Une lectrice m’écrit… Ce qui suit pourrait s’appeler « chronique de la bêtise ordinaire », ou « comment le covid les rend fous ». C’est une histoire banale, presque un non-récit, et certains penseront qu’il n’y a rien de scandaleux ou de répréhensible dans l’attitude de la gérante du bar, qui n’a fait que son job. Mais on peut y avoir aussi une illustration accablante de la façon dont, par lâcheté, les gens « ordinaires » se font les auxiliaires zélés de la police pour faire respecter une loi inique. Les flics volontaires du régime, en somme.

Il y a la théorie et la réalité. Je trouvais déjà le passe sanitaire profondément contraire à toutes les valeurs qu’une démocratie telle que la France est sensée porter haut. Mais je me disais que c’était éventuellement supportable pour quelques semaines. L’épreuve des faits me donne tort. Ma maman s’est installée, comme à son habitude, ce matin, à la table d’un café de la galerie marchande de l’hypermarché où elle fait ses courses, sans penser particulièrement que le passe était désormais en vigueur. La gérante lui a apporté son café et lui a demandé si elle avait un passe, qu’elle n’avait pas: elle lui a alors enjoint de bien vouloir quitter les lieux. Je trouve ceci particulièrement humiliant. Dans quel pays vit-on où une personne, qui a contribué au bien commun non seulement en payant ses impôts mais aussi, de par son métier de professeur,  en formant des générations d’élèves, se retrouve traitée comme un paria et un citoyen de seconde zone ?

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