ou plutôt une version américaine, nous dit cet article de Life Site News. Une rencontre « secrète », en tout cas non couverte par les médias, a eu lieu ces jours-ci à Chicago entre les prélats les plus libéraux de l’Eglise des Etats-Unis, sous le patronage du très progressiste National Catholic Reporter, pour discuter du chemin que devrait emprunter l’Eglise (avec la promesse de renouveler la rencontre à un rythme annuel ou bisannuel). Il s’agirait de « comprendre l’opposition à François » dans une clé anti-Vatican II. On craint le pire…

Le clergé libéral et d’éminents catholiques américains tiennent une réunion à huis clos pour élaborer une stratégie contre « l’opposition » de François


Le cardinal Cupich célébrant la messe du 25 mars, avec d’autres participants à la conférence, dont le nonce Christophe Pierre et le cardinal Tobin.

Michel Haynes, 30 mars 2022
www.lifesitenews.com/news/influential-us-cardinals-papal-nuncio-hold-secretive-meeting-about-opposition-to-pope-francis-vatican-ii/

Un groupe restreint de hauts prélats américains, ainsi que le nonce apostolique et des responsables de la curie vaticane, se sont récemment réunis en secret à Chicago pour « comprendre l’esprit de ce qu’ils appellent ‘l’opposition’ au pape François » et promouvoir l’idéologie de Vatican II.

Les 25 et 26 mars, tandis que le pape François présidait l’acte de consécration de la Russie et de l’Ukraine, une conférence intitulée Pope Francis, Vatican II, and the Way Forward se tenait à l’université Loyola de Chicago.

Organisée par le Boisi Center for Religion and American Public Life du Boston College, ainsi que par le Hank Center for the Catholic Intellectual Heritage de l’université Loyola de Chicago et le Center on Religion and Culture de Fordham [célèbre université privée de New York, gérée par les jésuites], la conférence s’est déroulée presque entièrement hors du radar des médias.

Le 25 mars, The Torch [le journal officiel rédigé par les étudiants de l’Université St. John’s, à New York] a révélé que l’événement était une initiative du père Mark Massa, SJ, directeur du Boisi Center, et de Michael Sean Winters, rédacteur en chef du National Catholic Reporter [très progressiste: à ne pas confondre avec le presque homonyme National Catholic Register] .

La conférence était présentée comme une occasion pour les théologiens et les ecclésiastiques de se rencontrer et de discuter, sur le modèle de Common Ground, l’événement initié en 1996 par le cardinal Joseph Bernardin, connu pour sa promotion de l’œcuménisme et ses présumées tendances homosexuelles.

Le père Massa a dit à The Torch que les participants avaient été invités de manière sélective. Étaient également présents des membres des médias catholiques et des « évêques centristes disposés à la confrontation ».

Parmi les participants figuraient un certain nombre de prélats de haut rang, dont deux membres du Conseil des cardinaux et donc conseillers du pape François : le cardinal Sean O’Malley et le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga. Il y avait également le nonce apostolique aux États-Unis, Mgr Christophe Pierre, et l’éminente religieuse vaticane Sœur Nathalie Becquart, qui joue un rôle clé dans le synode sur la synodalité.

Le cardinal Blaise Cupich de Chicago était également présent, ainsi que le cardinal Joseph Tobin, les archevêques Mitchell Rozanski, John Wester, Charles Thompson et Roberto González Nieves, et aussi l’archevêque Héctor Miguel Cabrejos Vidarte, président de la Conférence épiscopale d’Amérique latine.

JD Flynn, du Pillar [The Pillar média catholique américain conservateur] a noté que plusieurs journalistes du National Catholic Reporter étaient présents, ainsi que le « théologien libéral » Massimo Faggioli et Thérèse Lysaught, membre de l’Académie pontificale pour la vie et promotrice des vaccins anti-Covid contaminés par l’avortement.

