L’article de Nico Spuntoni, dans « Il Giornale » (26 juin 2022) n’est pas récent et revient sur des faits qui le sont encore moins, dont certains ont été repris dans ces pages (ceux relatifs aux attaques venues d’Allemagne) et d’autres pas (la cérémonie organisée à l’occasion du 95e anniversaire, on retiendra l’hommage d’Edmund Stoiber) . Je ne l’ai traduit que pour dire que je n’oublie pas Benoît XVI, et surtout que sans lui, ce blog (qui continue cahin-caha malgré tout, trop souvent sans lui, hélas) n’existerait pas.

A propos d’Edmund, Stoiber, ceux qui me suivent depuis longtemps se souviennent peut-être qu’il avait été parmi les contributeurs du livre-hommage offert au Saint-Père en 2012 – et rassemblé par son secrétaire – pour ses 85 ans, « Des célébrités parlent du Pape« . Son texte d’alors, vraiment magnifique, est à relire ici: benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/des-celebrites-parlent-du-pape-ii

J’aime cette image, malgré le grand âge, elle transmet une impression de douceur et de sainteté qui le représente si bien.

L’épisode des larmes a été raconté de manière détaillée dans un article très émouvant de « Famille Chrétienne » (trouvé grâce à Belgicatho, merci à eux) que je ne peux m’empêcher de citer en entier. Voir Annexe:

Les larmes de Padre Georg. Crainte pour la santé de Ratzinger ?

Les photos de l’émotion de Mgr Georg Gänswein lors de son discours à Munich sont immédiatement devenues virales. 2022 n’a pas été une année facile pour le pape émérite.

Nico Spuntoni
« Il Giornale » (26 juin 2022)

Plus de neuf ans après la démission de Benoît XVI du ministère pétrinien, ceux qui ont vécu à ses côtés les jours qui ont séparé le Consistoire de la Declaratio du dernier adieu aux fidèles depuis le balcon du Palais apostolique de Castel Gandolfo n’ont cessé de s’en souvenir avec émotion. C’est le cas de Mgr Georg Gänswein, préfet de la maison pontificale et secrétaire personnel du pape émérite, qui n’a pu retenir ses larmes la semaine dernière en prononçant un discours de remerciements lors de la cérémonie pour le 95e anniversaire de Ratzinger organisée à Munich, dans la salle Hubertus du palais de Nymphenburg. « Je n’aurais pas pensé que le dernier bout de chemin entre le monastère et les portes du ciel où se tient Pierre pouvait être aussi long », a dit le prélat allemand [citant Benoît XVI, cf. annexe] devant un public silencieux, devant s’interrompre trois fois sous le coup de l’émotion avant de terminer sa phrase.

La cérémonie, organisée par l’Institut Joseph Ratzinger de Ratisbonne, a été retransmise en direct par la chaîne de télévision américaine Ewtn et a eu un spectateur d’exception à l’intérieur des murs léonins : le pape émérite lui-même. Les images mêmes qui ont immortalisé les larmes de Gänswein sont rapidement devenues virales sur les canaux sociaux dédiés à Benoît XVI et ont fait craindre une aggravation de l’état de santé du pape émérite de 95 ans. En réalité, ceux qui ont eu la chance de le rencontrer récemment au monastère Mater Ecclesiae l’ont trouvé lucide et de bonne humeur, malgré les douleurs normales liées à la vieillesse.

L’année 2022 n’a pas été facile pour Joseph Ratzinger : une grande déception est en effet venue en janvier de son Allemagne natale après la publication du rapport sur la gestion des abus dans l’archidiocèse de Munich et Freising qui mettait en cause sa conduite en tant qu’archevêque pour des faits relatifs à 1980. Les accusations d’avoir couvert un prêtre pédophile, déjà rejetées dans un mémoire de défense de 82 pages envoyé au cabinet d’avocats qui a traité le dossier, l’ont convaincu de prendre la plume et d’écrire une lettre publique datée du 6 février dans laquelle il évoque la possibilité de se retrouver « très bientôt devant le juge ultime de la vie » et exprime sa gratitude au pape François pour la « confiance, le soutien et la prière » qui lui ont été personnellement exprimés. Ces derniers jours, la nouvelle est venue de Traunstein d’une plainte civile déposée par une victime de ce prêtre contre Ratzinger et son successeur à Munich, le cardinal Friedrich Wetter, 94 ans.

