C’est la presse dite « liberal » (au sens anglosaxon du terme) qui a soulevé le lièvre avec délectation. Certes, il y aurait la révélation de relations ambigües avec une femme: paradoxalement, dans notre société hypersexualisée, la meilleure façon de se débarrasser d’un gêneur est de lui coller un scandale sexuel. Et son départ arrangerait beaucoup de gens, qui ont des raisons de lui en vouloir (*). Cela va de ses rapports tendus avec les mouvements LGBT et de son attitude vis à vis de l’accueil des migrants aux relations avec Macron et même ,au chantier de Notre-Dame (je ne parle pas du mécontentement du secteur traditionnel pour sa gestion de Traditionis Custodes, car ils ont un poids médiatique nul, et la rigidité de l’archevêque – qui, sur ce dossier, a peut-être cherché à s’attirer la sympathie de ses adversaires progressistes – serait même un bon point pour lui). Explications inédites de Nico Spuntoni.

(*) Cette affaire rappelle celle de « l’évêque bling bling » de Limbourg,  Mgr Franz-Peter Tebartz-van Elst, en 2013, accusé par ses ouailles d’avoir dépensé des somme faramineuses pour l’aménagement du palais épiscopal. Ici, c’est « la femme de l’évêque » qui joue le rôle des dépenses somptuaires (cf. benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/leveque-bling-bling-de-limbourg). Finalement, Mgr Tebartz a été écarté, et Limbourg est devenu ou redevenu un fief progressiste dans l’Eglise allemande.

La femme de l’évêque, nouvelle tuile sur l’Eglise française

Nico Spuntoni (La NBQ)
27 novembre 2021
Ma traduction

L’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a démissionné et en a informé le Saint-Père dans une lettre qui est arrivée à Rome jeudi soir. Bien que l’évêque ait annoncé sa décision lors du conseil épiscopal de lundi, la nouvelle devait rester confidentielle jusqu’à la décision du pape. Hier, pourtant, le jour même où François recevait Emmanuel Macron au Vatican, quelqu’un a dû transmettre la nouvelle au Figaro.

L’indiscrétion du journal a été confirmée par l’intéressé à Céline Hoyeau de « La Croix », à qui il a confié avoir remis son poste entre les mains du souverain pontife afin de préserver l’archevêché. Mgr Aupetit, en effet, s’était retrouvé dans une tempête médiatique après que l’hebdomadaire liberal « Le Point » ait publié une enquête à son sujet mardi dernier, l’accusant de gestion autoritaire de l’archevêché et d’avoir eu une relation sentimentale avec une femme. Les auteurs du rapport, Marie Bordet et Violaine de Montclos, ont rapporté cette dernière circonstance, en la liant au prétendu silence de l’archevêque après la publication du rapport Sauvé.

La preuve de la liaison présumée avec une femme consentante serait dans un mail de 2012 qu’Aupetit a envoyé par erreur à sa secrétaire. Selon « Le Point », ses plus proches collaborateurs ont découvert son existence en 2020, date à laquelle ils ont interpellé le prélat pour des éclaircissements, obtenant une promesse de démission qui ne s’est pas concrétisée. À l’époque, il était vicaire général à Paris, et tant l’archevêque de l’époque, le cardinal André Armand Vingt-Trois, que le préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, auraient été informés de l’affaire.

Interrogé sur le mail par « Le Point », Aupetit n’a pas nié son existence, affirmant toutefois qu’il en était le destinataire et non l’expéditeur. « Quand j’étais vicaire général », a-t-il tenté d’expliquer, « une femme s’est manifestée à plusieurs reprises par des visites, des mails, etc., au point que j’ai parfois dû prendre des mesures pour mettre des distances », admettant toutefois que « mon comportement à son égard a pu être ambigu, suggérant ainsi l’existence d’une relation intime et de relations sexuelles entre nous, ce que je nie fermement ».

L’appel téléphonique avec les journalistes a alarmé l’archevêque, qui a donc annoncé son intention de démissionner à son conseil épiscopal la veille de la publication de l’enquête. En outre, « Le Point » accuse Aupetit d’une gestion autoritaire et restrictive du pouvoir, lui reprochant notamment la démission de son ancien vicaire, connu pour son engagement auprès des migrants, Mgr Benoist de Sinety, et la fermeture du centre pastoral « arc-en-ciel », Saint Merry.