Outre le secret, les règles de Chatham House [Le RIIA, Royal Institute of International Affairs, thinktank basé à Londres, plus connu sous le nom de Chatham House, l’équivalent britannique du célèbre Council on Foreign Relations américain] étaient en vigueur pendant la réunion, règles selon lesquelles, comme l’a rappelé le père Massa, « on peut citer des propos tenus mais sans les attribuer à quelqu’un en particulier ».

S’adressant à The Torch, Massa a révélé que l’objectif de la conférence était de relier l’ « opposition » au pape François à l’opposition au Concile Vatican II:

« Nous voulons montrer que l’opposition au pape François, pas universellement, mais dans une large mesure, est une opposition à Vatican II. François essaie d’encaisser le chèque que Vatican II a émis : la synodalité était la chose la plus importante. »

Faisant l’éloge du thème de la synodalité, Massa a affirmé que le but et le sens de la synodalité sont une réorientation localisée de l’Église, dans laquelle « chaque Église nationale, chaque groupe de diocèses, devrait avoir un synode pour parler des choses locales en dialogue les uns avec les autres ». Et cela « éliminerait le processus de recours à Rome« .

S’adressant au National Catholic Reporter après la conférence, le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, au centre de scandales, a apporté un éclairage supplémentaire sur la rencontre, affirmant qu’elle avait été organisée pour « comprendre l’esprit de ce qu’ils appellent ‘opposition' ».

« Nous avons ce qu’ils appellent une ‘opposition’ au pape », a dit Maradiaga. « Ils essaient de construire des murs, de revenir en arrière, de regarder l’ancienne liturgie ou peut-être les choses d’avant Vatican II ».

Maradiaga a déploré que « Vatican II soit inconnu de beaucoup de jeunes générations », ajoutant qu' »il est nécessaire de revenir en arrière et de voir que toutes les réformes du pape François sont enracinées dans Vatican II. »

Parmi les titres des communications présentées lors de la conférence, citons « L’opposition à François, enracinée dans l’abandon de Vatican II comme source de renouveau » par Faggioli ; « Récupérer la tradition morale et intellectuelle des guerres culturelles » par Lysaught ; « Argent, médias et réseaux s’opposant au pape François » par le père Massa ; et « Idées pastorales et théologiques pour une collégialité affective avec le pape François et la réception de Vatican II » par le théologien Hosffman Ospino du Boston College.

Selon le père Massa, la rencontre de Chicago ne sera pas un événement isolé, mais devrait devenir « annuelle ou semestrielle » afin que « les évêques et les théologiens puissent parler franchement entre eux ce choses importantes qui sont vraiment enterrées par la presse ».

L’objectif, a affirmé Massa, est de faire en sorte que l’Église catholique en Amérique « s’éloigne de ces guerres culturelles entre conservateurs et libéraux… vers une position unie, où l’on peut rassembler tout un éventail de positions tout en étant considéré comme de bons catholiques et sans être insulté par des personnes qui ne sont pas d’accord avec vous ».

Cet objectif semble être à l’origine de l’invitation faite aux évêques « centristes », ainsi qu’aux membres des médias connus pour leurs écarts par rapport à la tradition catholique.

LifeSiteNews a contacté l’archidiocèse de Chicago, l’archidiocèse de Boston et le Hank Center de l’université Loyola de Chicago, afin d’obtenir plus d’informations sur la conférence, ainsi que sur les raisons pour lesquelles les médias évitent en général d’en parler, mais jusqu’à présent nous n’avons reçu aucune réponse.

C’est Faggioli qui a mis en évidence l’importance et l’objectif prévu de l’évènement en tweetant le jour de l’ouverture de la conférence : « Journées intéressantes aujourd’hui et demain pour l’Église catholique aux États-Unis », ajoutant plus tard qu’il se sentait « honoré » de prendre la parole lors de « cette grande conférence ».

Certains catholiques ont comparé la conférence aux réunions de la mafia de Saint-Gall, le groupe clérical secret qui serait à l’origine de la démission surprise du pape Benoît XVI.

« Il semble que les États-Unis aient leur propre groupe de Saint-Gall », a écrit le diacre Nick Donnelly à ce sujet.

Share This