" Ad Orientem "


Le Père Jorge González Guadalix, notre curé d’une paroisse madrilène, raconte avec beaucoup d’émotion comment il a célébré sa première messe tourné vers le Seigneur. Un témoignage impressionnant (28/11/2016)

 


Voici le récit d’une première messe dite vers l’orient (*), dans une paroisse diocésaine de Madrid dont la patronne est la Bienheureuse María-Ana Mogas (1827-1886), une religieuse espagnole, née en Catalogne et morte dans la banlieue de Madrid, qui fonda l’ordre des Franciscaines Missionnaires de la Mère du Divin Pasteur et s’occupa plus particulièrement des enfants pauvres (on trouvera ici quelques images de la paroisse ici: lL’architecture ultramoderne de l’église peut laisser supposer qu’elle a été construite après la réforme liturgique de Vatican II!). Le célébrant en était le curé de cette paroisse, le P. Jorge González Guadalix dont nous connaissons le franc parler grâce à son blog intitulé «Profession : curé». Il nous raconte comment ce « retournement » a été reçu par ses paroissiens et par lui-même. Le récit d’un vécu qui impressionne.
Nota : les mots en gras correspondent à ceux soulignés par l’auteur dans le texte original.

(*) « Ad orientem », vers l’orient en latin: cf les recommandations du cardinal Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et les Saints Sacrements et en lien une de ses allocution récentes www.sacraliturgia.org


Carlota


Chronique de la première messe « ad orientem » dans la paroisse


P. Jorge González Guadalix
infocatolica.com/blog/cura
28/11/2016
Traduction de Carlota

* * *

Le jour où j’ai annoncé que nous allions commencer à avoir une messe hebdomadaire ad orientem dans la paroisse, nombreux sont ceux qui ont déposé des commentaires me demandant de leur raconter comment cela s’était passé. Eh bien, très heureux de leur faire parvenir des informations sur l’évènement.

Pour moi il y a eu une assistance plus que notable de fidèles. Prenons en compte qu’il s’’agissait de la première messe du dimanche, celle de 9h30, celle à laquelle ont l’habitude d’assister entre trente et quarante personnes. Hier, je n’exagère pas si je dis que nous étions aux alentours de cent présents, sinon plus. C'est-à-dire qu’il y avait de l’attente [d’y assister] et de l’envie [d’y être]. Sur la photo, on voit des trous. Normal. L’église peut contenir plus de trois cents fidèles assis.

Quand la célébration s’est terminée, il y a eu de nombreux fidèles qui se sont approchés pour remercier de la célébration et donner libre cours à leurs émotions. Tout au moins ceux qui se sont approchés pour donner leur avis, très contents de l’expérience, d’autant que 9h30, le dimanche, pour beaucoup c’est tôt.

J’ai recopié ci-dessous deux WhatsApp (ndt messages reçus sur téléphone portable) qui me sont arrivés le jour même du dimanche :

« Merci beaucoup pour l’Eucharistie si profonde. Cela a été vécu avec une grande intensité. On sent que le Christ est dans la messe »,

« Cela m’a beaucoup plu. Effectivement comme tu le disais, cela te centre plus vers la seule chose importante. Cela m’a transmis beaucoup d’émotion depuis que nous avons récité tous ensemble le credo en regardant l’autel. Je ne pense pas que quelqu’un puisse y mettre des obstacles. Et cela ne suppose pas un changement qui pourrait incommoder quelqu’un. Au contraire c’est plus authentique. Mon opinion est que tu devrais la maintenir après l’Avent ».

Et le célébrant, comment l’a-t-il vécu ? Avec beaucoup d’émotion, à tel point que je dois confesser que j’avais mal dormi la nuit d’avant. Pour moi cela a été comme une messe nouvelle. En particulier l’offertoire et la consécration. [le P. JGG est né en 1955 et a été ordonné en 1979, pratiquant toujours le rite latin selon la forme dite ordinaire, il n’avait donc du jamais dire la messe ad orientem).

Ma sensation a été surtout de me sentir face à face avec le mystère de Dieu. Comme quand Moïse s’est trouvé face à face avec Dieu, et le peuple qui attendait. Tous devant Dieu et moi, le prêtre, le premier, avec le cœur serré alors que j’osais prononcer les paroles de la consécration. Comme dans un nuage enveloppant de mystère. Seul face à Dieu, mais avec une solitude assurée dans la présence et la participation des fidèles que ont ressenti la contagion de cette aura de mystère et de profondeur, et avec leur prière et le fait d’être là ils soulignaient et soutenaient mes suppliques.

Hier durant la messe, je crois que je me suis rendu compte très spécialement que je cessais d’être Jorge pour être un prêtre. Seulement cela, un prêtre du Christ. Impressionnant.

Prier au nom de tous. L’offrir au nom de tous. Être en Dieu. J’ai senti, parce qu’on le perçoit, bien qu’on ne le voit pas, ou peut-être précisément pour cela, un silence profond, rempli de foi, participatif, parce que la grande participation hier dans l’Eucharistie n’a pas été de faire de petites choses, d’inventer des gestes ou de lâcher un petit mot qui fait rire. Participer c’est entrer dans la célébration. Hier personne n’était en dehors. Et cela se perçoit dans les répons, cela se note, ne me demandez pas exactement comment, mais cela se note.

Ma valorisation finale? Que la messe d’hier a été une grâce de Dieu. Il y avait des adultes et aussi quelques jeunes. Personne n’est resté indifférent. Nous continuerons, avec la grâce de Dieu. (*)

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NDT
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(*) J’ai eu la chance d’avoir déjà entendu des témoignages du même genre (sans parler de mes sentiments propres) de la part de nombreux jeunes et moins jeunes découvrant la messe en rite latin forme extraordinaire (ou dite "extraordinaire", par rapport à ce qui se fait depuis la réforme liturgique de Vatican II). J’aurais donc tendance à dire, avec présomption, mêmes causes, mêmes conséquences, et toujours avec la grâce de Dieu. Un grand merci au P. Jorge González Guadalix pour la sincérité et la force de ses mots. J’aimerais qu’il serve à beaucoup et pour le plus grand bien de tous.