Partant de scènes de la vie quotidienne, une formidable réflexion sur la banalisation du mal, reproduite sur le blog d’AM Valli. Face au rouleau compresseur médiatique et à la fraude qui depuis deux ans s’accomplit de façon tantôt subliminale tantôt grossière sous les yeux souvent indifférents de la majorité, faisons en sorte que la force de la raison l’emporte sur celle de l’habitude.

Face à l’irrationalité et à l’injustice, ne cédons pas à l’habitude. Ne bradons pas la dignité

Une promenade par une belle journée ensoleillée. D’un côté de la rue, un flot de personnes qui se promènent, presque toutes portant des masques chirurgicaux. De l’autre côté, celui des restaurants avec leurs tables en plein air, une marée d’autres personnes mangent et discutent joyeusement sans les soucis qu’ils auront dans un instant, quand ils se lèveront, satisfaits de la « liberté » que le Green Pass leur a accordée et remettront l’accessoire médical qu’ils sont obligés d’utiliser pour préserver leur santé. Je garde mon regard en partie sur les marcheurs, en partie sur les dîneurs. Cela me semble une vision incongrue, paradoxale, irritante. Je peux admettre que cela dépend d’une sensibilité exacerbée par l’arrogance et la méchanceté que manifestent chaque jour certains plénipotentiaires : hier encore, un sous-secrétaire du ministère de la santé a eu l’effronterie de dire que les non-vaccinés sont dangereux et qu’il leur rendra la vie difficile. Paroles irresponsables, d’une gravité sans précédent, qui resteront impunies, alors que je suis là, attentif à mesurer les miennes qui voudraient en dire bien plus sur cette honte.

Cependant, je crois qu’il est important pour ceux qui ont saisi la tromperie qui se cache derrière les événements de ces deux dernières années de saisir le côté anormal, la déformation des situations qui apparaissent quotidiennement sous nos yeux. J’irais même jusqu’à dire qu’il s’agit d’une question d’esthétique. En d’autres termes, nous ne devons pas nous habituer à considérer ce qui n’est pas normal comme normal. C’est un risque que nous courons tous, car l’homme est par nature enclin à s’adapter.

Par exemple, en tant que fan de sport, j’ai regardé beaucoup de compétitions sportives à la télévision au cours des derniers mois. Eh bien, à un certain moment, je me suis rendu compte que je ne prêtais plus attention au protocole absurde qui oblige les athlètes sur le podium, au plus beau moment, à cacher leur joie derrière un masque ; humiliés, à leur insu symboles en mondovision du nouveau monde en construction. Un monde qui voudrait que nous nous ignorions les uns les autres, que nous soyons séparés, éloignés socialement, muets. Et quoi de plus significatif qu’une muselière sur le visage pour le préfigurer ? Je ne faisais plus attention, disais-je, et pourtant, si vous regardez avec des yeux clairs, c’est une scène surréaliste, rendue ridicule par son inutilité manifeste. Inutilité pour la santé bien sûr, mais l’objectif de propagande est pleinement atteint.

Pour prendre un autre exemple, lorsque je vois quelqu’un seul dans une voiture avec le visage couvert, je ne suis plus surpris, je l’ai accepté. Je ne devrais pas. Je devrais conserver la capacité de m’interroger.

Si la maladie appelée covid nous a donné l’occasion de voir autant de manifestations d’irrationalité, il existe d’autres situations dans lesquelles nous sommes intérieurement appelés à faire un écart, à dire avec la même obstination ferme que le scribe Bartleby : j’aimerais mieux pas. Refuser de s’habituer à l’horreur, à cet enfer dont on nous abreuve sans cesse dans le but de nous le faire intérioriser. Ne pas laisser notre imagination être conditionnée par cela, ne pas laisser notre capacité d’indignation s’affaiblir, voilà ce que nous devrions pratiquer.

