Une religieuse, Rosalina Ravasio membre de la Communauté Shalom, écrit à Benoît XVI, après les attaques dont il a été la cible et qui l’ont vu (oui! François a formulé sa « sympathie » seulement en privé) se défendre seul contre la meute des chacals.

https://lanuovabq.it/it/caro-papa-benedetto-noi-siamo-con-te

Cher et bien-aimé Papa Ratzinger,

J’ai eu l’occasion de te rencontrer personnellement dans des circonstances particulières et bénies ; je me souviens avec une émotion et une affection particulières de la rencontre du 14 septembre 2012 où je suis allé te rendre visite accompagné de près de 200 jeunes de la Communauté !

À cette occasion, j’avais encore – dans mes pensées les plus intimes – de nombreux préjugés à ton égard : je te trouvais trop sévère, trop fermé car, inévitablement, je te comparais à Jean-Paul II qui a si longtemps dirigé notre « famille » : l’Église, avec amour et passion ! Et il était si attachant, non seulement du point de vue spirituel mais aussi du point de vue humain.

J’ai eu l’immense grâce et la joie de rencontrer personnellement Jean-Paul II à au moins cinq reprises et presque toujours avec les jeunes de la Communauté. Sa bonté, sa spiritualité, son courage à présenter la foi aux jeunes comme la pierre angulaire d’un « style de vie » ont fait une brèche dans mon cœur et dans le cœur de millions de jeunes.

Eh bien, cher Papa, quand, ce 14 septembre, je me suis agenouillée pour baiser ton anneau et que tu m’as soulevée avec tes bras, j’étais si émue que je n’ai rien compris des paroles que tu m’as adressées à cette occasion, mais je me suis sentie malheureuse en rencontrant tes yeux pleins de souffrance. Cette fraction de quelques secondes a exposé toute ma misère, démolissant l’opinion que j’avais de toi, me faisant honte à la seule pensée de ne pas avoir compris, en tant que religieuse, ta souffrance cachée et dissimulée aux yeux du monde, mais surtout la profondeur de ton amour pour la Croix du Christ !

Merci Papa.
C’est pourquoi je voulais te témoigner toute mon affection, mon amour, mes sentiments, non seulement de solidarité, mais d’indignation devant la manière inique et inquiétante dont les « accusations » d’avoir « couvert » des pédophiles te sont parvenues !
C’est une souffrance intime et spirituelle, que la mienne, qui, en tant que religieuse, m’a bouleversée et frappée au plus profond de mon âme : voir le « Pape » si gratuitement sali et déclassé comme  » complice « , accusé d’avoir couvert des événements sordides qui ont touché comme une tangente ton parcours de pasteur dans l’Église de Munich.
Toi, cher Papa, qui le premier a eu le courage d’appeler la « saleté des consacrés » serviteurs de Satan !

L’auteur de ces lignes prendrait-elle la défense des « couvertures » du pape Ratzinger ? Non, absolument pas ! L’auteur, au contraire, est quelqu’un qui a fait arrêter un prêtre impliqué dans le réseau de pédophilie, et qui est considérée par beaucoup de personnes, au grand cœur et à l’esprit ouvert, comme un « taliban » parce qu’elle filtre tout simplement ceux qui entrent dans ma Communauté (même s’il s’agit de prêtres) et quand ils sont simplement « suspects », je ferme définitivement toute possibilité de contact avec mes hôtes.
Je ne suis donc pas du côté des « tolérants » sur cette question.

Cher Papa, je te déclare ma perplexité face à un christianisme devenu incapable de protéger celui qui est, depuis quelques années, comme le disait sainte Catherine de Sienne : « le Représentant du doux Christ sur terre ! ».
Nos années sont difficiles, cher Papa, des années dominées par la « pensée compulsivo-obsessionnelle » de l’échec de la conscience, de la spiritualité, de la perte des valeurs, y compris la gratitude de se tourner vers Dieu pour la vie qui nous est donnée !

Aujourd’hui, le mot clé est « démolition ». Tout est problématique, incertain, douteux ; tout semble s’effondrer dans le doute, dans l’angoisse, dans l’insécurité. Ainsi, l' »équilibre » des rôles familiaux du père, de la mère et de l’enfant a été perdu, tout est placé sous le signe des revendications les plus improbables et de toutes les formes possibles d’ « égalité » : les jeunes vis-à-vis des adultes, les élèves vis-à-vis des enseignants, les subordonnés vis-à-vis des supérieurs, les enfants vis-à-vis des parents. Et tout cela dans une tentative d’exorciser, de réparer, d’effacer.

Des années agitées et fébriles, cher Papa, où le « vide mental » nous a rendus incapables de reconnaître nos responsabilités et de faire des examens de conscience profonds (les seuls capables de nous faire dépasser les fortes barrières idéologiques) et des coutumes qui ont imprégné tous les aspects de notre vie.
On n’a jamais le temps de métaboliser : tout va vite, très vite, trop vite, et si l’on ne veut pas risquer la « marginalisation sociale », on a tout au plus droit à une attitude de neutralité bienveillante.

Et Toi, cher Papa Ratzinger, tu ne nous as jamais laissés dans les limbes !
Toi, cher Pape, tu as toujours pris position « en faveur de la Vérité » des pauvres, des humbles, des marginaux, de ceux qui, parce qu’ils sont chrétiens, ne comptent pour rien ; ils n’ont pas de titres, ils peuvent seulement, avec humilité et douleur, passer leur vie, laborieusement jour après jour, dans le sillage du sang du Christ.
Toi, cher Papa, tu as donné une cohérence religieuse et spirituelle à tous ceux qui ont demandé à être et à vivre en tant que « chrétiens », non par tradition mais par choix.

Merci, Papa Ratzinger, parce que tu n’as pas caractérisé la Foi comme un programme politique ou une méthode diplomatique, le résultat d’une solution accommodante et réceptive à nos désirs.

Tu nous as présenté Dieu, cher Papa, comme une « Famille » dans laquelle l’amour est vraiment toujours en cercle, jamais immobile et en arrêt.
C’est « notre histoire », c’est l’histoire de l’Église, c’est l’histoire de notre famille, avec son propre style de vie, avec sa propre fidélité, avec sa propre tradition, qui nous renvoie toujours à Jésus comme unique objectif.

Merci , Papa Ratzinger, car tu nous as montré un Dieu qui est proche de nous.
Tu nous as appris à ne pas craindre le choc avec le « mur infranchissable » du monde, avec ses exigences pour nous imposer ses priorités et ses valeurs.
Tu nous as appris à ne pas bégayer face aux idéologies et aux opinions qui nous détournent de la Parole de Dieu dans le but de « capturer, absorber et anéantir » les chrétiens que nous sommes.

MERCI Papa!!!

Merci Papa : tu nous as toujours indiqué un sommet que nous n’atteignons qu’au terme d’une longue et fatigante montée.
Je t’aime Papa, nous t’aimons Papa, tu peux toujours compter sur nous.
La soussignée, Sœur Rosalina, une simple servante qui passe volontiers son temps à essayer de « nettoyer… » et tous les jeunes de la Communauté « Shalom », continueront à prier pour toi. Nous te présentons à Jésus dans les mains de Marie.

Rosalina Ravasio
Communauté Shalom

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