Ignoble jubilation de la presse, y compris catholique, autour de la nouvelle que le cardinal a contracté une forme grave du covid, et qu’il est sous assistance respiratoire. Décidément, la barbarie n’est pas qu’à Kaboul, et la chasse aux « non-vaccinés » fait rage dans les médias. Le commentaire de Riccardo Cascioli.

Voici par exemple ce que rapporte le portail suisse Cath.ch (dont on ne sait pas bien s’il est catholique mais qui pratique fort mal la « miséricorde » tant brandie par François!). Disons que c’est un échantillon tristement représentatif:

Le 11 août dernier, le prélat américain âgé de 73 ans, qui réside à Rome, avait annoncé avoir été testé positif au Covid-19. Le cardinal – dont on ne sait s’il a été vacciné – s’était par le passé positionné contre la vaccination obligatoire. Il s’est depuis longtemps fait remarquer par son opposition à la ligne du pape François. Dans une homélie prononcée en décembre dernier, le cardinal Burke a qualifié le Covid-19 de «virus de Wuhan» et a déclaré: «Il a été utilisé par certaines forces hostiles aux familles et à la liberté des nations, pour faire avancer leur programme maléfique».

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UN CONSERVATEUR «ANTIVAX»

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Dans un entretien accordé en mai 2020 au site conservateur américain Lifesitenews, il avait déclaré que la vaccination violait l’intégrité de certaines personnes. Dans ce même entretien, le cardinal avait aussi déclaré qu’il n’est «jamais moralement justifié de développer des vaccins en utilisant des lignées cellulaires provenant de fœtus avortés».
Un positionnement opposé à celui adopté par le Saint-Siège : la Congrégation pour la doctrine de la foi avait en effet écarté l’argument moral justifiant le refus de la vaccination dans un note en décembre dernier. Peu après, l’Académie pontificale pour la vie avait pour sa part décrit le refus de se faire vacciner comme un «risque pour autrui».

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https://www.cath.ch/newsf/atteint-du-covid-19-le-cardinal-burke-est-hospitalise/

Qui se réjouit de la maladie du cardinal Burke ?

Riccardo Cascioli
La NBQ
17 août 2021
Ma traduction

Il est incroyable de lire la satisfaction suscitée par la maladie du cardinal, quelle jubilation de savoir qu’il est en soins intensifs à cauise du Covid. Le signe d’une dégradation de l’homme qui est effrayante. Et malheureusement, même les journaux catholiques participent à ce concert d’inhumanité, sans même tenir compte du fait que l’affaire Burke peut être lue dans une perspective de foi.

Les barbares ne sont pas seulement à Kaboul. Ils sévissent ici aussi, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Et l’état de santé grave du cardinal Raymond Burke, suite à une infection au Covid, les a fait sortir du bois. Il est incroyable de lire la satisfaction que suscite la maladie du cardinal, la jubilation de savoir qu’il est en soins intensifs. Et nous pouvons facilement imaginer que, malheureusement, il y en a aussi au Vatican qui jubilent en espérant l’issue fatale.

Le cardinal no-vax, le cardinal qui faisait une fixation sur la condamnation des vaccins pour lesquels on a utilisé des fœtus avortés, qui attrape le Covid et même sous une forme grave; en plus il est universellement connu (à tort, mais qui se soucie de connaître la vérité?) comme un opposant au Pape progressiste : pour les chacals cités plus haut c’est comme gagner le jackpot. « C’est une punition divine », résume Dagospia.

Voilà à quoi nous sommes réduits, à célébrer les malheurs de quelqu’un qui appartient au « mauvais » camp dans la guerre des vaccins. Loin du « nous en sortirons meilleurs » : la campagne de haine qui a été lancée et continue d’être alimentée contre les non-vaccinés atteint des niveaux plus qu’inquiétants. Mais elle révèle surtout une dégradation de notre humanité qui devrait nous faire réfléchir. Nous sommes revenus à l’époque de la justice sommaire, on ne prend même plus la peine de vérifier la véracité des accusations ou de comprendre les circonstances ; non, il suffit que quelqu’un porte l’accusation, désigne le coupable et la foule en colère se rassemble avec une corde pour pendre le coupable.