Malheureusement, il ne sera pas facile de réveiller ceux qui, au fil de toutes ces années de manipulations occultes, ont assimilé de manière subliminale l’univers qui leur est montré à la télévision entre deux émissions, sans qu’ils en avalent de travers par dégoût: crimes montrés et relayés dans des détails morbides sous couvert du droit de reportage, âmes froissées de garçons et de filles encouragés à s’accoupler puis à pleurer de fausses larmes devant les caméras, violence montrée à fond dans les séries dites à la mode, publicité qui ouvre des fenêtres d’Overton sur des scénarios déconcertants. Et ainsi de suite. Et si quelqu’un pense que tout cela est sans rapport avec les paradoxes de la pandémie et le harcèlement que nous avons subi et que nous continuons à subir, je suis désolé pour lui : ce que je fais ici, ce sont des considérations à fleur de peau qui ne veulent pas donner de raisons pour elles-mêmes, mais recherchent plutôt un contact émotionnel entre des personnes qui marchent ensemble sur le même chemin à contre-courant.

Si nous voulons sortir de ce cauchemar, la communauté doit apprendre à distinguer le raisonnable du fou, le beau du laid, le vrai du faux, le juste de l’injuste, le naturel de l’artificiel. Ces distinctions sont inscrites dans le code ontologique de tous les hommes, elles ne peuvent être perdues à jamais, pas encore. Et le droit positif doit les prendre en compte s’il ne veut pas devenir un instrument de tyrannie pure et simple.

Cette considération me ramène à ma promenade dominicale. Alors que je m’éloignai du flux de la foule, à la recherche d’un coin plus tranquille, je suis tombé sur un couple marié, je présume qu’ils l’étaient. Elle, très vive, a dit quelque chose du genre, je cite de mémoire : « mais en somme… inconstitutionnel, inconstitutionnel… mais on s’en fiche, de la constitution… ici il s’agit de santé ».

Chère madame qui ne me lira jamais, en principe vous auriez raison. Notre droit sacro-saint à la liberté, comme notre droit à la santé, ne sont pas « accordés » par la Constitution. Ce sont des droits prépolitiques, inhérents à tous les hommes du fait même qu’ils sont au monde. Si, raisonnant par l’absurde, la Constitution faisait obstacle à leur mise en œuvre, vous auriez le droit de lui désobéir car une loi qui va clairement à l’encontre du bien commun et ne respecte pas la pleine dignité de la personne ne doit pas être respectée. Mais notre Constitution protège à la fois la liberté et la santé, et exiger de tous, et notamment de nos gouvernants, qu’ils la respectent reste la meilleure chose à faire pour nous protéger des abus. Je ne crois pas que les lois promulguées au cours des deux dernières années et surtout le dernier décret sur la vaccination obligatoire et les restrictions connexes pour ceux qui n’ont pas le soi-disant « Green pass » protègent la liberté et la santé et respectent l’esprit de la Constitution (pour la forme, il y aura toujours un juriste prêt à démontrer que l’ignorance est une force et que la liberté est un esclavage) .

Vous vous trompez vous-même lorsque vous pensez que le sacrifice de la liberté qui nous est imposé vous aide à rester en bonne santé. La liberté et la santé ne sont pas des valeurs contradictoires. Au contraire, l’homme libre protégera sa santé bien mieux que ne peut ou ne veut le faire un pouvoir despotique. Il sera capable de se protéger, il saura évaluer l’opportunité de ses actions, ne serait-ce que par instinct de conservation. Par exemple, si une épidémie de peste était en cours, il n’y aurait personne dans les rues, pas besoin de masques, de couvre-feux et de laissez-passer. Vous aussi, vous seriez volontairement resté à la maison aujourd’hui et auriez regardé les monatti [ceux qui ramassaient les morts dans les rues pendant l’épidémie de peste décrite dans I Promessi sposi] derrière des vitres embuées. Mais nous avons été épargnés par la peste cette fois-ci, et je me demande ce que vous voyez autour de vous qui pourrait vous inciter à renoncer à vos droits si légèrement. Car, même si ce n’est pas encore clair pour vous, en la confiant à la possession de la carte verte, vous avez perdu votre liberté.

