Elle a bien saisi à quel point la lettre est personnelle et porte la « griffe » du Saint-Père: « Le pape émérite met sa conscience à nu et enseigne aux prêtres et aux évêques, aux dirigeants et aux chrétiens individuels que nous sommes tous pécheurs devant Dieu et que Lui seul peut pardonner »

https://www.acistampa.com/story/benedetto-xvi-lessere-cristiano-mi-dona-lamicizia-con-il-giudice-delle-mia-vita-19061

« Dans toutes mes rencontres, notamment au cours des nombreux voyages apostoliques, avec des victimes d’abus sexuels commis par des prêtres, j’ai regardé dans les yeux les conséquences d’une très grande culpabilité et j’ai appris à comprendre que nous sommes nous-mêmes entraînés dans cette très grande culpabilité lorsque nous la négligeons ou lorsque nous ne l’affrontons pas avec la décision et la responsabilité nécessaires, comme cela s’est trop souvent produit et se produit. »

La lettre de Benoît XVI adressée à tous à la suite du rapport sur les abus commis par des clercs dans le diocèse de Munich et Freising, qui le met en cause, n’est pas une simple mise au point. Le pape émérite met sa conscience à nu et enseigne aux prêtres et aux évêques, aux dirigeants et aux chrétiens individuels que nous sommes tous pécheurs devant Dieu et que Lui seul peut pardonner « si je me laisse sincèrement examiner par Lui et si je suis vraiment disposé à me changer ». Du reste, écrit Benoît, « être chrétien me donne la connaissance, et plus encore, l’amitié avec le juge de ma vie et me permet de franchir avec confiance la porte sombre de la mort ».

Le texte s’ouvre sur la chronique et quelques détails pratiques sur la communication d’un oubli :

« Dans le travail gigantesque de l’époque – l’élaboration de la prise de position – un oubli s’est produit concernant ma participation à la réunion de l’Ordinariat du 15 janvier 1980. Cette erreur, qui s’est malheureusement produite, n’était pas intentionnelle et j’espère qu’elle est excusable. J’ai déjà fait en sorte que l’archevêque Gänswein le fasse savoir dans son communiqué de presse du 24 janvier 2022. Cela n’enlève rien à l’attention et au dévouement qui étaient et sont un impératif évident pour ces amis. J’ai été profondément touché que cet oubli soit utilisé pour mettre en doute ma véridicité, et même pour me présenter comme un menteur« .

N’ayant pas peur de dire les choses telles qu’elles sont, Benoît ajoute :

« J’ai été d’autant plus ému par les nombreuses marques de confiance, les témoignages chaleureux et les lettres d’encouragement émouvantes que j’ai reçus de tant de personnes. Je suis particulièrement reconnaissant de la confiance, du soutien et des prières que le pape François m’a exprimés personnellement. Enfin, je voudrais remercier la petite famille du monastère Mater Ecclesiae, dont la communion de vie dans les moments heureux et difficiles me donne la solidité intérieure qui me soutient ».

Ayant ainsi archivé la chronique des événements récents, voici la partie la plus intime et personnelle, lorsqu’au début de la célébration de la messe

« Nous prions le Dieu vivant de pardonner publiquement notre culpabilité, notre grande et très grande culpabilité. Il est clair que le mot ‘plus grand’ ne se réfère pas de la même manière à tous les jours, à chaque jour. Mais chaque jour, il me demande si je ne devrais pas aussi parler de la grande et très grande culpabilité aujourd’hui. Et il me dit de manière réconfortante que, quelle que soit l’importance de ma faute aujourd’hui, le Seigneur me pardonne, si je me laisse sincèrement examiner par Lui et si je suis vraiment disposé à me changer ».

La Miséricorde divine, qui découle de « ma profonde honte, ma grande tristesse et ma demande sincère de pardon ».

Benoît XVI va encore plus loin, il ne s’agit pas de chronique mais de théologie :

« Je comprends de plus en plus le dégoût et la peur que le Christ a éprouvés sur le Mont des Oliviers lorsqu’il a vu toutes les choses terribles qu’il aurait à surmonter intérieurement. Le fait que les disciples étaient endormis à ce moment-là est malheureusement une situation qui se produit encore aujourd’hui et pour laquelle je me sens également interpellé ».

La grandeur de la demande de pardon parce que nous faisons tous des erreurs.

« Bientôt, écrit Benoît, je me retrouverai devant le juge ultime de ma vie. Même si, en regardant ma longue vie, j’ai beaucoup de raisons de craindre et d’avoir peur, je suis néanmoins dans un état d’esprit joyeux parce que j’ai la ferme confiance que le Seigneur n’est pas seulement le juge juste, mais en même temps l’ami et le frère qui a déjà souffert lui-même de mes défaillances et qui, en tant que juge, est donc en même temps mon avocat (Paraclet). En vue de l’heure du jugement, la grâce d’être chrétien devient claire pour moi ».

La lettre se termine par une image puissante tirée de l’Apocalypse : Jean « voit le Fils de l’homme dans toute sa grandeur et tombe à ses pieds comme mort. Mais il pose sa main droite sur lui et dit : ‘N’aie pas peur ! C’est moi…’  »

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