L’attitude de François, encore relevée aujourd’hui par Andrea Gagliarducci à partir des récentes déclarations dans l’avion (sans compter les propos tenus en privé à Viktor Orban: la famille, c’est le père, la mère, les enfants, point barre) fait immanquablement penser à un trait de caractère du pape « un peu fourbe » venu du bout du monde: semer la confusion, en disant à chacun ce qu’il a envie d’entendre. Pur produit de l’idéologie péroniste, du nom de l’ex-président argentin dont il est le disciple zélé, et que connaît bien son compatriote The Wanderer, qui nous offre encore une fois une brillante analyse.

La logique de Bergoglio le péroniste. Et nous, brebis sans pasteur

S’interroger sur les ambiguïtés, les contradictions et les revirements du pape François semble oiseux. Toutefois, le catholique ne parvient pas à trouver la paix. En témoigne cet article du Wanderer, qui revient sur les caractéristiques de ce funeste pontificat pour en souligner la nature. Avec une question sous-jacente : comment et quand sera-t-il possible de reconstruire ?

AM Valli

L’un des grands maux dont souffrent les catholiques depuis longtemps est que nous sommes sans pasteur. Nous avons déjà oublié ce que signifie être guidé par eux et le sentiment de confort sain et compréhensible qui découle du fait de se réfugier dans leurs paroles et leur protection. Nous nous y sommes habitués après des années de négligence et de persécution de la part de nos évêques et du successeur de Pierre lui-même, qui devrait nous confirmer dans la foi en ces temps de confusion. Nous sommes orphelins. Nous n’avons pas de bergers, sauf quelques bons prêtres et religieux, un peu persécutés et cachés, qui nous encouragent par leurs paroles et nous nourrissent par les sacrements.

Les attitudes confuses et instables du pape François provoquent des réactions et des interprétations. Que se passe-t-il ? Et deux positions émergent. La première est celle de Sherlock Holmes. Le détective a dit à son fidèle Watson :

« Je ne suppose jamais rien. C’est une mauvaise habitude qui détruit la capacité à penser logiquement. Ce qui vous paraît étrange ne l’est que parce que vous ne suivez pas l’évolution de ma pensée ou n’observez pas les petits faits dont dépendent mes déductions les plus importantes. »

Selon Holmes, il s’agit d’observer de petits faits afin d’en déduire des conclusions plus générales. Si nous appliquons ce principe à la papauté de François, nous pouvons trouver de nombreux faits insignifiants pris isolément, qui, lorsqu’ils sont reliés entre eux, créent une toile dangereuse de changement et de mauvaise orientation. Les entretiens, les appels téléphoniques et les déclarations occasionnelles ; les homélies quotidiennes et les discours impromptus ; le changement de modèle, la rupture avec les traditions séculaires, l’affichage d’une humilité pétulante, la litanie sans fin d’insultes et de mépris à l’égard des siens, la désinvolture envers toute discipline, la réintégration d’hérétiques obstinés, les fréquentes contradictions qui empêchent de savoir en quoi il croit vraiment, le recours à des penseurs hétérodoxes, la manifestation publique de sentiments d’affection à l’égard de ceux qui prêchent des idéologies dangereuses, la dissimulation de mauvais comportements sous le nom de « miséricorde » ou de « sollicitude pastorale », etc. etc.

Examinons quelques exemples de la semaine dernière.

Lors d’une brève rencontre privée avec le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, le pape a déclaré : « La famille, c’est le père, la mère, les enfants, point final ! » [cf. www.korazym.org, ndt]. Orbán a affirmé avoir été ému par les paroles du pontife et que ces paroles le confortaient dans sa politique. Pauvre naïf! Il ne sait pas ce que c’est que de traiter avec un péroniste ! Quelques heures plus tard, lors d’une interview avec la presse pendant le vol de retour à Rome, François a déclaré que oui, le sacrement du mariage est entre un homme et une femme, mais pour ceux qui préfèrent les unions homosexuelles, les États doivent leur garantir le droit à une union civile. En définitive, tout se résume à une question de sémantique. Le pape, comme d’habitude, dit à chacun ce qu’il veut entendre.

Et ajoutons un autre fait mineur : nous avons appris, grâce à l’irremplaçable blog Specola [/Info Vaticana] (Voir ici), que pour la première fois dans l’histoire de la basilique vaticane, un simple prêtre célébrera la messe sur l’autel papal, qui se trouve juste sur la tombe de l’Apôtre, et où seul le pape célèbre la messe. Une autre tradition qui est interrompue par un caprice papal.

