Le mainstream nous présente les « valeurs » de l’Occident comme un idéal qu’il faudrait défendre à tout prix. Mais ces « valeurs » sont l’exact inverse de ce qu’elles prétendent être, et sont honnies par les catholiques pour qui elles sont synonymes d’ « américanisation » dans ce que ce terme a de plus négatif. Or, il ne faut pas tout confondre, et, au risque de surprendre certains, de très bonnes choses peuvent venir des Etats-Unis, l’Europe ferait bien de les voir et de les adopter. « Cela ne constituerait pas du tout une ‘américanisation’, mais un engagement commun en faveur de la civilisation occidentale« . C’est ce qu’explique ici Giuseppe Nardi, jouant sur la nuance qu’introduit la langue allemande en utilisant deux mots différents pour désigner ce que nous appelons simplement « Occident ».

Il convient tout d’abord de rappeler, puisque le savoir ne va plus de soi, que l’ « Occident » (Western) désigne ce que l’on appelait il y a encore un demi-siècle Abendland (litt. « Terre du soir », ndt). D’autres langues ne font pas de distinction, mais c’est le cas de l’allemand. Cela permet de mettre en évidence le changement de paradigme qui se cache derrière le changement de mot qui s’est imposé dans la deuxième moitié du XXe siècle. L’Occident et l’Abenland ne sont pas la même chose, et encore moins du point de vue allemand, puisque l’Occident/Western s’opposait à la notion de « Mitteleuropa« , elle aussi largement tombée dans l’oubli, mais surtout, ils ne sont pas la même chose au niveau des valeurs.

De l’Ouest (Western) et de l’Occident (Abendland)

REMPLIR LE RÉCIPIENT AVEC LE BON CONTENU

Giuseppe Nardi
7 avril 2022
katholisches.info/2022/04/07/vom-westen-und-dem-abendland/

L’Occident en tant que havre de civilisation ne peut se concevoir sans la croix et l’Église. Peinture à l’huile de Karl Friedrich Schinkel (1805). Sur la tour encore inachevée flotte un drapeau avec l’aigle impériale du Saint Empire romain germanique.

Pensées de Giuseppe Nardi

En ce qui concerne la guerre en Ukraine, les dirigeants et les commentateurs parlent beaucoup de « valeurs occidentales » et de « valeurs européennes ». Dans une partie de la population, cela suscite des doutes et un malaise. De quelles « valeurs » parle-t-on ? Quelle est la crédibilité de ceux qui se réclament de ces « valeurs » mais qui, en même temps, enferment, répriment et mettent sous tutelle leur propre population depuis plus de deux ans – et qui, depuis peu, appellent même à la guerre ? Il ne faut toutefois pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Les « valeurs occidentales » qu’il s’agirait actuellement de défendre « à tout prix » – du moins verbalement – se révèlent, à y regarder de plus près, être l’exact contraire de ce qu’elles prétendent être.

Il convient tout d’abord de rappeler, puisque le savoir ne va plus de soi, que l’ « Occident » (Western) désigne ce que l’on appelait il y a encore un demi-siècle Abendland (litt. « Terre du soir »). D’autres langues ne font pas de distinction, mais c’est le cas de l’allemand. Cela permet de mettre en évidence le changement de paradigme qui se cache derrière le changement de mot qui s’est imposé dans la deuxième moitié du XXe siècle. L’Occident et l’Abenland ne sont pas la même chose, et encore moins du point de vue allemand, puisque l’Occident/Western s’opposait à la notion de « Mitteleuropa« , elle aussi largement tombée dans l’oubli, mais surtout, ils ne sont pas la même chose au niveau des valeurs.

Actuellement, il est plutôt rare de rencontrer un homme politique qui fasse preuve d’intégrité morale. L’occidentalisation, généralement perçue en Europe comme une « américanisation », a conduit au cours des dernières décennies à une coupe claire dans le profil d’exigences des chefs d’Etat. Mais il convient également de nuancer cette « américanisation ». Dans l’ensemble, on constate un déficit de terminologie précise. Il y a un manque de termes pour désigner précisément les évolutions, les phénomènes et les groupes d’acteurs actuels. Les détracteurs des mesures anti-Covid disproportionnées, absurdes ou arbitraires ont tour à tour qualifié leurs défenseurs de « fascistes » et de « communistes ». Que faire maintenant ? Cette impuissance conceptuelle est manifestement l’expression d’un sentiment d’impuissance.

