En entendant à la radio (que j’écoutais distraitement en voiture) que le rachat de Twitter par celui qu’ils appellent désormais « l’homme le plus riche du monde » (c’est connu, les Français n’aiment pas les riches…) posait un grave problème pour la liberté d’expression parce que, tenez-vous bien, « le milliardaire » avait l’intention d’alléger les censures pesant sur le réseau social, j’ai cru que j’avais mal compris: mais non, et je ne suis apparemment pas la seule à avoir été stupéfaite. En réalité, c’est Trump qui a rendu cette censure nécessaire, et qui a ouvert la voie à celle pour le covid. Entre autres vérités dérangeantes. Et Musk ne fait que soulever un peu la soupape de la cocotte-minute. Réussira-t-il à inverser la tendance? On aimerait bien.

Silvano Trotta… bien sûr, un complotiste


Stefano Magni (La Bussola).

Elon Musk achète Twitter, pour la liberté d’expression

https://lanuovabq.it/it/elon-musk-compra-twitter-per-la-liberta-di-espressione

Elon Musk, un entrepreneur d’origine sud-africaine et canadienne, a racheté Twitter, en déclin depuis des années, au prix faramineux de 44 milliards de dollars. Sur la Toile, les VIP de gauche se rebellent. Pourquoi y a-t-il un risque de dictature informatique ? Au contraire : Musk promet plus de liberté. Et c’est ce que la gauche craint.

Elon Musk, entrepreneur d’origine sud-africaine et canadienne, a racheté Twitter, en déclin depuis des années, au prix faramineux de 44 milliards de dollars. Pour Jack Dorsey, cofondateur du réseau social, c’est le « bon choix ». Il y a peut-être un peu d’hypocrisie dans ces phrases, car la bataille pour l’achat a été longue et difficile. Mais à coup sûr, les politiciens, les célébrités et les influenceurs de gauche ne l’ont pas bien pris.

Carola Rackete [militante écologiste allemande, connue pour avoir  forcé le blocus italien en juin 2019, aux commandes du navire humanitaire Sea-Watch 3] pour commencer, très connue du public italien (sicilien en particulier), a déclaré sur Twitter qu’elle était « fatiguée de Twitter » et pensait à supprimer son profil, « surtout après le rachat par Elon Musk ». Amnesty International commente en deux mots l’achat du siècle : « Twitter Toxic ». Tel quel.

Il semblerait presque que l’achat de Twitter par Elon Musk soit la prémisse d’une dictature informatique. Mais c’est le contraire qui est vrai. Le milliardaire, propriétaire de Tesla et de Space X, et donc aussi du réseau Internet par satellite Starlink, a précisé que le rachat de Twitter vise à relancer la liberté d’expression. « J’ai investi dans Twitter parce que je crois en son potentiel en tant que plateforme de liberté d’expression dans le monde entier et je pense que la liberté d’expression est un impératif social dans une démocratie qui fonctionne ». Musk, expliquant plus avant ce qu’il entend par là, déclare : « Par ‘liberté d’expression’, j’entends simplement ce qui est conforme à la loi. Je suis contre la censure qui va au-delà de la loi. Si les gens veulent moins de liberté d’expression, ils demandent au gouvernement d’adopter des lois à cet effet. Par suite, aller au-delà de la loi est contraire à la volonté du peuple ». Pour être juste, c’est déjà un concept faible de la liberté d’expression (puisqu’il est fait pour dépendre de la majorité du moment), mais c’est quand même une affirmation de la légalité contre le pur arbitraire de ces années.

