Il a été mis en ligne le 15 mars dernier sur Settimo Cielo (en français ici) sous la signature « Demos » (le peuple, en grec), et à une première lecture, il avait tout pour susciter un tollé médiatique (ce qui n’aurait pas manqué si le Pape était Benoît XVI). Pourtant, il n’a pas vraiment fait de bruit, au moins en France, où il a été à peine cité. Reproduit par AM Valli, voici le commentaire qu’en fait un blogueur traditionaliste (précision: pour lui, François n’est pas le pape légitime, une opinion que tous les anti-Bergoglio ne partagent pas). Etonnamment, il est encore plus sévère avec Demos (et avec les cardinaux en général) qu’avec le Pape. En réalité, Demos tirerait à côté de la cible, c’est-à-dire loin des vrais problèmes de l’Eglise: « Tout cela restera de beaux contes de fées sans un retour à la vraie messe… Sans une liturgie adéquate au culte dû à Dieu, ces propos de l’auteur ne sont que des propositions vides. La première réforme à faire est la légalisation totale, sine vinculis, de la messe de toujours. Le reste est de la politique« .

Le memorandum de « Demos ». Ou fermer l’étable quand les bœufs se sont échappés

Pas besoin d’être vaticaniste pour comprendre que, malheureusement, le mémorandum qui circule sur les bureaux des cardinaux risque d’être authentique.

Le document a été rendu public par Sandro Magister, qui le présente ainsi:

Depuis le début du Carême, ce mémorandum passe de main en main parmi les cardinaux qui éliront le futur pape. Son auteur, qui signe son nom du nom de Demos, « peuple » en grec, est inconnu, mais maîtrise parfaitement son sujet. La possibilité qu’il soit lui-même cardinal ne peut être exclue.

*

https://www.diakonos.be/settimo-cielo/un-memorandum-sur-le-prochain-conclave-circule-parmi-les-cardinaux-le-voici/

L’hypothèse que ce soit effectivement l’œuvre d’un cardinal ne peut être écartée. La raison de cette crainte ne réside pas tant dans l’inconsistance des sujets traités en prévision du prochain conclave, mais dans l’absence totale de focus sur le plus important. Et là, avec la circonstance aggravante qu’il s’agit d’un document confidentiel, c’est une attitude typique de la forma mentis du prêtre post-conciliaire.

Mais procédons dans l’ordre.

Le document contient de nombreuses observations objectivement partageables, nous nous réjouissons donc qu’après les avoir répétées pendant une décennie, même les cardinaux y soient arrivés :

  • le (…) pape est un fomenteur de confusion, de destruction de l’unité de l’Église :

« ce pontificat est un désastre sous plusieurs aspects, une catastrophe ».

  • le pape est un fomenteur de destruction de ce qui reste de la doctrine millénaire de l’Église, de la persécution de ceux qui veulent rester catholiques, même par l’introduction de pratiques hérétiques définies comme pastorales.

« La centralité du Christ dans l’enseignement est affaiblie ; le Christ est retiré du centre. Parfois, Rome semble même confuse quant à l’importance du monothéisme strict, faisant allusion à un certain concept plus large de la divinité ; pas exactement le panthéisme, mais une variante du panthéisme hindou ».

  • Laissons de côté la gestion despotique de l’État du Vatican par le pape-satrape, mais nous y reviendrons.
    En fait, nous y revenons tout de suite car :

« Ces questions devraient être réexaminées par le prochain pape. Le prestige politique du Vatican est maintenant au niveau bas ».

Cette phrase, ainsi que la série d’informations assommantes sur les mirobolants exploits financiers du cardinal Becciu, comparés aux vrais problèmes de l’Église, est l’arme fatale de l’absence totale de contact avec la réalité de ceux qui, laïcs et prélats, tirent les ficelles de l’Église catholique aujourd’hui.

Éminents cardinaux, voulons-nous vraiment parler du prestige politique du Vatican ? Ou bien parlons-nous d’Églises différentes ? Parlons-nous de l’organisation spirituelle qui a fait de la Confirmation (Cresima) non plus la confirmation dans l’Église, mais la sanction de l’abandon définitif de la foi, la libération officielle de l’enfer ? Savent-ils au Vatican que presque tous les enfants de douze ans sont déjà, au moins inconsciemment, athées ? Et c’est grâce à l’enseignement défaillant d’une catéchèse déformée dans les paroisses, à la fréquentation assidue de messes extravagantes quand elles ne sont pas sacrilèges, grâce à soixante ans d’échec du christianisme anonyme, pour lequel le Christ est un prétexte pour parler d’autre chose et Domine Dio Omnipotente est traité comme une soubrette.