En bref, en plus de la « bombe » concernant la liaison présumée avec une femme, l’enquête du Point a recueilli des jugements négatifs sur l’archevêque provenant des secteurs les plus progressistes de la communauté catholique parisienne. D’ailleurs, les accusations d’autoritarisme et de manque d’écoute portées par une partie du clergé parisien avaient déjà été rapportées par « Libération », indiquant l’ancien vicaire Benoist de Sinety comme source. Un éventuel retrait d’Aupetit ne ferait toutefois pas s’arracher les cheveux des secteurs les plus conservateurs, puisque l’archevêque a été le protagoniste d’une des applications les plus restrictives de Traditionis custodes, limitant la célébration en forme extraordinaire à seulement cinq églises du diocèse et suscitant les protestations des fidèles.

Les relations avec le président Macron ne sont pas non plus idylliques, [Aupetit] ayant critiqué son silence sur les chrétiens dans les jours qui ont suivi l’incendie de Notre-Dame et ses restrictions de culte pour lutter contre la pandémie.

La nouvelle de la démission d’Aupetit intervient le jour même où Tim Stanley et Henry Samuel ont révélé en exclusivité dans le Telegraph ce à quoi pourrait ressembler la cathédrale Notre-Dame après sa rénovation : selon les sources consultées par les deux journalistes, quatorze chapelles intérieures auront des peintures murales et des phrases contemporaines projetées sur les murs et l’œuvre finale ressemblera à « une salle d’exposition expérimentale qui mutilerait l’œuvre d’Eugène Viollet-le-Duc » (lire le résumé de l’article du Telegraph sur Valeurs Actuelles, ndt) [(**)].

Au moment de l’incendie, l’archevêque de Paris avait exprimé le souhait que l’église soit reconstruite en respectant son lien avec la tradition chrétienne, mais le plan de rénovation du gouvernement français – propriétaire du bâtiment – semble ne pas en avoir tenu compte. Mais aujourd’hui, le prélat a d’autres chats à fouetter : son avenir sera décidé par le pape François, dont la lettre de démission du poste épiscopal est arrivée sur son bureau. L’acceptera-t-il ou le renverra-t-il à l’expéditeur, comme ce fut le cas pour le cardinal Reinhard Marx ?

Ou bien lui sera-t-il accordé une pause temporaire comme le Cardinal Rainer Maria Woelki à Cologne ? Aupetit, contrairement à eux, n’a pas reçu la barrette rouge : une anomalie pour un archidiocèse aussi important que celui de Paris mais qui, peut-être, avec les révélations du « Point » sur l’existence d’une relation ambiguë avec une femme dont Rome aurait eu connaissance, trouve maintenant une explication plus convaincante de la prétendue allergie du Pape François à l’épiscopat français sur laquelle beaucoup ont écrit dans le passé [ndt: Bof… les rumeurs de scandale n’ont jamais gêné François pour accorder des promotions à ses poulains…].

NDT

[(**)]

Plusieurs architectes qui ont accès aux plans décrivent auprès du  Telegraph  des rénovations aberrantes, comme « un sentier de la découverte » qui conduira les visiteurs à travers diverses chapelles, en mettant l’accent sur l’Afrique et l’Asie. Aussi, les écritures seront diffusées sur les murs dans diverses langues, y compris le mandarin. Des expositions, comme « le christianisme pour les nuls », ont aussi été annoncées par les spécialistes. Par ailleurs, l’un des sanctuaires sera dédié à l’environnement.

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Dans le même temps, les architectes assurent que des confessionnaux, des autels, ainsi que des sculptures classiques, seront mis au rebut. Il est prévu que ces derniers soient remplacés par des peintures murales « à la mode », qui contiendront des effets sonores et lumineux, dans le but de créer des « espaces émotionnels ». De de cette façon, ce symbole français sera aisément compris par tous les touristes, « qu’ils viennent de Chine ou de Suède »

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Toutefois, les détracteurs estiment que cela avilit l’Eglise, vieille de 850 ans, et la transforme en un « Disneyland politiquement correct »

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Valeurs Actuelles
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