Attentat de Nice


Une analyse italienne: les contradictions de l'Occident font de l'homme occidental son propre (et principal) ennemi (17/7/2016)

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Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, il est parfois intéressant de connaître les réactions sur ce qui se passe chez nous au-delà de nos frontières. Déjà parce que, n'étant pas polluées par le débat politique interne mesquin, elles permettent d'avoir un regard différent, souvent même neuf.
Le très bon blog Campari & de Maistre a consacré deux billets aux évènements tragiques de Nice.

Voici l'un des deux: il souligne combien les contradictions de cet Occident qui a renié ses racines chrétiennes sont un piège lui rendant presque impossible de lutter réellement contre le terrorisme, et font de nous-mêmes notre principal ennemi.

Oui, nous sommes en guerre. Avec nous-mêmes


www.campariedemaistre.com
Giuliano Guzzo
16 juillet
Ma traduction

* * *

Le massacre de Nice, avec ses quatre-vingt-quatre victimes, les innombrables blessés et le responsable de cet enfer, le franco-tunisien (cette double nationalité n'est pas établie, ndt) Mohamed Lahouaiej Bouhlel, est une preuve supplémentaire - comme beaucoup l'ont noté - que le monde occidental aujourd'hui est en guerre. Une guerre qui a commencé il y a plus d'une décennie avec des caractéristiques à la fois uniques et dévastatrices, animé par une haine planétaire, mais menée avec des attaques apparemment disjointes les unes des autres - «un nouveau conflit mondial, mais en morceaux», a dit le Pape François - qui, en quelques années, a coûté à la seule France près de deux cent cinquante morts; mais il s'agit surtout, ajouterai-je, d'une guerre que nous sommes menons inconsciemment contre nous-mêmes.

En effet, si d'un côté il est impossible de ne pas percevoir comme matrice unique des massacres de ces dernières années, à la seule exception de Breivik, le filon djihadiste, de l'autre, le conflit intérieur du monde occidental avec lui-même, dont les symptômes sont sous les yeux de tous, est tout aussi évident: nous condamnons tous les actes de terrorisme, mais nous sommes infiniment timorés pour parler de djihadisme; nous nions le lien entre le terrorisme et l'immigration, bien que les caractéristiques physiques des auteurs des agressions soient tout sauf d'européens traditionnels; nous ridiculisons nos racines chrétiennes, mais après, nous courons commémorer les victimes de la terreur avec de ridicules prières sociales - #prayfor - adressées à on ne sait quel Dieu; nous déclarons la guerre au terrorisme, mais nous frétillons à la cour des pays qui le promeuvent, de l'Arabie Saoudite au Qatar. Un exemple frappant à cet égard est celui de madame Hillary Clinton, accourue comme beaucoup d'autres pour condamner l'horreur de Nice, oubliant que sa fondation familiale, a depuis 2001 accepté des financements astronomiques, estimés à près de 2 milliards de dollars, par les gouvernements d'Arabie Saoudite, du Qatar, du Koweït et d'Oman, qui ne peuvent certes pas être comptés - c'est le moins que l'on puisse dire -, parmi les pays démocratiques et respectueux des droits civils et même parmi ceux sur la ligne de front contre le terrorisme.
Nombreux, trop nombreux sont les exemples d'un Occident qui perd la guerre contre l'islamisme parce que paralysé par ses contradictions au point d'être même incapable, aujourd'hui, de lire la réalité dans son évidence flagrante.

La preuve en est donnée, entre autre, par l'insistance journalistique sur le fait que Mohamed Bouhlel Lahouaiej était en train de divorcer, et qu'il était déprimé; pourtant, l'Europe est pleine de pères divorcés et déprimés: comment se fait-il qu'à ce jour, il ne soit venu à l'idée de personne de se procurer un camion et de faire un massacre? Il est tout aussi ridicule de continuer à insister sur le fait que l'attentat de Nice n'a pas été revendiqué, oubliant non seulement que même les attaques contre les États-Unis du 11 Septembre ne le furent pas, mais que la dynamique du massacre, en fait un homicide-suicide, et sa conclusion, avec les papiers du tueur dans l'habitacle, représentent un film déjà vu avec les djihadistes protagonistes des attentats de Paris, désireux d'être identifiés pour atteindre la gloire et la célébrite, pour ainsi dire, immédiatement après leur mort.

Soyons clairs: l'islam radical m'inquiète, et même il m'inquiète encore plus dès lors que, comme cela s'est passé à Nice, il réussit à activer des "loups solitaires" qui, en tant que tels, sont pratiquement impossibles à intercepter, à la fois parce qu'ils sont pratiquement dépourvus de relations, et par les armes qu'ils choisissent pour leurs attaques (que fait-on? met-on les camions hors-la-loi?). Pourtant, quand je lis des commentaires surréalistes visant à atténuer la gravité de ce qui est arrivé - le "T.I.R.-suicide" tweeté par Gad Lerner (ndt: journaliste italien, il fut le "modérateur" très partisan du fameux débat de 2000 entre Joseph Ratzinger et Florès d'Acaïs qui devait donner naissance à un livre intitulé "Est-ce que Dieu existe?") restera, à juste titre, dans les anthologies de la bêtise - et quand je repense aux contradictions culturelles de cet Occident et en particulier de cette Europe, qui pense s'en sortir à coups de craies de couleur, d'images et d'autres bricoles néohippies, je ne peux pas ne pas reconnaître, dans nos visages hébétés reflétés dans le miroir, notre premier ennemi.

