Pour avoir refusé de se faire vacciner, six gardes suisses ont été « jetés comme des pestiférés ». Ils ne cachent pas leur écœurement. Leur témoignage (édifiant, si l’on peut dire), repris par Marco Tosatti, est issu de l’hebdomadaire suisse romand « L’Illustré » en ligne. « Le Covid-19 aura fini par diviser jusqu’au cœur du Vatican… » conclut l’article. Mais faut-il s’en étonner?

Remous à la Garde suisse: «On nous a jetés comme des pestiférés»

https://www.illustre.ch/magazine/remous-a-la-garde-suisse-on-nous-a-jetes-comme-des-pestiferes

«Jamais je n’aurais pensé que l’Eglise catholique et son chef en personne puissent agir de cette manière. On a été virés sans le moindre égard par une institution qui prône la solidarité entre les hommes et le respect des minorités. Je suis très déçu, sous le choc et, pour tout dire, fâché par ce qui nous arrive.» Au téléphone, Samuele Menghini, élevé au grade de vice-caporal il y a un an, ne cache pas son amertume. Comme ses cinq camarades d’infortune, le Grison n’a pas voulu se plier à l’obligation de se faire vacciner décrétée mi-septembre par le Vatican. Une posture qui lui a coûté son poste.

A 25 ans, ce ressortissant du val Poschiavo terminait sa troisième année au service de Sa Sainteté et souhaitait poursuivre sa mission jusqu’à la fin février 2022. «J’ai mis ma vie civile entre parenthèses à un âge où on évolue professionnellement. Je me suis engagé à fond pour cette mission et, du jour au lendemain, on nous a dit: «Tu te vaccines ou tu pars», confie, visiblement désillusionné, celui qui montait fréquemment la garde devant l’appartement du pape. A l’instar de ses ex-collègues, il n’estime pas pour autant avoir failli à son serment. «J’ai juré d’obéir et de servir loyalement le souverain pontife pour autant que les ordres qu’on me donne soient logiques et que je les comprenne. Or, dans cette affaire, la logique et le droit ont été bafoués. Même notre commandant a été mis devant le fait accompli

(…) Samuele Menghini s’apprête à reprendre le fil de sa carrière, non sans avoir une pensée compatissante pour certains de ses compagnons d’armes. «Pour ceux qui font carrière à la garde en particulier. Beaucoup d’entre eux ont accepté la vaccination contre leur gré pour sauver leur place. C’est triste d’en arriver là

Samuele Menghini s’apprête à reprendre le fil de sa carrière, non sans avoir une pensée compatissante pour certains de ses compagnons d’armes. «Pour ceux qui font carrière à la garde en particulier. Beaucoup d’entre eux ont accepté la vaccination contre leur gré pour sauver leur place. C’est triste d’en arriver là.»

Pour le hallebardier fribourgeois David Boschung, la douleur provoquée par cette brutale fin de service est tout aussi vive. «Nous avons quitté notre famille, nos amis, notre pays, notre job pour en apprendre un nouveau. Nous nous sommes investis sans retenue et avec foi dans cette mission pour, au final, nous faire jeter comme des pestiférés. C’est très dur à vivre et à accepter», confie le bientôt trentenaire, privé, comme les autres partants, de l’audience personnelle que leur accorde le Saint-Père pour les remercier de leur engagement. «C’est le moment que nous attendons tous dès notre premier jour de service. Un instant de grâce qui nous accompagne pour le reste de notre existence. On nous l’a enlevé», se désole le Gruérien, contraint à la démission à deux mois de la fin de son bail romain.

Même écœurement pour ce Biennois qui, lui aussi, a préféré la démission au licenciement et choisit de témoigner sous le couvert de l’anonymat. «C’est déjà assez dur comme ça, justifie-t-il, avant d’expliquer: Tout s’est passé très vite. Il a fallu rendre notre chambre, faire nos affaires et nos adieux à nos camarades avant de partir comme des voleurs, sans le moindre geste de reconnaissance. Cette fin brutale ternira à jamais mes vingt-deux mois de mission, certes difficiles compte tenu de la situation, mais vécus très intensément jusque-là.» Un quatrième soldat, fribourgeois, encore sous le choc de son licenciement, n’a pas souhaité témoigner. D’autres vaccinés de dernière minute, dont un Valaisan, se trouvent toujours en caserne mais suspendus de leurs fonctions jusqu’à l’obtention de leur certificat covid et contraints de présenter un test négatif renouvelé toutes les 48 heures pour pouvoir se mouvoir dans les locaux.

Pas de trace de ce rififi sur le site officiel de la garde, rien n’évoque le départ précipité des six hommes. Du côté du service de communication, on joue sur les mots. Pour son porte-parole, les soldats ont été invités et non pas obligés à se faire vacciner à la suite de la promulgation de l’ordonnance sur l’état d’urgence soumettant l’entrée au Vatican à l’obligation de posséder l’attestation appropriée. «Ces mesures sont conformes à celles adoptées par d’autres corps d’armée dans le monde, précise le répondant, avant de poursuivre, en précisant qu’aucune autre déclaration ne nous serait envoyée: Trois membres de la garde ont choisi de ne pas accéder à cette demande, en quittant volontairement le corps. Pour trois autres, une suspension temporaire du service a été ordonnée. Entre-temps, ils ont quitté le corps.» «Faux, s’insurge le Valaisan Pierre-André Udressy, qui confirme le licenciement. Nous n’avons pas démissionné. On nous a convoqués au bureau pour nous ordonner de déguerpir.» Le Covid-19 aura fini par diviser jusqu’au cœur du Vatican…

La suite sur le site de l’Illustré

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