Ce n’est pas la première fois que Marcello Veneziani dit – non sans une fine ironie -son exaspération face à la répétition ad nauseam d’un unique argument, qui occupe tous les médias, toutes les conversations, tous les les débats. Ne pourrait-on pas f… la paix aux gens et parler d’autre chose, plutôt que d’alimenter l’hystérie et la peur avec une information monomaniaque?

Roberto Speranza, le ministre de la santé italien, clone non-photogénique de Véran.
On va dire (charitablement) que la photo ne l’arrange pas:

Un appel du cœur, urbi et orbi, à tous les militants de la vaccinocratie et à leurs opposants, déserteurs et fugitifs : mettons fin à cette interminable coda alla vaccinara [1]. Je dis cela indépendamment des croyances et des choix individuels sur le sujet des vaccins. Nous avons eu une pandémie, nous avons eu une rechute, elle n’a pas encore disparu, et nous craignons qu’elle ne revienne avec une certaine virulence. Depuis dix-huit mois, dix-huit mois, nous en parlons de manière exagérée et obsessionnelle, vivant dans l’ombre de la contagion et de ses remèdes. Même pendant une guerre, à l’exception des moments les plus tragiques, on ne vit pas autant sous la psychose qu’avec ce satané covid. Dans une guerre, vous vivez avec les bombes, les nouvelles du front, les attaques aériennes et les combats. Mais vous faites aussi d’autres choses, la vie continue. Le covid, par contre, est devenu chronique, mais il reste le fait du jour, de chaque jour.

Nous savons que le virus fait mal, qu’il a fait des milliers de victimes parmi des millions d’habitants, qu’il a généré des prophylaxies publiques et des changements de vie drastiques, et qu’il se régénère avec des variants ; mais bon, ne pouvons-nous pas simplement le considérer comme un mal avec lequel il faut vivre, comme nous le faisons avec les infarctus, les cancers, les accidents vasculaires cérébraux, la maladie d’Alzheimer et d’autres maladies ? Je ne dis pas qu’il faut prendre cela à la légère, baisser la garde, se résigner ou fermer les yeux sur les chiffres et les nouvelles ; je ne dis pas non plus qu’il faut adopter une position hostile, minimaliste ou neutre à l’égard des vaccins et des mesures dont nous sommes constamment menacés pour rendre hommage à la Bête et la tenir à distance, mais avec son ombre gigantesque. Nous ne pouvons pas réduire l’humanité à une file d’attente permanente vers et depuis les hôpitaux, vers et depuis les pharmacies et les hubs [centres de vaccination], avec toutes les informations et même les divertissements qui, depuis un an et demi, nous persécutent avec ce fléau, l’amplifiant et le dramatisant. Disons que si le dommage réel est de dix, le dommage que nous nous sommes infligés en l’exagérant est de cent, voire de mille.

Nous ne réalisons pas combien d’autres choses, au ciel et sur terre, dans nos vies et dans nos corps, dans nos âmes et dans nos esprits, sont sacrifiées, mises de côté pour faire place au Moloch de la santé et à ses peurs. Chaque fois que l’humanité a un thème unique au centre de sa vie, une obsession unique, un culte unique auquel il lui est interdit d’échapper, elle se décourage, elle devient lâche. Elle se replie sur elle-même, elle s’enroule autour de ses propres cauchemars ainsi que de ses propres viscères, elle vit dans une bulle de narcissisme sanitaire, cri ultime du narcissisme ; un cri de douleur et d’angoisse pour l’ego en danger.

Allez, on ne peut pas vivre ainsi aussi longtemps. Et nous ne pouvons pas, grâce au spectacle 24 heures sur 24 des stars virologistes et de leurs troupes télévisuelles complémentaires, accepter sans coup férir cette colonisation de l’imaginaire et du lexique quotidien. A terme, la colonisation des esprits devient la colonisation des personnes, tétanisées par un thème unique et réduites au bio-mécanisme peur/santé, menace/sécurité. Cela ressemble à l’un de ces tests effectués en laboratoire sur des cobayes, des souris ou d’autres animaux, pour mesurer les réflexes conditionnés, les réactions aux stimuli, aux aiguilles et aux sirènes. Pour l’expérience sur l’homme, les couleurs sont aussi utilisées : jaune, orange et rouge dans les zones interdites, vert pour le pass, blanc pour le salut ou la blouse.