L' »américanisation » signifie pour l’Europe une colonisation sous des signes négatifs. C’est pourquoi nous avons délibérément choisi de citer un homme politique américain comme exemple positif : Le gouverneur de Floride Ron DeSantis a signé une loi interdisant la propagande sur le gender et l’homosexualité dans les écoles primaires. C’est également DeSantis qui a nagé à contre-courant avec sa politique covid et qui a mis un frein aux petits et grands dictateurs du covid (qu’ils en soient les auteurs ou qu’ils ne soient que des resquilleurs). La Floride et la Suède constituent le groupe-témoin qui, avec leurs plus de 30 millions d’habitants, ont prouvé que les mesures anti-Covid indifférenciées telles que le lockdown, l’obligation de porter un masque, la discrimination entre 3G [« geimpft, getestete, gennesen »: vacciné, testé, rétabli], 2G ou 1G sont arbitraires et inutiles, car elles n’ont apporté aucun avantage visible par rapport à la Suède et à la Floride, mais ont en revanche causé de gros dégâts. C’est aussi la raison pour laquelle, au sujet du covid, on ne parle pas de la Floride dans les médias européens et que la Suède est dénigrée.

Le parti démocrate, les ONG de gauche et le géant américain Disney protestent contre la nouvelle loi interdisant la propagande sur le gender et l’homosexualité dans les écoles,

Disney demande l’abrogation de la loi parce que le groupe s’inscrit aujourd’hui dans le combat idéologique LGBTQ dont il se fait l’instrument. Disney inculque aujourd’hui la révolution du gender aux enfants pour qu’ils se comportent en conséquence une fois adultes, en tout cas qu’ils acceptent ses préceptes.

Il y a 25 ans déjà, les baptistes du Sud et le groupe de l’industrie du divertissement spécialisé dans les enfants s’étaient affrontés à cause de sa politique homophile. De plus en plus souvent, les dessins animés pour enfants intègrent des allusions à l’homosexualité et les transmettent de manière positive – et elles sont de plus en plus explicites. L’exemple le plus récent est le dessin animé Buzz Lightyear of Star Command : The Adventure Begins [en français: « Buzz l’éclair », sortie prévue le 1er juin] avec un baiser gay. Pour le groupe, désamorcer les accusations d’ « homophobie » est plus important que le bien des enfants. Le film d’animation sortira probablement dans les cinémas allemands le 1er juin. La seule chose qui ne semble pas claire pour le moment est de savoir s’il sera interdit aux moins de 0 ans ou aux moins de 6 ans. Disney, qui était autrefois un producteur sûr de films pour enfants, corrompt aujourd’hui l’enfance.

Il existe cependant encore des personnes qui luttent pour le droit des parents à la liberté d’éducation et contre un endoctrinement idéologique permanent. Et cela se passe davantage aux États-Unis qu’en Europe. S’il est donc vrai que les évolutions négatives en Europe sont perçues comme une « américanisation » parce qu’elles sont reprises de là-bas, il est également vrai qu’aux États-Unis, le combat culturel entre la civilisation chrétienne et une dégénérescence hostile à la vie n’est pas tranché. Le gouverneur DeSantis en est la preuve. Dans une Europe souvent paralysée et figée, la situation est pire.

Il s’ensuit que l’Europe ferait bien de voir et d’adopter également les aspects positifs des États-Unis. Cela ne constituerait pas du tout une « américanisation », mais un engagement commun en faveur de la civilisation occidentale. Il existe de nombreuses cultures, mais il n’y a qu’une seule véritable civilisation, la civilisation chrétienne. Les bonnes idées pour la diffusion de cette civilisation peuvent et doivent être reprises volontiers, comme cela a été le cas avec la Marche pour la vie, qui a eu lieu pour la première fois en 1974 aux États-Unis et qui est également organisée depuis 20 ans dans de nombreuses villes européennes.

L’idée d’un boycott du film Disney et de Disney en général devrait également être reprise. Pas un euro pour ceux qui veulent manipuler l’esprit des enfants.

L’Europe a besoin d’un « changement de paradigme » interne qui s’éloigne du pessimisme culturel corrosif. La proverbiale « ambiance de fin des temps » [Endzeitstimmung] peut être laissée en toute confiance aux impies. Pour les chrétiens, la fin des temps n’est pas liée au pessimisme, car ils savent qui sera vainqueur. Les chrétiens vivent depuis deux mille ans dans la fin des temps, ils en ont l’expérience. Le Christ est le vainqueur, celui qui en est conscient ne dispose pas seulement d’une toute autre perspective, mais agit à partir d’une force intérieure alimentée par le haut.

