Stefano Magni (La Bussola): « La Cop26, la conférence internationale sur le climat qui se tient à Glasgow, en Écosse, démarre sur les chapeaux de roue. Des discours apocalyptiques et d’énormes plans de révolution économique à nos dépens ». Avec en toile de fond les politiques de restriction des libertés mises en place avec succès à la faveur de la pandémie, et pour « muse », une Greta glaçante, il y a vraiment de quoi frémir… et pas pour le climat!

Greta, version 2; après la péronnelle à nattes, l’inquiétante pythie de 2021

COP26 de Glasgow, un début apocalyptique

Stefano Magni
La NBQ
2 novembre 2021
Ma traduction

Après une conclusion décevante du G20 à Rome, où aucun accord de principe n’a été trouvé sur la lutte contre le changement climatique, la Cop26, la conférence internationale sur le climat qui se tient à Glasgow, en Écosse, a démarré sur les chapeaux de roue, c’est le moins que l’on puisse dire. C’était la teneur moyenne des discours des autorités : la fin du monde est proche. Soit nous parvenons à un accord pour nous donner les pleins pouvoirs (économiques, sociaux, politiques) afin d’arrêter la hausse de la température, en la limitant à 1,5 degré, soit les prochaines générations nous « maudiront », comme l’a aussi affirmé l’archevêque de Canterbury, Justin Welby.

Boris Johnson, le Premier ministre conservateur britannique hôte de l’événement, a abandonné le climato-scepticisme qui caractérise son parti pour se lancer dans le catastrophisme, venu du cinéma [voir à son sujet: Le masque, c’est bon pour les manants]: le monde est comme « James Bond dans ces films où il doit désamorcer une machine mortelle quelques minutes avant qu’elle n’explose, mais ceci n’est pas un film », « l’horloge tourne furieusement » et il faut donc « agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard ». « Nous avons une minute avant minuit. Nous devons agir, plus nous attendons, plus ce sera cher ». Puis une note vraiment apocalyptique : « Nous devons désactiver ce dispositif apocalyptique ».

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, ajoute : « Les six années écoulées depuis la COP21 à Paris ont été les plus chaudes jamais enregistrées et nous sommes au bord de la catastrophe ». Ainsi, « l’échec n’est plus une option, ce serait la pire façon de faire face à tout cela », poursuit Guterres, désormais « les sirènes retentissent, notre planète nous parle ». Il conclut en lançant un appel aux dirigeants mondiaux : « choisissez l’ambition, choisissez la solidarité et sauvez l’humanité ».

Joe Biden, le président américain qui succède au sceptique Donald Trump, a d’abord présenté ses excuses pour son prédécesseur, qui avait osé se retirer des précédents accords de Paris. Il a ensuite rejoint le chœur des catastrophistes : « Nous n’avons plus le temps de rester là à regarder, c’est une menace pour notre existence ». Et donc, au nom des États-Unis, il demande : « Allons-nous faire ce qui est nécessaire ou allons-nous faire souffrir les générations futures ? C’est la décennie décisive pour le climat, et la fenêtre se ferme rapidement. Glasgow doit donner le coup d’envoi du changement.

Mario Draghi n’est pas différent : « Le changement climatique a également de graves répercussions sur la paix et la sécurité mondiales. Elle peut épuiser les ressources naturelles et exacerber les tensions sociales. Elle peut entraîner de nouveaux flux migratoires et contribuer au terrorisme et au crime organisé. Le changement climatique peut nous diviser.

[tiens, il n’est même pas question de Macron: une preuve de son insignifiance?]

Au Royaume-Uni, les voix royales n’ont pas manqué, notamment celle du prince Charles qui s’est exprimé en personne à l’ouverture de la conférence: « Le monde doit adopter une attitude guerrière et de dernier recours face au défi du changement climatique auquel la planète est confrontée ». Comme pour le Covid-19, la rhétorique de la lutte contre le changement climatique est devenue guerrière, pour soutenir un effort collectif, avec des forces unifiées. Elle ne permet donc pas l’existence d’opposants, à traiter comme des défaitistes et des déserteurs.

Devons-nous nous inquiéter ? Oui. Mais l’échec possible (et probable, compte tenu de l’absence de dirigeants essentiels tels que Xi Jinping et Vladimir Poutine) de la COP26 est peut-être le dernier de nos problèmes. Nous devrions plutôt nous demander ce qui pourrait se passer si la COP26 réussissait. Ou si, à tout le moins, les pays d’Europe et d’Amérique du Nord appliquaient les nouvelles mesures draconiennes conçues par des équipes d’experts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré.

Mario Draghi a donné une petite anticipation à Rome, à l’occasion du G20, en déclarant : « Nous sommes en train de construire un nouveau modèle économique et le monde sera meilleur ». Une phrase qui dénote un constructivisme similaire à celui des utopies socialistes du XXe siècle et qui se retrouve encore dans son discours de Glasgow : « Nous devons accroître nos efforts sur les fonds pour le climat, faire travailler ensemble le public et le privé. Des dizaines de milliers de milliards sont disponibles. A présent, nous devons les utiliser, trouver un moyen intelligent de les dépenser rapidement. Nous avons besoin que toutes les banques multilatérales, et en particulier la Banque mondiale, partagent les risques avec le secteur privé ». Ce petit discours montre déjà l’ampleur du changement que connaîtront nos économies si les frontières entre public et privé sont de plus en plus floues. Tout, des investissements aux projets, devra avoir un but unique, et ce sera la classe politique qui tiendra les rênes.

Concrètement, le calcul effectué par le Climate Change Committee, l’organe consultatif du gouvernement britannique sur le changement climatique, peut donner une idée de ce que sont ces politiques. Le Royaume-Uni, pour ne citer que quelques exemples, devrait, d’ici 2035 (dans 14 ans), encourager le remplacement de 23,5 millions de chaudières à gaz par des pompes à chaleur, fermer toutes les centrales thermiques, quadrupler la production d’énergie éolienne (de 10 à 40 GW), cesser totalement la vente de voitures à combustible fossile (tant pour les particuliers que pour les entreprises et les passagers) d’ici 2040 et, parallèlement, multiplier par dix les stations de recharge de batteries d’ici 2030. La commission demande également au gouvernement une stratégie visant à « geler » la demande de transport aérien, tant pour les passagers que pour les vols commerciaux, et à réduire les émissions des navires. Mais le changement passe aussi par le régime alimentaire et l’utilisation des campagnes. Le régime alimentaire d’abord : la consommation quotidienne de viande doit être réduite d’au moins 20%. Et de la campagne : les terres cultivées ou les pâturages doivent à nouveau être couverts de forêts.

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