Même en supposant que toute la campagne sanitaire est nécessaire et inévitable, et que toutes les procédures ultérieures le sont également, je me demande : mais pourquoi au bout de dix-huit mois, et je dis bien dix-huit mois, ne peut-on pas démanteler ou au moins redimensionner la filière, les systèmes agrégés et dérivés, l’endoctrinnement permanent, la mobilisation éthico-liturgique et idéologico-sanitaire, l’emphase médiatico-culturelle, la narration globale incessante ?

La monotonie tue plus que tout, la réduction de l’homme à une seule dimension, comme le disait Herbert Marcuse, est la pire des aliénations et le pire des esclavages. On ne parle plus des qualités et des défauts d’une personne, de sa profession et de ses passions, de ses amitiés et de ses amours ; on juge seulement si elle est vaccinée ou non, si elle soutient ou boycotte les inoculations, si elle a un green pass ou l’a acheté au marché noir, si elle est croyante, athée ou agnostique en matière de vaccins. Ou bien, si elle admet ou non la dose aux jeunes et aux enfants, en considérant pour des raisons opposées que c’est un Hérode s’il veut vacciner même les mineurs ou s’il veut les soustraire au baptême sérologique. La philosophie, elle aussi, se prononce et se divise désormais uniquement sur la question de la santé, et déplace sur ce terrain la liberté et la démocratie, la raison et l’éthique, la foi ou la scepsis [/scepticisme?]. Depuis quelque temps, j’essaie en vain d’écrire sur autre chose, et si je reviens à la charge, comme je le fais aujourd’hui, j’en prends ma part de responsabilité.

Parlons d’autre chose, de grâce, faisons autre chose, peut-être en respectant les règles de santé, vaccins compris. Mais évitons de nous diviser et de nous entretenir toujours et uniquement à propos de notre « linge sale » personnel et universel. Vous donnez votre bras pour le vaccin et ils prennent tout votre corps, y compris votre tête. Nous faisons une overdose de littérature, de psychologie et de sociologie de la contagion. Nous aimerions beaucoup que la page consacrée à la santé dans les médias redevienne une page à l’intérieur du journal et non un journal entier consacré à la santé, organisé comme un hôpital de campagne. Il existe des journaux-ambulances, leurs pages sont des services d’urgence, ils ne sont pas vendus en exemplaires mais en flacons, …..

Et puis, puisque nous en parlons depuis si longtemps sans en venir à bout ni voir un débouché, ne serait-il pas temps du silence de la presse, ou du moins d’une sourdine, comme cela se fait lors des négociations avec les kidnappeurs ? De cette façon, peut-être que les spécialistes auront moins de distractions et travailleront mieux, sans être dérangées ; les gens seront guéris sans beaucoup de bavardages, de tirades et de manies ; le virus lui-même ne se monte pas la tête, étant toujours en vitrine comme protagoniste. Et le monde se remet à vivre, penser, prier, rêver, se réjouir, souffrir et mourir d’autre chose.

Fatti non fummo per viver come buchi [2]

MV, La Verità (29 juillet 2021)

Ndt

[1] Jeu de mot phonétique autour du mot vaccinara: il est question ici des queues pour se faire vacciner (vaccinare), mais MV joue sur la similitude de son avec la coda alla vaccinara, ragoût de queue de bœuf typique de la cuisine romaine, qu’on pourrait traduire par « queue à la bouchère », vaccinaro désignant le détaillant de viande de vache

[2] Pastiche du verset 119, Chant XXVI de l’Enfer, de Dante Alighieri: Fatti non fummo per viver come brutti « nous n’avons pas été faits pour vivre comme des brutes ».
Ici buchi pourrait se traduire par « insensé »??

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