C’est aussi à partir de cette attitude qu’il faut reprendre la lutte pour l’Abendland, qui n’est en aucun cas perdue, bien que sa disparition ait été annoncée il y a cent ans déjà. Appelons aujourd’hui l’Abendland « Occident », mais remplissons cet Occident de ce qui constitue la civilisation qui, malgré toutes ses faiblesses, a transformé le monde entier en bien de manière si incroyable. Il suffit de penser aux conditions atroces qui régnaient jadis en Europe et en Amérique latine il y a 600 ans, en Afrique il y a 150 ans et … Les idéologues aveugles de tous bords, constamment indignés parce qu’ils sont prisonniers de leur vision tunnel à cause de leurs œillères, ont beau mettre en scène des cris et, dans le sillage d’une spirale destructrice, encore pire, personne ne veut revenir aux conditions préchrétiennes, pré-civilisationnelles et, oui, pré-européennes. L’honnêteté voudrait que l’on admette cela. On peut alors encore beaucoup s’améliorer ensemble, mais seulement si la base est solide et correcte, et cette base ne peut être que le christianisme. De même, le recours à un « héritage judéo-chrétien » sonne certes bien, surtout dans la bouche des Allemands, mais il n’est ni adapté ni utile du point de vue historique.

Dieu agit dans l’histoire. Il a choisi la voie de l’histoire du salut en se faisant homme à l’apogée de l’Empire romain. Il a fait de l’Occident le premier porteur de la civilisation. Il convient de reconnaître et d’accepter cette action mystérieuse de Dieu dans l’histoire. Cela préserve des dérives, y compris du racisme et aujourd’hui surtout de l’antiracisme raciste, tel qu’il est attisé par nos habituelles connaissances. La partie adverse n’est justement pas toute-puissante.

Une UE sans racines chrétiennes leur prépare le terrain. Ce n’est pas ce qu’avaient imaginé les pères fondateurs dans les années 50. Mais à l’époque déjà, ils ont dû faire face à des forces opposées puissantes. Il n’y avait pas seulement l’Union soviétique communiste et ses satellites, mais aussi les forces socialistes à l’Ouest, ainsi que des courants antichrétiens et hostiles à l’Église qui faisaient leur travail de destruction depuis le XVIIIe siècle. Ces forces sont devenues très puissantes grâce à l’argent. Ce n’est d’ailleurs pas une raison pour abolir l’argent, ce qui nous ramène à la juste mesure.

Le Christ a d’ailleurs averti, à propos de l’argent, que les riches ont plus de mal à entrer dans le royaume des cieux. Or, le royaume des cieux est le but final, le seul but vraiment important qu’un homme doit gagner dans sa vie.

L’UE, qui est passée du statut de projet bien accueilli à celui de projet décrié et qui semble être un moloch pour certains, n’est qu’un échafaudage. Ce sont les gens qui en font ce qu’elle est. Et ce sont des personnes qui peuvent changer cela et orienter le développement dans une meilleure direction. C’est possible.

Dimanche dernier, Viktor Orbán a remporté sa plus grande victoire électorale à ce jour, malgré les clameurs des parties intéressées en Occident. Cela ne plaît pas aux puissants de Bruxelles. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a exprimé sa désapprobation quant au comportement électoral des citoyens hongrois en annonçant immédiatement l’ouverture d’une procédure contre la Hongrie pour une prétendue « violation de l’Etat de droit » par la loi hongroise contre l’endoctrinement sexuel et l’idéologie du genre dans les écoles. La boucle est bouclée autour des fausses et des vraies valeurs, et l’arc s’étend de la Floride à la Hongrie.

L’intention de Von der Leyen avec cette procédure est d’exclure Budapest des fonds européens. La Hongrie doit payer, mais ne rien recevoir. En fermant le robinet de l’argent de manière discriminatoire, on veut mettre le pays du Danube à genoux. C’est la vengeance des mondialistes contre la volonté du peuple. Un chantage mesquin de la part de ceux qui proclament au monde entier les « valeurs européennes » et se posent en défenseurs de la démocratie, mais qui sont allergiques à la démocratie et aux véritables valeurs européennes au sein de l’UE.

Il est possible de changer cela.

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