L’édito éclairant de Riccardo Cascioli. De l’urgence covid à l’urgence climatique, le fil qui relie les deux ressemble de plus en plus à une grosse ficelle, et ceux qui refusent de le voir sont soit naïfs soit de mauvaise foi (souvent les deux). Le fameux monde d’après commence à se dessiner clairement sous nos yeux, avec son cortège de mesures coercitives et d’appauvrissement généralisé et les dernières annonces concernant par exemple la flambée du coût des énergies montrent bien qu’un nombre croissant de personnes vont glisser dans la pauvreté et se retrouver dépendantes de la magnanimité de l’État pour survivre.

Voir aussi:

Le Léviathan…

De la pandémie au climat, l’urgence sans fin

Riccardo Cascioli
La NBQ
23 septembre 2021
Ma traduction

De Draghi au Vatican, le nouveau mot d’ordre est « L’urgence climatique est comme la pandémie ». En réalité, les deux choses sont étroitement liées, car une après l’autre, elles servent à maintenir un état d’urgence qui conduit à la fin de la démocratie et des droits de la personne.

« Il est vrai que nous luttons encore contre la pandémie, mais cette urgence-là est de même ampleur et nous ne devons absolument pas réduire notre détermination à lutter contre le changement climatique ». Ce sont les mots du Premier ministre italien Mario Draghi s’exprimant l’autre jour lors du sommet sur le climat qui ouvrait l’Assemblée générale des Nations unies. Et, sans surprise, l’édition du 21 septembre de L’Osservatore Romano s’est transformée en mégaphone de l’alarmisme, faisant sien le message avec un grand titre en première page : L’URGENCE CLIMATIQUE EST COMME LA PANDÉMIE.

Le discours de Draghi a été suivi de l’habituelle litanie des mesures urgentes à prendre avant qu’il ne soit trop tard, qui concernent essentiellement la « transition énergétique », c’est-à-dire le passage de l’utilisation des combustibles fossiles à toute forme de source renouvelable. Nous ne nous attarderons pas sur les conséquences de ces choix économiques « verts », dont nous goûtons déjà le goût amer (voir l’envolée des factures d’électricité).

Nous voudrions plutôt souligner cette combinaison idéologique du climat et de la pandémie, qui ne doit rien au hasard. Le fait est que tout sert à maintenir l’état d’urgence, auquel nous nous sommes déjà dramatiquement habitués. L’urgence climatique fait l’objet d’une propagande depuis au moins vingt ans, et même si les gens ont du mal à croire réellement au catastrophisme ambiant – qui fait toujours référence à des catastrophes à venir – elle a déjà profondément conditionné les politiques des gouvernements occidentaux. Elle a surtout conduit les citoyens à accepter des mesures qui ont gravement affecté leurs poches et leur liberté. Pensons au renouvellement forcé du parc automobile pour pouvoir circuler librement avec les différents « Euro » servant à classer les moteurs « propres »; ou à la dévalorisation des maisons anciennes grâce à la certification énergétique obligatoire.

Dans cette perspective, la pandémie a été l’occasion de rendre l’état d’urgence encore plus concret et rigoureux, avec la suspension des libertés individuelles et des garanties démocratiques. Il sera ainsi plus facile de perpétuer les mesures restrictives pour la prétendue urgence climatique. Ce n’est probablement pas une coïncidence si le laissez-passer dont on parle tant ces jours-ci s’appelle Green Pass [pour mémoire: en Italie, mais surtout dans l’UE, ndt]. Quel est le rapport entre le vert et la pandémie? Aucun, mais cela renvoie beaucoup à l’écologie.

Ainsi, une fois l’idée du Green Pass acceptée, le moment n’est pas loin où il sera étendu aux comportements écologiques : le Green Pass sera délivré à ceux qui possèdent une voiture électrique, à ceux dont les logements sont en classe énergétique A, à ceux qui utilisent les transports publics ou le vélo pour se déplacer en ville, etc. Tout cela se fera selon un schéma – peut-être surprenant pour certains – qui a déjà été théorisé et même mis en œuvre. En 2006, le travailliste britannique David Miliband demandait la création d’une carte de crédit carbone, qui fonctionnerait comme une carte « prépayée », avec un montant fixe qui serait réduit en fonction des choix effectués pour les achats de nourriture, d’énergie et de voyages. Plus vous êtes « vert », plus vous avez de liberté pour acheter et vous déplacer. Et il y en a encore qui poursuivent ce projet, ou plutôt le réalisent [ndt: voir Une carte bancaire « éco-responsable »].

Ce n’est pas une coïncidence si l’expert américain Marc Morano, dans son récent livre Green Fraud (La tromperie verte), définit les lockdowns anti-Covid comme « la répétition générale de l’urgence climatique ». Et il constate comment, grâce à la pandémie, les mesures tant invoquées par les écologistes ont été mises en œuvre du jour au lendemain par les gouvernements du monde entier : de l’arrêt des voyages aériens au blocage des activités économiques (ce n’est pas pour rien que tout le monde a souligné avec faveur que les émissions de CO2 ont diminué en 2020) ; de la réduction drastique des voyages à l’arrêt des activités de loisirs (des restaurants aux cinémas et aux théâtres, considérés comme des consommations inutiles). La poursuite de l’état d’urgence, de la pandémie au climat, conduira tout cela à devenir la « nouvelle normalité ».

L’état d’urgence perpétuel engendre en outre au moins deux conséquences qui méritent d’être soulignées.

  • La première est la fin de la démocratie. Il ne s’agit pas d’un effet secondaire, mais d’un objectif explicitement prévu. Dans un rapport du Club de Rome, déjà en 1991, intitulé The First Global Revolution (voir ici), on peut lire :

« La démocratie n’est pas une panacée. (…) Aussi sacrilège que cela puisse paraître, la démocratie n’est plus adaptée aux objectifs auxquels nous sommes confrontés. La complexité et la technicité de nombreux problèmes actuels ne permettent pas toujours aux élus de prendre les bonnes décisions au bon moment ».

L’orientation est celle d’une gouvernance mondiale technocratique capable de traiter « scientifiquement » les urgences mondiales (ou ce qui est présenté comme tel). Si l’on observe la façon dont les médias nous présentent les pandémies et le changement climatique, il n’y a aucun doute là-dessus.

  • La deuxième conséquence est l’intrusion croissante de l’État dans tous les domaines de la vie. La subsidiarité et l’initiative personnelle sont bannies ; tout dépend des décisions du gouvernement.

Le discours de Mario Draghi au Sénat le 17 février 2021 (présentation du gouvernement aux Chambres) est instructif en ce sens : l’économie a été massacrée par la pandémie, a-t-il dit en substance (mais il vaudrait mieux dire par la gestion de la pandémie), maintenant le gouvernement va aider à redémarrer, mais en décidant QUI faire redémarrer et de quelle manière. En attendant, même les entreprises qui ont été bloquées par les lockdowns (restaurateurs en tête) ont été obligées de dépendre des aides gouvernementales. Et encore ces derniers jours, après l’annonce de l’augmentation spectaculaire des factures d’électricité et de gaz, le gouvernement a assuré qu’il allait aider les plus pauvres. De plus en plus de personnes et de familles sont poussées aux marges de l’économie, contraintes à la pauvreté, pour se retrouver ensuite dépendantes de la magnanimité de l’État.

Quiconque pense que le 31 décembre marquera réellement la fin de l’état d’urgence se berce d’illusions.

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