingerisme » : non pas une idéologie, un mouvement politico-clérical ou un courant interne, mais une manière de concevoir le catholicisme selon la doctrine, en gardant toujours à l’esprit les apports théologiques et l’approche générale de l’homme consacré qui a choisi de descendre du trône de Pierre à notre époque.

Les ratzingeriens sont donc ceux qui ne doutent ni des raisons du renoncement ni de la portée globale de la contribution apportée par le théologien bavarois à la confession catholique, mais aussi à l’Occident tout entier. Les ratzingeriens sont aussi ceux qui n’instrumentalisent pas les messages que l’émérite a voulu diffuser depuis qu’il a abandonné le ministère pétrinien.

Le texte de Caruso est un voyage complet à travers toute la parabole de l’émérite comme homme consacré. L’introduction de Gänswein, ne serait-ce que pour son auteur, peut revêtir une signification particulière. Le secrétaire de l’ancien pape rappelle qu’ « un intellectuel français a remarqué que dès que le nom de Ratzinger était mentionné, ‘les préjugés, les contre-vérités et même la désinformation régulière dominaient toutes les discussions' ».

On pourrait parler de Ratzinger comme d’une personnalité qui divise, mais il n’en est rien. Tous ceux qui connaissent l’avant-dernier évêque de Rome soulignent souvent sa clémence et sa volonté d’empêcher la désintégration de l’Église catholique, quelle que soit son expression. La propagande a bien fait son travail en attribuant à Ratzinger des caractéristiques qui ne sont pas les siennes.

Mgr Gänswein, dans son texte, parle d’un  » objectif spécifique « . Cela peut se faire par la construction d’ « une image qui n’est pas en mesure de montrer la réalité ni de la personne ni de l’œuvre, mais seulement une représentation fictive ». On peut se demander à quel « objectif spécifique » le secrétaire privé fait référence. Peut-être aux tentatives de délégitimation qui ont été faites dans divers domaines et thèmes. L’ancien Pape lui-même a reconnu qu’il était devenu la victime d’attaques de la part de certains cercles opérant en Allemagne, par exemple, où le ratzingerisme semble aujourd’hui représenter un rempart à la défense d’un bouleversement que les promoteurs de certaines néo-instances doctrinales voudraient soutenir.

Le livre de Caruso aborde également le rapport avec François, en mettant plus qu’un accent sur la « coexistence sereine » qui a caractérisé cette situation, qui reste anormale. Plus généralement, c’est un livre vraiment exhaustif pour connaître les phases centrales du pontificat, mais aussi les débuts et les nuances moins connues du grand public.

La curiosité demeure quant à ce mot :  » adversaires « . Quand on lit sur Ratzinger, on rencontre souvent ce terme. Peut-être sommes-nous encore dans la zone des « loups » dont Ratzinger a parlé dans le lointain 2005.

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