et je n’en parlerai pas ici si je n’avais pas aimé. Et même plus. J’ai vraiment été émue, ce qui ne m’arrive pratiquement jamais au cinéma, où j’ai plutôt tendance à consulter ma montre en espérant que la bande passe en accéléré.

Au-delà de l’incroyable exploit technique que constitue le tournage et des images à couper le souffle du brasier, et bien sûr de l’hommage justifié à l’héroïsme des pompiers – des hommes d’honneur, cela existe donc encore – il y a une histoire emblématique à plusieurs niveau (racines chrétiennes de la France, caractère sacré d’un bâtiment-symbole, qui n’est pas qu’une vitrine pour touristes mais un lieu de prières fruit du travail prodigieux des « bâtisseurs de cathédrale » qui ont œuvré dans l’anonymat et souvent au péril de leur vie « ad majorem gloriam Dei », ce qu’on a tendance à oublier) qui explose tous les scenarios de films catastrophes. Et aussi, pour moi, il y a le souvenir de Benoît XVI passant en papamobile à quelques mètres de moi, Quai Montebello (où des images du film ont été tournées ou récupérées d’archives), tout près du parvis. Mais ça, c’est personnel…

Certains critiques issus du milieu de la « culture » ont fait – prévisiblement – la fine bouche, reprochant au film son caractère blockbuster hollywoodien, sa grandiloquence (mais comment ne pas être grandiloquent quand le sujet est si grand, justement?), voire son style pompier (sic!), y voyant dans le meilleur des cas un simple documentaire (ce qu’il est aussi) ou, à l’opposé, lui reprochant de se perdre dans des anecdotes soi-disant sans intérêt, qui n’ajoutent rien au scenario

Au contraire, ces anecdotes ont pour but de relâcher un peu la tension, et ont un caractère symbolique. Comme celles de la fillette qui échappe à la surveillance de sa mère alors qu’on évacue la cathédrale après une première alerte, pour faire une prière et aller déposer une bougie au pied d’une statue de la Sainte Vierge (et on revoit la fillette à la fin, alors que le feu est circonscrit et que les trésors les plus précieux ont été sauvés). Et celle de la course échevelée dans les rue de Paris (une course qui laisse même un peu de place à l’humour), en train, à vélo – les fameux velolib d’Hidalgo – et à pied, du régisseur adjoint de Notre-Dame qui est le seul à connaître l’emplacement et la combinaison du coffre-fort où est conservée la Couronne d’épines. Suspense garanti jusqu’au dernier moment.

D’autres ont reproché à Jean-Jacques Annaud de ne pas avoir pris position, et de n’évoquer aucune piste quant à l’origine de l’incendie. Mais heureusement qu’il ne s’est pas aventuré sur ce terrain miné. Que n’aurait-on pas entendu. Chacun est libre d’avoir son opinion, au moins dans son for intérieur, mais le film ne pouvait pas ouvrir ce dossier. Dans un récit aussi grand, il ne devait pas y avoir de place à la polémique, qui elle, doit avoir d’autres espaces pour s’exprimer: nous avons assez de cinéma social et films « d’opinion » comme cela!

Au final, et pour ma part sans réserve, un beau et grand moment de cinéma, qui ne laisse qu’un seul regret: que le film soit trop court!!


Voir aussi cette excellente critique (à laquelle je dois les images qui illustrent cet article)
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