Il s’agit ici de l’Eglise italienne, mais elle revêt une valeur d’exemple particulièrement significatif, puisque le primat n’en est autre que… le Pape lui-même, en tant qu’évêque de Rome (si tant est qu’il assume ce titre). Hier, la 49e semaine sociale des catholiques italiens s’est ouverte « sous le signe du conformisme écologique le plus éhonté ». Pas la moindre allusion à la Doctrine sociale de l’Eglise (ou alors, c’en est une nouvelle, qui se substitue à celle de toujours), « seulement la répétition de mots vides de sens reflétant la culture dominante ». Explications de Stefano Fontana.

Tout un symbole: le pauvre saint François, « convoqué » pour la circonstance,
tourne le dos à son homonyme, qui capitalise éhontément sur son nom.
On le comprend…

La paroisse « carbon free », nouvelle priorité de l’Eglise italienne

Stefano Fontana
La NBQ
21 octobre 2021

Aujourd’hui démarre à Tarente la 49e semaine sociale des catholiques italiens sous le signe du conformisme écologique le plus éhonté. Dans le document préparatoire et dans la présentation officielle de la Semaine, aucun mot n’a été lu ou entendu qui rappelle la foi catholique et la vision que la Doctrine sociale de l’Église a du travail, de la famille, de l’entreprise et de l’environnement. Seulement la répétition de mots vides de sens reflétant la culture dominante.

La 49ème semaine sociale des catholiques italiens commence aujourd’hui à Tarente. Un rendez-vous autrefois glorieux, mais qui depuis quelque temps a perdu son élan, car le niveau de réflexion s’est abaissé au niveau de l’actualité sociologique, perdant sa vigueur quant à l’originalité de la perspective chrétienne. « La planète que nous espérons » est le titre. Compte tenu du document préparatoire et de ce qu’a dit le président des Semaines, Mgr Filippo Santoro, qui accueillera l’événement dans son diocèse de Tarente, cette édition elle aussi se voudra institutionnelle, conventionnelle, prudente en ne remettant pas en cause la situation normale, assumant même ses principaux critères.

La planète que nous espérons
Environnement, travail, futur
Tout est lié

On parlera à nouveau de « voter avec son portefeuille », on plantera symboliquement 50 platanes pour purifier l’air de la pollution, on encouragera les diocèses et les paroisses à devenir carbon free, on accordera une grande attention à l’impact environnemental et le mot d’ordre sera durabilité, on voudra être un « laboratoire » et développer une « plate-forme », il n’y aura pas de « conclusions » mais des « continuations », on valorisera les jeunes et les femmes, on commencera à se mettre en « réseau » entre paroisses et diocèses, on cherchera à « se changer soi-même » avant de changer les autres, à mieux dépenser l’argent de l’UE …. et ainsi de suite, avec des mots plus ou moins vides.

Un regard critique sur la vulgate écologiste d’aujourd’hui ? Le fonctionnement du financement européen pose-t-il problème ? Quelque doute que le problème des paroisses n’est pas exactement celui d’être carbon free ? Des projets de formation à la doctrine sociale de l’Église ? Un examen approfondi des soi-disant « bonnes pratiques » qui, souvent, n’en sont pas vraiment ? … Selon toute vraisemblance, il n’y aura rien de tout cela à la Semaine sociale. On ne s’attend pas à des étincelles de créativité par rapport à ce qui se dit aujourd’hui, notamment dans le domaine culturel du progressisme écologique. Les participants penseront être à la page et en phase avec l’époque, mais ils seront en retard car ce qu’ils diront sera dit avec l’alphabet des responsables actuels. Ils n’égratigneront aucun intérêt particulier.

L’évêque Santoro, lors de la conférence de presse de présentation qui s’est tenue à Rome, a même déclaré que sur le Green pass, il faut surmonter une « mentalité rancunière et destructrice de la vie démocratique » qu’il a appelée « mentalité fasciste », exprimant sa proximité et sa solidarité avec la CGIL [CGT italienne, voir Comment, en moins de deux ans, le pouvoir a asservi toute une population…], se conformant ainsi à la version de l’establishment politique italien qui compte et sans même mentionner la souffrance et les manifestations pacifiques et créatives, ELLES, qui ont lieu dans le pays. C’est une semaine sociale très conformiste qui se préfigure.

Dans le document préparatoire et dans la présentation officielle de la Semaine, aucun mot n’a été lu ou entendu qui fasse référence à la foi catholique et à la vision que la Doctrine sociale de l’Église a du travail, de la famille, de l’entreprise, de l’environnement, du bien commun et du droit à la vie. Comment se peut-il que Caritas in Veritate ait établi ces connexions alors que la Semaine sociale naissante semble vouloir traiter du conformisme écologique ?

Aujourd’hui, le travail est souvent mis en opposition avec le bien de la famille. Le droit de propriété familial est fortement remis en cause. La liberté de s’engager dans des activités responsables est écrasée par le centralisme de l’État. Le travail est étroitement lié au principe de subsidiarité de l’enseignement social de l’Église. Il a aussi beaucoup à voir avec l’école, mais il faudrait une école différente de celle du centralisme éducatif de l’État. Voici quelques sujets qui ne semblent pas être traités par une Semaine sociale sans courage. Les concepts d’environnement, de travail, de démocratie, d’Union européenne, de financement public, de ressources énergétiques …. qui président aux travaux semblent appartenir non pas à l’Église catholique mais à une organisation sociale qui doit entretenir de bonnes relations avec les acteurs sociaux, culturels et politiques qui comptent actuellement le plus et dictent les règles du raisonnement social.

La « normalité fatiguée » et le « conformisme prévisible » d’une Semaine sociale conçue de cette manière se heurtent aux problèmes réels de la vie économique, du travail et de l’environnement. La dénatalité a des conséquences fondamentales sur le travail et au lieu d’adopter des arbres – comme dans le cas de la plantation de platanes prévue lors de la semaine sociale de Tarante – il faudrait adopter des enfants. Une gestion absurde de la pandémie engendre des dommages économiques très importants et pèse sur la vie des familles: tandis que se déroulera la semaine sociale, tous les regards seront tournés vers Trieste, où se joue un véritable défi pour le travail, dont l’Église ne devrait pas être absente, plutôt que vers Tarente où il sera question de paroisses carbon free. Un plan de restructuration mondialiste est en cours, qui s’appuie justement sur l’environnementalisme que caresse la Semaine sociale, qui pèsera lourdement sur l’économie et le travail, vu les sommes qui seront utilisées pour lutter contre un fantomatique « réchauffement climatique » d’origine anthropique.

La paroisse carbon free est un non-sens. Nous pouvons nous passer de la plantation de 50 platanes. Nous aimerions une Semaine sociale courageuse, pas politiquement correcte et … catholique.

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