Mise à jour le 29/3. L’Ukraine, cela semble loin (et puis, il y a tant d’autres guerres de par le monde), même si l’arme nucléaire ignore les frontières. Mais l’Italie, c’est à notre porte. Et dans l’indifférence générale (celle, coupable/complice, des gouvernements européens, et celle, ignorante, de l’opinion publique), la péninsule toute entière est une base militaire américaine, qui abrite sur ses 8000 km de côtes plus de 120 bases et installations militaires, y compris des armes nucléaires stratégiques.

Les bases de l’OTAN et des Etats-Unis en Italie (Source)

Italie, un porte-avions destiné à être la première cible. Dans l’indifférence générale

L’article que je propose ici peut légitimement susciter l’effroi. Je ne suis pas un catastrophiste, mais ce que les auteurs affirment est difficilement contestable. Ce sont des faits, face auxquels la léthargie de la politique italienne et européenne, ou pire encore l’adhésion à certaines tendances belliqueuses. est incompréhensible, pour ne pas dire insensée

AMV


Avec, d’un côté, la Russie qui est déterminée à éloigner militairement l’OTAN de l’Ukraine en assumant une position très forte dans le domaine de la dissuasion nucléaire et, de l’autre, le monde anglo-saxon et ses satellites, déterminés à ne pas abandonner une région clé, comme l’Ukraine, dans le Grand Jeu séculaire – basé sur les théories de Mackinder qui voient la terre, identifiée en Eurasie, par opposition à la mer, à laquelle le monde anglo-saxon est voué par la géographie – le danger actuel d’une expansion des hostilités vers l’Europe prend des connotations crédibles et réelles.

Si l’on considère la géographie de l’Europe, on pense immédiatement au rôle absolument particulier et stratégique du porte-avions allongé en Méditerranée que représente l’Italie, avec ses huit mille kilomètres de côtes déchiquetées idéales pour abriter tout type d’armement aquatique et sous-marin et les infrastructures correspondantes. Et pour cause : les puissances thalassocratiques, vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, disposent depuis lors de plus de 120 bases et installations militaires sur la péninsule, y compris des armes nucléaires stratégiques.

(Mise à jour, 29/3/2022)
  • Nous nous contenterons ici de mentionner la plus importante d’entre elles : la base d’Aviano, dans le Frioul, qui accueille des flottes de chasseurs-bombardiers américains accrédités avec un stock – pour autant que l’on sache – de cinquante ogives nucléaires qu’ils peuvent transporter. A partir de mai 2022, ces dispositifs seront disponibles dans une nouvelle version avec une capacité de destruction accrue et la possibilité d’être lancés à distance des cibles. Il s’agit de la plus grande base aérienne américaine en Méditerranée, dont les responsabilités s’étendent loin à l’est.
  • Près de Brescia se trouve Ghedi, avec un dépôt de bombes nucléaires légèrement plus petit qu’Aviano (plus de quarante, dit-on) et un important déploiement de F-35 et de Tornados ayant la même mission de pénétrer profondément en territoire ennemi.
  • Le plus grand arsenal d’Europe, composé d’armes, de bombes, de missiles et d’énormes quantités d’explosifs, se trouve à Camp Darby, près de Pise ; il y a de quoi équiper une brigade blindée et a été la source logistique offensive de la guerre de 1999 en Yougoslavie.
  • La Sixième flotte américaine est ancrée à Gaeta, avec un commandement opérationnel à Naples, et on parle de quarante navires, tandis que la ville de Vicence abrite la 173e division aéroportée américaine, avec cinq mille hommes en attente.
  • La Sicile revêt une importance encore plus grande : Sigonella, dans la province de Catane, est la principale base terrestre américaine en Méditerranée, d’où partent les drones pour les relevés dans le ciel ukrainien et les avions radar géants Awacs, mais Sigonella se distingue également par le fait qu’elle est l’une des cinq stations satellites dans le monde (appelées JTAGS) du réseau antimissile, également destiné à mener des opérations militaires à proximité des zones de conflit.
  • À une cinquantaine de kilomètres de là, dans la province de Caltanissetta, à Niscemi, a été installé il y a quelques années l’un des quatre systèmes de communication par satellite, appelé MUOS, qui constitue la structure globale d’un réseau unique de commandement, de contrôle et de communication entre les composantes de la machine de guerre américaine. Et Niscemi est directement relié à un autre pôle similaire, en Virginie, par fibre optique.

Arrêtons-nous ici et mettons en place un scénario possible : celui d’un pays de l’OTAN se retrouvant malencontreusement impliqué dans la guerre Ukraine-Russie. En vertu de l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord, l’ensemble de l’OTAN devrait entrer dans une guerre unie contre la Russie. L’affrontement pourrait toutefois prendre soudainement des connotations extrêmes : la doctrine nucléaire américaine actuelle envisage en effet une première frappe de destruction préventive maximale avec utilisation de missiles balistiques contre l’arsenal nucléaire russe et ses infrastructures. En tout cas, il est clair que l’Italie est instrumentalisée par les USA comme porte-avions dans une fonction éminemment anti-russe et que sa souveraineté n’est qu’apparente. Puisque l’ensemble des bases et des infrastructures correspondantes sont de toute façon connues des Russes, il est évident que ces derniers, à quelques minutes d’une première frappe potentielle, pour éviter leur propre destruction, seront en fait obligés de frapper au moins les bases les plus importantes avec une arme nucléaire dont on peut penser qu’elle est déjà dirigée vers la cible spécifique.

Il est consternant de constater l’absence de prise de conscience de la part des Italiens, et en particulier de tous les partis politiques, y compris l’opposition autoproclamée, de la menace de destruction physique totale du pays.

Les analystes s’accordent à dire qu’il existe un risque quotidien que l’affrontement dégénère rapidement en une confrontation nucléaire catastrophique, ce dont Biden a ouvertement menacé, comme le rapporte le Wall Street Journal le 25 mars. À la lumière de cette perspective effrayante, les actions de ceux qui visent, par la fourniture d’armes et de moyens, à prolonger et à exacerber la guerre en augmentant les tensions et le danger nucléaire corrélatif, sont d’autant plus terrifiantes.

Enfin, il faut considérer la position des Etats-Unis qui, sortis indemnes de deux guerres mondiales, sont confiants que même une éventuelle confrontation nucléaire, même massive, peut être déchargée en grande partie loin de leur territoire, sacrifiant, une fois de plus, la seule Europe.

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