Europe, réveille-toi et retrouve tes racines


www.campariedemaistre.com
Marco Muscillo
16 juillet
Ma traduction

* * *

Nous n'avions pas encore récupéré de l'attentat de Dacca (la capitale du Bengladesh), il y a une semaine, où sont morts dix de nos compatriotes, que la terreur a encore frappé, cette fois au cœur de l'Europe, dans cette France qui déjà à deux reprises avait donné sa contribution en termes de sang, avec les massacres de Charlie Hebdo et du Bataclan.

La terreur islamiste a à nouveau frappé sur le front de mer de Nice, à deux pas de Vintimille, et en plein été, le 14 Juillet. Une date symbolique pour les Français, où ils commémorent la prise de la Bastille et le début de ce qui est connu dans l'histoire comme la Révolution française.

En lisant les différents articles qui commencent à circuler sur le Réseau et par les différents canaux d'information, nous pouvons trouver deux tendances d'opinion: ceux qui donnent la faute à l'islam en tant que tel, parce que, selon eux, c'est une religion de haine et d'incivilité et ceux qui, défendant l'épée à la main le principe de laïcité, reconnaissent la matrice fondamentaliste des attentats, mais n'arrivent pas à lui donner une connotation religieuse, ou ne parviennent pas à reconnaître qu'au sein de la religion islamique, il y a un courant de pensée fondamentaliste qui prend pied, grâce au financement de ces pays, comme l'Arabie saoudite et le Qatar, qui utilisent le terrorisme pour atteindre leurs objectifs politiques au Moyen-Orient et au-delà (et qui ont désormais monopolisé, grâce à leurs Imams, l'enseignement de la tradition islamique sunnite dans les mosquées du monde entier).

De ce point de vue, ceux qui crient contre les «bâtards islamistes», arrivent, oui, bien qu'en généralisant, à comprendre les problèmes au sein du monde islamique, mais malheureusement n'ont rien d'autre à lui proposer que des valeurs comme «la liberté, la démocratie, l'égalité, la laïcité». Leur attitude «de croisade» est viciée par les valeurs qui sont nées de la Révolution française, et pas vraiment du christianisme.

Les deux attitudes, que ce soit celle anti-islamique ou celle anti-raciste et bien-pensante ('buonista'), sont donc les enfants de cette même Révolution française que les citoyens de Nice célébraient. Ce sont ces valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, entendues dans un sens absolu et sans compromis, qui ont conduit l'Europe à devenir ce qu'elle est: un continent sans identité, où la laïcité est transformée en athéisme, où le respect (et donc la reconnaissance de l'égalité des droits) pour les autres cultures et religions est devenu un moyen d'effacer ses racines chrétiennes. Dans le même temps, tout cela conduit à un court-circuit au sein de ces mêmes principes démocratiques et laïcistes, dans la mesure où le respect absolu de la culture de l'autre conduit à accepter des comportements qui sont manifestement contraires aux droits fondamentaux reconnus par les constitutions démocratiques.

En outre, l'absence d'une identité culturelle et religieuse définie conduit à commettre ces erreurs de politique étrangère et internationale, qui, comme beaucoup l'ont souligné, sont elles aussi à la base des différents attentats que le monde occidental a subis ces dernières années. La France elle-même, était l'un des pays qui a le plus utilisé et fomenté le djihadisme interne pour envoyer des «rebelles» en Syrie dans le but de déstabiliser la région du Moyen-Orient afin de renverser le gouvernement légitime de la Syrie. Tout cela a été fait au mépris total de la population chrétienne de Maaloula et de toutes les autres villes où la coexistence entre les différentes religions et cultures durait depuis des siècles, dans une laïcité pleine et authentique, parce que leurs identités avaient des racines solides, qui ont permis aux différences de vivre ensemble et de prospérer.

Nous ne pouvons pas continuer à lutter contre le terrorisme avec de belles paroles de circonstance, avec des processions aux flambeaux et des craies de couleur, en continuant à avoir une attitude ambiguë, soutenant les terroristes quand cela convient, et nous contenter de pleurernos morts. Une guerre a besoin avant tout d'une motivation: on doit comprendre qui défendre et pour quoi se battre, et en même temps savoir distinguer les ennemis des amis. Pour cela,nous devons d'abord comprendre qui nous sommes et quelles sont nos racines. Ce processus ne peut pas ne pas passer par la redécouverte du christianisme.

Nous avons commencé cet article en rappelant le massacre de Dacca, qui a eu lieu il y a une semaine. Eh bien, il nous est resté de cet attentat une chose en particulier: les terroristes appellent les occidentaux «croisés». Ces gens qui sont morts n'étaient pas des soldats, ils n'étaient pas des catholiques intégristes, peut-être que la plupart d'entre eux ne croyaient même pas en l'existence de Dieu. Et pourtant, ils sont morts parce que «croisés», autrefois, on les aurait appelés «martyrs», morts en défenseurs d'une foi qui en plus d'être religion, est aussi histoire et fait donc partie de nous par nature: nous sommes nés chrétiens, et on ne peut rien y changer.