Tous ces faits et attitudes auxquels Bergoglio nous a habitués semblent n’être que des bagatelles ou des détails qui ne sont remarqués que par ceux qui sont toujours prêts à le critiquer, les « rigides » et les « pélagiens » qui végètent encore dans l’Église. Mais si nous commençons à dresser la liste ou à « tisser » les faits, les déductions auxquelles Holmes arriverait sont extrêmement graves. Le Souverain Pontife aurait un objectif très clair vers lequel il se dirige : ruiner (littéralement transformer en ruines) l’Église et la foi et défigurer le visage sous lequel elle était connue depuis des siècles. Si c’est le cas, il pourrait être assimilé aux pontifes apocalyptiques que nous trouvons dépeints dans les livres de Benson [Robert Hugh Benson, l’auteur du « Maître de la terre »] , Castellani [ndt: Leonardo Castellani?], Lacunza [Manuel Lacunza sj] et bien d’autres. Les prophéties seraient, apparemment, en train de se réaliser.

Il y a une autre possibilité. Si le diagnostic décrit est correct, un détail évident doit être pris en compte par tous : Bergoglio est un personnage mineur, déplorable, ridicule ; un pape secondaire dont le « premier rôle » en tant que pape apocalyptique est disproportionné. Il se pourrait certainement que la Providence veuille se moquer de nous, qui avons toujours imaginé ce personnage comme un grand prince débordant d’intelligence et de méchanceté, choses que l’on ne retrouve pas chez l’actuel Souverain Pontife.

Le pape François porte sur lui des décennies de jésuitisme. Son intelligence est un pur intellect pratique, ordonné exclusivement à l’obtention du pouvoir, toujours, bien sûr, ad maiorem Dei gloriam. Il est plus un politicien qu’un homme religieux. Ses contradictions sont fréquentes et remarquables, un phénomène qu’il ne faut pas négliger.
Ses contradictions sont fréquentes et frappantes, un phénomène observable chez les hommes politiques qui, en général, n’ont aucun souci de la vérité. Les hommes politiques utilisent des mots pour produire des effets dans l’opinion publique, pour être acceptés et obtenir leur vote, ou, une fois au pouvoir, pour établir des lignes de force dans la direction dans laquelle ils veulent mener le troupeau. Cela fait ressortir leur habitude de considérer le mot comme un instrument de domination ou de persuasion, dédaignant toute autre connotation de ce mot. Chez la personne qui entre dans cette logique, les contradictions ne sont pas perçues comme telles car il n’y a pas de vérité à laquelle répondre.

C’est pourquoi il est si difficile de comprendre la logique du pape François : il ne rentre pas dans les catégories religieuses. Il évolue dans la sphère religieuse mais sans les contraintes de la religion, dans une sorte de version personnelle de ce qu’il faut faire, une version qu’il change constamment. Et ce comportement, encore une fois, est typique de la politique, où les partisans d’un leader contrôlent en permanence ce qu’ils doivent penser et ce qu’ils doivent faire à un moment donné, en fonction de ce que le leader ordonne. Ce sentiment d’imprévisibilité est typique de la realpolitik moderne. On ne peut jamais en être sûr, car l' »orthodoxie » change constamment, au gré de la volonté du leader.

Martin Amis, dans sa biographie sui generis de Staline [ 2002 : Koba the Dread (Koba la terreur)], histoire dévastatrice des crimes de Lénine et Staline, et de leur négation par de nombreux écrivains et universitaires occidentaux, ndt], raconte l’histoire d’un poète soviétique encensé, qui publiait dans la Pravda des analyses de la politique de l’époque, telles que des odes aux plans quinquennaux et autres. Il eut un jour l’idée d’écrire un poème relatant la descente aux enfers d’Hitler et de ses partisans fascistes, mais eut le malheur de le publier le même jour que le pacte Ribbentrop-Molotov. Staline prit le journal, qui portait la nouvelle en première page et l’ode dans la section littéraire, et dit : « Dites à ce Dante de pacotille qu’il continuera à écrire ses vers en Sibérie. »

L’orthodoxie, en raison des exigences de la realpolitik, avait changé. Il n’y a pas de principes ; les principes changent en fonction des circonstances et des besoins. Et aujourd’hui, les évêques somnolents qui peuplent la majorité de l’Église ont adopté, comme fonction épiscopale première et prioritaire, de renifler quotidiennement l’air à la recherche des arômes de mouton émanant du Pontife Romain, afin de savoir dans quelle direction va l’orthodoxie et de ne pas perdre leurs positions, même au prix de la vie et de la foi de leurs brebis. Nous sommes comme des moutons sans berger. Nos bergers ne se préoccupent que de se mettre eux-mêmes au pâturage.

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