A propos du Motu Proprio bien mal nommé Traditionis custodes qui annule le disposition de Benoît XVI en faveur de la messe tridentine et constitue en même temps une véritable claque assénée au Pape émérite de son vivant, le site argentin The Wanderer établit un parallèle entre l’Eglise bergoglienne et les dernières flambées de l’URSS.

Lo sbirro, ou ces analogies avec l’Union Soviétique

Dans les années 1970, le livre de Sergueï Kourdakov, « El Esbirro » (en français: « Pardonne-moi, Natacha »), dans lequel l’auteur raconte sa vie, a connu une certaine diffusion. C’est un jeune Russe, éduqué et élevé dans des écoles publiques et des orphelinats bolcheviques. Grâce à sa ténacité, son courage, son ambition et ses qualités de dirigeant, il est placé à la tête de la Ligue de la jeunesse communiste dans toutes les villes où il a vécu. En tant que cadet exceptionnel de l’école navale russe de la ville de Kamchatka, il est recruté à la tête de vingt autres jeunes hommes pour prendre le commandement d’une division spéciale de la police qui persécutera les groupes de croyants, c’est-à-dire les chrétiens clandestins. Le chef de la police, Dimitri Nikoforov, transmet l’information, Sergei rassemble ses compagnons et, au moment le plus opportun, fait irruption dans les réunions chrétiennes, frappant brutalement et parfois tuant les participants, détruisant la maison où se déroule la réunion et confisquant la littérature religieuse. Avec l’élan que lui donnaient ses convictions communistes, l’alcool qu’il buvait avant de partir et la rémunération de vingt-cinq roubles pour chaque raid, Kourdakov a ainsi effectué plus de 150 raids.

En bon connaisseur de la doctrine communiste, Kourdakov sait que Lénine et ses théoriciens ont expliqué que la religion est un élément destiné à ne survivre en Union soviétique que quelques années, puis à disparaître lentement, car elle est typique des personnes âgées, attachées à leurs coutumes. Cependant, peu à peu, il se rend compte que le phénomène ne diminue pas mais augmente et, plus surprenant encore, touche les jeunes. En 1969 et 1970, les rencontres qu’il doit disperser sont en grande partie composées de jeunes. Et même s’ils reçoivent des coups qui les défigurent, le flic continue à voir les mêmes visages.

Conscient des conséquences de ses actes, Sergei décide à un moment donné de quitter son rôle de policier soviétique. Par une nuit de tempête, Sergei, devenu officier de marine, s’échappe de son navire et nage jusqu’à la côte canadienne, où il est accueilli à contrecœur. Il s’installe aux États-Unis où il se consacre à l’écriture et à la narration des souffrances réelles de la vie derrière le rideau de fer. Cela ne dure pas longtemps. En 1973, il meurt mystérieusement : d’un coup de feu.

En lisant le livre, je n’ai pu m’empêcher de m’étonner des grandes similitudes qu’un événement historique aussi tragique qu’éphémère, comme celui de l’Union soviétique, présente avec ce qui se passe aujourd’hui dans l’Église catholique. Et à plus d’un titre.

Les théoriciens de Vatican II et de ses printemps fleuris nous ont dit et continuent de nous dire que le grand événement, comme la Révolution russe, marque un avant et un après dans l’histoire de l’Église. Et que la réforme liturgique, fruit exquis de ce concile, n’est pas seulement définitive, mais qu’elle est la meilleure chose qui aurait pu arriver à l’Église. Tout comme les hiérarques communistes se souciaient très peu de ce que la réalité disait de la situation réelle de leur pays, les évêques catholiques se soucient tout autant du fait que leurs églises sont vides, que de moins en moins de catholiques vont à la messe et que les services ne sont fréquentés que par les personnes âgées. Malgré un échec aussi flagrant et évident, ils continuent à proclamer la bonté cachée – vraiment bien cachée – de la liturgie réformée.

Le pape François et ses coryphées nous répètent à l’envi que la liturgie traditionnelle n’est autorisée, ou n’était autorisée, que pour accompagner le petit groupe de fidèles encore attachés, par âge ou par sensibilité, à la liturgie latine. Ils se présentent comme des parents magnanimes et patients envers leurs fidèles plus défavorisés dans leur développement maturatif et incapables de la croissance personnelle attendue d’un adulte, comme s’il s’agissait d’enfants atteints de différents types de handicaps. Et ils nous assurent que, lorsqu’ils verront les avantages et les délices de la liturgie réformée, même ces enfants défavorisés abandonneront les vieilles habitudes et entreront pleinement dans l’ère liturgique nouvelle et brillante.

Mais pour Bergoglio, et pour beaucoup d’évêques, surtout italiens, il s’est passé comme pour Dimitri Nikoforov, le chef de la police du Kamchatka : ils ont découvert avec horreur que les résultats ne sont pas ceux qu’ils avaient espérés et que ceux qui assistent aux réunions des croyants, dans notre cas la messe traditionnelle, ne sont pas des inadaptés, mais sont pour la plupart jeunes, sains et normaux. Et ils y assistent avec leur famille, initiant leurs enfants à des habitudes aussi dangereuses.

La solution adoptée par le pape François est également similaire à celle de Nikoforov : détruire les croyants traditionalistes. Il ne le fait pas, bien sûr, en envoyant les flics les tabasser, mais en interdisant la liturgie traditionnelle par un document.

L’Union soviétique des années 1970 était dirigée par Leonid Brejnev, un personnage plutôt limité et grotesque, héritier des pires années de Staline, qui a préparé les conditions nécessaires pour que l’Union soviétique s’effondre et disparaisse quelques années seulement après sa mort. De même, l’Église catholique est aujourd’hui une institution dirigée par une gérontocratie qui refuse de voir la réalité de ce qui se passe. Et elle a pour chef ultime un personnage grotesque comme Brejnev avec la circonstance aggravante que le passage des années et les maladies l’ont déchaîné, et qu’il semble maintenant hors de contrôle. Ce que le pape François dit et fait au cours de ces semaines dépasse les calculs de tout analyste ou prophète. Et personne ne peut l’arrêter. Preuve en est l’audience scandaleuse accordée au sénile Biden.

Je ne sais pas dans quelle mesure nous sommes conscients de l’état terminal de l’Église catholique. Nous savons qu’elle a été fondée par Jésus-Christ et que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Mais nous ne savons pas dans quel état elle survivra. Ma crainte est que, si François reste plus longtemps sur le trône pétrinien, il se produise ce qui s’est passé avec l’Union soviétique. Peut-être sommes-nous déjà au bord de la débâcle.

http://caminante-wanderer.blogspot.com/2021/10/el-esbirro.html

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