Sommes-nous en train de parler du cardinal à la tête d’une église artificielle, dont la doctrine éminente est : « Dieu ne peut être Dieu sans l’homme… et ceci est un grand mystère » ? Le grand mystère est qu’il existe encore des personnes crédules qui restent silencieuses face de tels blasphèmes, pour lesquels on échouerait normalement à tout examen de théologie ou de philosophie.

Voulez-vous vraiment vous entêter à reconnaître un chef spirituel qui, d’un seul coup, nie l’existence de Dieu, qui serait une projection mentale de l’homme qui le crée de facto, et qui, en même temps, nie toute la tradition juive et chrétienne des cinq mille dernières années ainsi que toute la tradition philosophique grecque ? Aristote, Platon, Parménide, Moïse, Augustin, Thomas ? des têtes vides. Le funambule revêche de Buenos Aires est arrivé.

Prochain conclave.

« Nous sommes plus faibles qu’il y a 50 ans et de nombreux facteurs échappent à notre contrôle, du moins à court terme, par exemple la diminution du nombre de croyants, la fréquence de la fréquentation des messes, la disparition ou l’extinction de nombreux ordres religieux ».

Un autre concept qui me fait pencher vers l’authenticité. Le nombre de croyants se dirige vers zéro, non pas parce que l’Église a sous-estimé le monde après Vatican II, comme on voudrait nous le faire croire, mais précisément à cause de nombreuses innovations de Vatican II. Seul un prêtre conciliaire ne s’en rend pas compte.

Puis, voici un sursaut de foi :

« Le nouveau pape doit comprendre que le secret de la vitalité chrétienne et catholique vient de la fidélité aux enseignements du Christ et aux pratiques catholiques. Elle ne vient pas de l’adaptation au monde ou de l’argent. Les premières tâches du nouveau pape seront le rétablissement de la normalité, la restauration de la clarté doctrinale dans la foi et la morale, le rétablissement du respect de la loi et la garantie que le premier critère pour la nomination des évêques est l’acceptation de la tradition apostolique. […]
S’il n’y a pas de correction romaine de ces hérésies, l’Église serait réduite à une vague fédération d’Églises locales, avec des visions différentes, probablement plus proche d’un modèle anglican ou protestant, que d’un modèle orthodoxe. […]
Une priorité immédiate pour le prochain pape doit être d’éliminer et de prévenir un tel développement dangereux, en exigeant l’unité dans l’essentiel et en ne permettant pas de différences doctrinales inacceptables. La moralité de l’activité homosexuelle sera l’un de ces points critiques ».

Je suis d’accord avec tout cela, mais suis-je le seul à penser que nous voulons fermer l’étable après que les bœufs se soient enfuis chez McDonald? Ainsi, le soulagement devant la dénonciation explicite des hérésies ne dure qu’un instant. Parce que cette dernière partie citée est exactement le troisième indice qui fait une preuve. Est-ce seulement à moi qu’il semble évident que tout cela restera de beaux contes de fées sans un retour à la vraie messe ?

Sans une liturgie adéquate au culte dû à Dieu, ces propos de l’auteur ne sont que des propositions vides. La première réforme à faire est la légalisation totale, sine vinculis, de la messe de toujours. Le reste est de la politique. Étant donné que la grande majorité des cardinaux actuels ont été créés par l’ancien archevêque de Buenos Aires, si c’est cela la fronde orthodoxe contre la fausse église hérétique de François, il y a du travail.

Il y aurait plus à dire, mais pendant que les cardinaux précités se passent ce terrible mémorandum saboteur plus ou moins sous la table, en réponse le chef venu du bout du monde prie :

« Seigneur Jésus, né sous les bombes de Kiev, mort dans les bras de sa mère dans un bunker de Kharkiv, envoyé à vingt ans au front, aie pitié de nous « .

D’un seul coup, il parvient à blasphémer Dieu en direct à la télévision, à utiliser Jésus-Christ comme prétexte pour faire de la politique, et à exploiter la douleur des mères et la mort des enfants de manière vile et satanique.

Matteo Donadoni
ricognizioni.it

Share This