Burke est le coupable idéal : déjà, il est catholique, surtout il est cardinal et de plus il est considéré comme conservateur, quelqu’un d’attaché à la doctrine. Ce seul fait a suffi à le rendre inacceptable aux yeux du monde, et sa position sur l’idéologie vaccinaliste propagée par le Pouvoir a fait le reste. Qu’il meure donc du Covid ; quel coup extraordinaire ce serait pour la campagne de vaccination : c’est le souhait du monde, le souhait du Pouvoir. Une armée petite mais dévouée se bat contre cela, priant pour son rétablissement mais sachant que nos vies – vaccin ou pas – sont toujours entre les mains de Dieu.

Le plus inquiétant est que des catholiques, et même des journaux catholiques, participent à ce concert d’inhumanité. A leur manière habituelle, bien sûr, disant sans dire, se masquant derrière la neutralité de l’information, mais insistant sur certains détails significatifs. C’est le cas du Sussidiario , qui rappelle les « péchés » de Burke contre les vaccins et les masques, insiste sur son opposition au vaccin anti-Covid et – répétant ce qui a été rapporté par tous, sans vérifier la source – lui attribue également des déclarations mensongères. Mais quels sont les véritables défauts de Burke ? Les mots cités font référence à un discours qu’il a prononcé le 20 mai 2020 : « Il doit être clair que la vaccination ne peut être imposée, de manière totalitaire, aux citoyens ». C’est-à-dire qu’il est contre la vaccination obligatoire. Et ensuite : « Il doit être clair qu’il n’est jamais moralement justifié de développer des vaccins en utilisant des lignées cellulaires provenant de fœtus avortés ». Il Sussidiario nous dit que cette position a été « réfutée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ». Ainsi, le cardinal Burke est traité comme s’il était un hérétique. L’affirmation du Sussidiario est extrêmement grave, car il n’a manifestement jamais lu la Note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ou bien il ne sait pas comment comprendre ce qu’il lit.

Dans cette note, en effet, il est clairement indiqué que l’utilisation de ces vaccins n’est moralement licite que sous certaines conditions ; mais même dans le cas d’une utilisation licite des vaccins, cela « n’entraîne et ne doit entraîner en aucune façon une approbation morale de l’utilisation de lignées cellulaires provenant de fœtus avortés ». C’est exactement ce qu’a déclaré le cardinal Burke, à tel point que la même note demande aux entreprises pharmaceutiques et à l’industrie de la santé en général de développer des vaccins « éthiquement acceptables ».
Au Sussidiario, ils seront certainement surpris de découvrir que la première déclaration du Cardinal Burke est également confirmée par la Note : « Il apparaît évident à la raison pratique – nous trouvons écrit – que la vaccination n’est pas, en règle générale, une obligation morale et que, par conséquent, elle doit être volontaire ». Le fait que la vaccination ait été rendue obligatoire au Vatican ne fait aucune différence ; la Note est très claire quant à l’exclusion de la vaccination obligatoire.

Le cardinal Burke est donc coupable d’avoir simplement énoncé ce que l’Église enseigne, et non ce qui constitue un enseignement perçu. Mais pour le faire passer pour un conspirationniste réactionnaire qui a perdu la tête, on lui attribue encore une phrase où il affirme les vaccins contiennent des puces sous-cutanées permettant à l’État de contrôler les citoyens. Il suffisait de retourner à la source originale de la nouvelle pour découvrir qu’il s’agissait d’une citation et non d’une déclaration de sa part. Mais voilà : Burke est le mauvais cardinal par excellence, il n’y a même pas besoin de vérifier les accusations, on peut passer directement à l’exécution.

Il est en revanche intéressant de constater qu’il ne vient même pas à l’esprit de ces catholiques – et de beaucoup d’autres – que l’affaire Burke peut être lue dans une perspective de foi plutôt que dans une perspective purement sanitaire. C’est-à-dire que le cardinal Burke ne paie pas ses choix maladroits dans sa propre chair, mais qu’il a été prêt à risquer sa vie pour témoigner de la foi qui l’empêche de profiter des drogues rendues possibles par l’avortement d’innocents. Et sachant que c’est le Seigneur qui décidera si sa mission sur terre est déjà accomplie ou s’il reviendra parmi nous pour rendre un nouveau témoignage. Prions évidemment la Vierge Marie, à laquelle le cardinal voue une telle dévotion, dans l’espoir de la seconde option.

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