Le fait est que, pour la gauche culturelle d’aujourd’hui, il faut fermer la bouche des producteurs de contenu politiquement incorrect, quel qu’en soit le prix. Severgnini [journaliste et présentateur télé], par exemple, commente en ces termes: « Si la liberté d’expression signifie toutefois la liberté d’insulter, de diffamer, de menacer et de mentir (de manière anonyme, bien sûr), ou de subvertir la démocratie (comme Trump a tenté de le faire), alors Twitter ne nous intéresse plus, cher Elon Musk « . Remarque : l’insulte et la diffamation, les menaces et les fausses déclarations dans la presse sont déjà des crimes et sont poursuivis par la loi. La seule chose qui reste de ce raisonnement est de refuser le droit de parler à Donald Trump (qui, soit dit en passant, est maintenant un citoyen privé depuis plus d’un an), ou à toute personne qui lui ressemble, du « mauvais » côté. Bien qu’il ne nomme pas directement l’ancien président, le réalisateur Rob Reiner (Stand by Me, Quand Harry rencontre Sally, Code d’honneur) appelle également au maintien de la censure : « Maintenant qu’Elon Musk achète Twitter, une question se pose pour nous tous : va-t-il permettre à un criminel qui a utilisé cette plateforme pour mentir et diffuser de la désinformation afin d’essayer de renverser le gouvernement américain de revenir et de poursuivre son activité criminelle ? S’il le fait, comment pouvons-nous le combattre ? ».

Donald Trump a été banni à vie de Twitter et n’est que le dernier exemple en date d’autocensure : une censure voulue par le propriétaire lui-même, sans ordre de l’État. Pendant les années de l’administration républicaine, grâce à l’activité prolifique de Trump et à sa capacité à communiquer de manière concise, Twitter était entré dans le collimateur des journalistes et de la gauche du monde entier. « Comment a-t-il permis au président républicain, au magnat, de communiquer, d’envoyer ses messages, de reprendre des insultes, de répondre sèchement à d’autres chefs d’État, tout en restant impuni ? ». La manie du « fact checking indépendant » est née là : vérifier les affirmations de Trump et de ses partisans. La deuxième phase a commencé avec la pandémie. À ce moment-là, il a été jugé « inadmissible » qu’un réseau social diffuse des informations non conformes aux directives changeantes de l’OMS et du gouvernement. Enfin, un niveau d’autocensure encore plus explicite a été atteint lors de l’élection présidentielle de 2020. Twitter a bloqué le journal New York Post lorsque celui-ci a publié le scoop sur les emails de Hunter Biden, le fils du candidat démocrate.

Et ce n’est pas tout: il a également bloqué tous les utilisateurs qui ont relayé l’information. Y compris la Maison Blanche et d’autres sites institutionnels.

Twitter étant devenu plus « responsable », la liberté d’expression y a été restreinte. La campagne suivante, après Trump et après le Covid, avait déjà commencé : à l’occasion de la Journée de la Terre 2022 (Earth Day, le 22 avril dernier) Twitter a annoncé son intention d’interdire toutes les sources d’information « contraires au consensus scientifique » sur le changement climatique.

Elon Musk va-t-il inverser la tendance ? Il a certainement tout intérêt à le faire, au-delà de l’intention. Un intérêt économique : beaucoup d’utilisateurs de Twitter reviennent et l’envolée du cours de l’action prouve que c’est la bonne direction. Étant un  » intégriste de la liberté d’expression », il semble neutre sur toutes les grandes questions morales. Mais le peu qu’il dit révèle un courage remarquable pour aller à contre-courant. Musk, avec Tesla, est un important producteur de voitures électriques. Avec le projet Hyperloop, il vise à construire des trains si rapides qu’ils concurrenceront les avions. Mais il n’est pas un intégriste du changement climatique. Dans un discours prononcé lors de la conférence mondiale sur l’intelligence artificielle de 2019, il a déclaré : « La plupart des gens pensent que nous avons trop de gens sur la planète, mais en fait, c’est une vision obsolète. Le plus grand problème auquel le monde sera confronté dans 20 ans est l’effondrement de la population. Pas l’explosion. L’effondrement« . Il a donc, au minimum, l’intérêt que des personnes ayant des idées minoritaires puissentg s’exprimer librement.

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