Il faut dire qu’avant même la publication du rapport en janvier, il avait déjà été précisé que dans le cas en cause, Ratzinger, alors archevêque, n’avait pas connaissance des violences commises par le religieux et n’avait de toute façon pas autorisé sa participation à des activités pastorales, mais seulement l’octroi d’un logement à Munich.

Malgré cela, le pape émérite a été critiqué par une partie de l’épiscopat allemand et notamment par le président de la Conférence épiscopale, Mgr Georg Bätzing et son prédécesseur, le cardinal Reinhard Marx.

Ce dernier, actuel patron à Munich comme archevêque , n’était pas présent à la cérémonie organisée au château de Nymphenburg, pour célébrer le 95e anniversaire. Outre Gänswein, il y avait par contre le nonce apostolique en Allemagne, Nikola Eterović, et l’ancien président du Land de Bavière, Edmund Stoiber qui a qualifié Ratzinger de « plus grande personnalité » qu’il ait rencontrée dans sa vie.

Annexe

Le secrétaire de Benoît XVI pleure en évoquant la santé du pape émérite

(www.famillechretienne.fr/38578/article/le-secretaire-de-benoit-xvi-pleure-en-evoquant-la-sante-du-pape-emerite)

La scène était particulièrement émouvante. Devant une foule réunie le 18 juin au château de Nymphenburg à Munich pour fêter le 95e anniversaire de Benoît XVI (né un 16 avril), son secrétaire particulier, l’archevêque Georg Gänswein, a prononcé un discours de quelques minutes. Au moment d’évoquer l’état de santé du pape émérite et quelques souvenirs marquants, le prélat n’a pu retenir ses larmes.

« Je n’aurais jamais cru que la dernière partie du chemin entre le Monastère Mater Ecclesiae et la porte du ciel de saint Pierre… [ le prélat, inclinant son visage, s’arrête plusieurs secondes et peine à cacher l’émotion qui le submerge… ] Et la porte du ciel de Saint Pierre serait si longue », murmure-t-il d’une voix chevrotante.

Et de poursuivre en sortant son mouchoir : « C’est ce que m’a confié Benoît XVI…. [ il s’arrête de nouveau un moment, avant de reprendre ] … Lorsque nous avons parlé du poids et de la détresse de la vieillesse et des critiques récurrentes à l’encontre de sa personne et de son action. C’était il y a quelques années. Même après sa démission, Benoît XVI a répondu de manière franche et convaincante aux questions et aux défis importants de l’époque, toujours à la lumière de l’Incarnation. Et cela était caractéristique chez lui. C’est là qu’il s’est senti interpellé. C’est une exigence qu’il a maîtrisée avec brio, bon gré mal gré, en faisant face à tous les assauts du monde jusqu’aux jours les plus récents. Le ministère pastoral suprême n’était pas seulement un fardeau pour lui, mais aussi une joie de l’âme. Et cette joie de l’âme, il l’a conservée – au-delà de toutes les détresses et déceptions. Elle est comme une lumière qui l’accompagne intérieurement. »

Puis les larmes le reprennent lorsqu’il évoque plus spécifiquement la santé faiblissante de Benoît XVI : « Entre temps, le pape émérite… [ l’archevêque tente tant bien que mal de retenir ses sanglots et laisse s’écouler quelques secondes de silence ] … est devenu un homme très âgé, physiquement fragile, mais dont l’esprit et le regard sont, Dieu merci, toujours aussi éveillés et brillants. Même si sa voix est de plus en plus faible et incompréhensible. Les dernières années ont eu raison de ses forces. Mais malgré ses forces déclinantes, il a conservé l’humble sérénité de son cœur. Comme elle se manifestait peut-être le plus clairement autrefois devant le monde entier dans les moments où il répondait aux questions des enfants, toujours de manière totalement libre et rafraîchissante. »

Il conclut en saluant l’humour et la douceur de cette figure papale qu’il connaît et admire particulièrement : « Son humour inaltérable, enveloppé de sa douceur personnelle qui a toujours été la marque de fabrique de sa personnalité, est également très présent. Il s’est réjoui comme un enfant lorsqu’il a été informé de la cérémonie d’aujourd’hui. Et il m’a demandé de vous envoyer à tous des bénédictions chaleureuses. »

Ce n’est pas la première fois que l’archevêque Georg Gansweïn se montre très ému en public. Déjà lors des funérailles du frère de Benoît XVI en 2020, il avait lu d’une voix tremblante la lettre que le pape émérite adressait à ce frère défunt.  [ndr: voir sur mon site L’adieu de Benoît XVI à son frère et Obsèques de Mgr Georg Ratzinger]

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