De plus, comme il a été dit que l’homme s’habitue facilement, il se peut que vous ne le remarquiez jamais. Ainsi, lorsque nous nous rencontrerons au bar, et que je serai refoulé alors que vous montrerez votre QR code et siroterez votre café, vous ne trouverez rien d’étrange. Vous ne ressentirez pas un instant l’atmosphère absurde, irrationnelle, carnavalesque, semblable à celle des camps de concentration décrits par les grands écrivains du siècle dernier, qu’une telle scène évoquerait chez un être humain resté humain. Peut-être vous sentirez-vous simplement plus « protégée », même si l’on sait aujourd’hui que l’infection ne fait pas de distinction entre les personnes vaccinées et celles qui ne le sont pas. Même vous, vous en aurez entendu parler et vous aurez balayé la nouvelle d’un revers de main, comme s’il s’agissait d’un problème mineur. Alors qu’il est clair qu’un tel événement déchire même ce mince, très mince voile qui sépare une mesure, je ne dirai pas légitime, mais qui peut un tout petit peu se justifier, de l’arbitraire pur et simple.

Mais un café au bar, ce n’est rien. Qu’y a-t-il dans votre cœur qui vous empêche de plaindre un père qui ne peut plus travailler parce qu’il n’a pas un bout de papier? Qu’est-ce qui vous fait penser qu’il est acceptable que les droits d’un homme en bonne santé soient restreints parce qu’il n’a pas de sauf-conduit ? Est-ce parce que la science l’exige de nous ? Mais la science, cette impénétrable, par la bouche de qui vous a-t-elle parlé ces derniers mois ? Peut-être par celle du chroniqueur que vous lisez chaque matin en trempant votre brioche dans votre cappuccino ? Ou des médecins sortis de nulle part, dont la cohérence humaine, morale et intellectuelle s’est clairement manifestée lors de certaines prestations vocales et autres événements qui les ont récemment concernés ?

Car s’il en était autrement, si vous aviez voulu faire l’effort de vous informer au-delà de ce que vous entendez au journal télévisé du soir, vous sauriez qu’il y a des centaines de scientifiques et de médecins qui racontent une histoire différente sur les pandémies, les cures et les sérums expérimentaux. Et le fait de savoir qu’il existe une autre narration, même si vous étiez encline à ne pas y croire, vous laisserait au moins dans le doute quant à la raison pour laquelle cette narration a été passée sous silence jusqu’à présent et pourquoi aucun des professionnels autoproclamés de l’information n’a pris la peine de la faire connaître (en d’autres termes, cela s’appelle la censure).

Chère Madame, la nouvelle selon laquelle certains hôpitaux discriminent ceux qui, en conscience, ont décidé de ne pas se soumettre à l’expérience à grande échelle qu’est cette inoculation de masse, en retardant leur traitement, a fait sensation. Ne laissez pas passer une telle cruauté avec un haussement d’épaules. Arrêtez-vous et pensez qu’un tel monde est inhumain et que cette inhumanité pourrait se retourner contre vous demain. Que si de telles abominations sont tolérées par ceux qui auraient le pouvoir de les empêcher (et peut-être même que la diffusion de la nouvelle n’est pas considérée comme une mauvaise chose, à la fois pour l’effet déprimant et terrifiant qu’elle a sur ceux qui résistent, et pour ouvrir une fenêtre supplémentaire à la justification populaire d’un comportement similaire et même pire à l’avenir), cela signifie que ce qui est en jeu n’est pas la défense de notre santé, mais la poursuite de fins obscures qu’on ne nous dit pas.

Je rentre chez moi attristé. Je ne peux pas comprendre entièrement pourquoi tout cela se produit, et je ne peux pas non plus imaginer quel sera le résultat final. Mais je sais qu’aucune raison d’État inconnue, aucun bien futur hypothétique que l’on voudrait atteindre, ou mal que l’on voudrait éviter, pensées auxquelles on s’accroche parfois parce que la réalité serait autrement trop difficile à digérer, ne peut justifier tant de souffrance et que la dignité humaine soit si ouvertement bafouée.

Carlo Primerano

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