Dernières illustrations en date: le rapport Sauvé sur les scandales pédophiles dans l’Eglise, l’attitude du pape face à la prochaine COP 26 de Glasgow, et le synode sur la Synodalité en cours (dans la plus parfaite indifférence générale…). Finalement, l’Eglise fait des efforts pathétiques pour rester dans le coup, mais son avis est de plus en plus « sans importance ». Elle n’a plus rien d’original à apporter.

Le monde dit à l’Église ce qu’elle doit faire pour éviter les abus, le monde dit à l’Église comment le problème écologique doit être vu et traité, le monde dit à l’Église ce qu’est la synodalité et si elle peut ou non conférer le sacrement de l’ordre aux femmes. Il ne fait aucun doute que l’Église qui écoutera tous ces enseignements sera en phase avec son temps, mais le rythme est imposé par l’époque et l’Église s’adapte et arrive toujours en retard.

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La Doctrine sociale de l’Église ne sert pas à poursuivre le monde, elle sert à l’anticiper et à le guider. Mais aujourd’hui, c’est le contraire qui se produit. C’est l’Église qui court après le monde et qui arrive donc nécessairement toujours en retard. Quand elle dit quelque chose, le monde l’a déjà dit ; quand elle fait quelque chose, le monde l’a déjà fait. C’est la condamnation du progressisme théologique qui, pour marcher au même pas que les temps, doit attendre que les temps fassent ces pas.

Ces derniers jours, nous avons eu diverses preuves supplémentaires de ce comportement de l’Église qui contrecarre sa Doctrine sociale.

Le premier exemple est le rapport de la Commission Sauvé, qui a publié en France son rapport sur les abus perpétrés au sein du clergé français au cours des 70 dernières années. Dans ce cas, l’Église (française) s’est livrée au monde, en demandant à une commission « indépendante » mais laïque non seulement d’enquêter et de collecter des données, mais aussi de faire des estimations sur la base des données recueillies et de donner à l’Église des indications sur ce qu’elle doit faire, en entrant même dans le domaine de la théologie, de l’ecclésiologie et de la théologie morale. Avec ce rapport, le monde dit à l’Église d’ordonner des hommes mariés, lui enseigne comment rédiger des documents magistériels, ce qu’il faut dire aux enfants au catéchisme, comment réformer son droit canonique, comment gérer le secret de la confession. Le monde ne se contente pas de recueillir les accusations, il montre aussi à l’Église comment elle doit se réformer en interne pour éviter que des cas similaires ne se reproduisent à l’avenir. Il semble clair que sur ces questions, l’Église s’est mise entre les mains du monde pour le suivre. Et en fait, beaucoup dans l’Église s’appuient précisément sur ces indications du monde pour justifier la réforme qu’ils ont en tête de la sécularisation de l’Église.

Le deuxième exemple est l’attitude du pape vis-à-vis de la prochaine Cop 26 sur le climat à Glasgow. À l’occasion de la rencontre « Foi et science », le pape a signé un appel avec d’autres chefs religieux pour que la Cop « offre de toute urgence des réponses efficaces à la crise écologique sans précédent et à la crise des valeurs dans laquelle nous vivons ». Mais aucun principe de réflexion ou critère de jugement n’est donné. L’Église adopte les lieux communs, souvent sans fondement, des potentats internationaux. François lui-même, s’exprimant il y a quelques jours lors de la rencontre sur les religions et l’éducation, a une nouvelle fois insisté pour que les nouvelles générations soient formées « à un style de vie plus sobre et éco-durable ». Depuis quelque temps, les propos de l’Église sur toutes ces questions sont alignés sur ceux des Nations unies, des fondations internationales et des ONG, sans distinguer les éléments acceptables et inacceptables de leur idéologie environnementaliste et mondialiste, et sans jamais rappeler les principes de la Doctrine sociale de l’Église, qui sont par nature discriminants. Dans ce cas également, l’Église vient plus tard, là où Greta Thunberg et ceux qui l’encouragent et la financent sont déjà arrivés.

Enfin, il y a le prochain synode sur la synodalité, qui s’ouvrira le dimanche 10 octobre [l’article est daté du 5 octobre, ndt].

Cristina Inogés , une théologienne progressiste au Synode. C’est cela que François appelle « écouter tout le monde »?

Aux dernières nouvelles, l’une des deux méditations introductives qui seront prononcées le samedi 9 octobre sera donnée par une théologienne espagnole – Cristina Inogés Sanz – [voir ici: www.vidanuevadigital.com/2021/10/09) qui a exprimé des opinions très favorables sur le parcours du synode allemand, alors qu’elle a été très critique à l’égard des évêques américains, et a soutenu que les femmes peuvent être ordonnées non seulement au diaconat mais aussi au sacerdoce. Le synode sur la synodalité commence par faire une demande du monde à l’Église, le thème de l’égalité des sexes est en effet un thème typiquement mondain, que l’Église ne peut accepter en ce qui concerne le sacerdoce.

Le monde dit à l’Église ce qu’elle doit faire pour éviter les abus, le monde dit à l’Église comment le problème écologique doit être vu et traité, le monde dit à l’Église ce qu’est la synodalité et si elle peut ou non conférer le sacrement de l’ordre aux femmes. Il ne fait aucun doute que l’Église qui écoutera tous ces enseignements sera en phase avec son temps, mais le rythme est imposé par l’époque et l’Église s’adapte et arrive toujours en retard.

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